31 décembre 2005

J’achète donc je suis

Ayé, Noël c’est bouclé ! Je commence à avoir suffisamment de recul à présent pour pouvoir établir quelques aperçus top délires de l’être humain consommateur alpha.

D’abord, il y a celui qui ne nous regarde pas mais fonce droit au-devant de notre stand pour demander sans lever les yeux, si on vend des maquettes. Alors on suppose qu’il a réussi a appréhender l’essence même de notre existence d’un regard diagonalisant, à la sauvette et nous a rangé dans le tiroir – correct – mais pas suffisant des vendeurs de jeux et de jouets. Non madame, pas de maquettes, nous sommes… et hop la dame n’aura pas plus de précisions, elle s’est accrochée au tourniquet des passants et disparaît dans la foule.

Nous avions gentiment structuré notre stand en deux parties : les jeux à deux d'un côté, de l'autre les jeux de communication pour jouer à plus donc. Moult formes et couleurs, moult matières et accessoires réunis dans une douce et néanmoins pétillante harmonie, parce que certains brillent d’autres pas, certains sont 80s Style d’autres fifties, avec des fiches de présentation pour chacun des jeux et leurs prix.

Un couple s’approche, un garçon et une fille, ils lisent nos fiches et affiches où nous étalons orgueilleusement notre savoir faire en tant que créateurs et éditeurs, ils s’étonnent, se renseignent sur qui nous sommes vraiment, comprenant que les jeux exposés ne sont pas connus de la masse et qu’ils ne les trouveront pas en hypermégamarchés de si tôt. Bien ! Une partie de communication s’entame, les balles se renvoient, on parle pour dire des choses plus intéressantes les unes que les autres. Haaa, oooh c’est passionnant votre métier s’extasient-ils, voulant savoir qui fait quoi, voulant connaître comment l’idée de créer des jeux nous est monté au cerveau, quelles sont les contraintes de fabrication etc etc. Venant l’heure de se pencher sur les boîtes juste sous leurs nez, et là, c’est le drame. « Mais je connais ce jeeeeu, on l’a à la maison, je l’ai eu il y a quelques mois à mon anniversairrrrre ! »
Devant l’air épouvanté du monsieur, je me suis dit, merde il a trouvé que c’était une daube ou bien il s’est blessé avec l’angle d’une carte carrée, et va nous traîner en justice parce qu’il a reçu un jeu pourri.
« Je croyais que vous n’étiez pas connus, mais en fait vous êtes vendus en boutiques ! » Damned. Euh oui, c’est à dire que pour vivre de ce job palpitant il faut vendre un peu aussi entre deux éditions. Si si. On ne fait les marchés de Noël qu’à certaines périodes bien précises de l’année, si vous voyez ce que je veux dire. Il et elle repartent indignés.

L’autre version de ce couple est inversement proportionnelle à l’intérêt qu’on nous prête : alors donc vous vendez des jeux, vous n’avez pas le Monopoly ?


Sinon il y a aussi la personne à qui on explique comment la table est organisée en deux zones et qu’on laisse fouiller, retourner les boîtes, lire les instructions puis qui finit par demander « ça se joue comme un solitaire ? parce que je recherche un jeu pour moi toute seule » … mmh voilà, oui, ça se joue comme un solitaire mais à deux, c’est comme un puzzle mais à la place vous avez des pions et des cases. Voilà voilà.

Last but not least :
« Et dans les différentes boîtes ce sont différents jeux ? »
Hahaha c’est pas con tiens, on devrait faire ça, mettre le même jeu sous différents titres et changer le décor des boîtes, non vraiment pas con comme concept ! Pourquoi je me fais chier, on se demande, HEIN ?

On rigole bien quand même.
To be continued…

22 décembre 2005

Jeux d'adultes



Mon concentré de boîte est sorti indemne de la tornade de Noël. Un peu trop tôt pour faire le bilan, juste une pause pour poser un regard : nous nous sommes donnés cette année. Physiquement démultipliés, partout sur tous les fronts dans tous les rades un peu classes, tous les jours même de pluie, à toutes les heures même le matin, MEME LE MATIN.
J’ai parlé expliqué énervé démontré joué raconté argumenté bataillé vendu nos joujoux mais pas mon âme - quoique s'il y a de la thune à faire c'était le moment, hahahahaaaaaaa ; venez les petits enfants avec le porte-monnaie de môman.
Bref, aucun enfant n'a subi de pression commerciale insoutenable et on m’a demandée, souri, écoutée, emmerdée, dérangée, appréciée… enfin pas moi, pas tout à fait moi. Mais je crois quand même que derrière nos pions, les gens nous aiment bien et des fois ça m'arrange bien aussi. Ils ont l'air amusés autant que surpris de notre taf étrange, de nos multiples casquettes, limites schizophrénisantes. Il est trop tôt pour faire le bilan, pourtant je suis déjà contente, on donne un tour de pédale, et on arrive sur un openfield de possibilités de bidules de machins de choses à tripatouiller, à roder, de trucs à corriger, on va redresser, on va re-stresser, encore, encore, ENCORE, une fois de plus, de mieux en mieux, mieux assis, plus d’idées, plus de moyens, plus sûrs de nous, plus morts de trouille.
J’appuie sur le starter, je remonte mon col et je vais voir ailleurs, plus loin, dans la friche d'à côté qui me fait de l’œil.