24 novembre 2005

Dé con pression

Tout le monde dort dans mon cerveau. Depuis quelques semaines. Tous les jours je me demande quand je vais pouvoir les réveiller pour une partouze cérébrale. L’intérêt avec les histoires mentales, c’est qu’on n’a pas besoin de cave moyenâgeuse ou de loft indus rive gauche, ça coûte pas un rond, un claquement de doigt et du Saint Nicolas de Bourgueil à la limite. Il faut que je sois chaude un peu quand même, faut que mon capitaine de lune m’offre un de ses pics. Il faudrait aussi que ces putains de périodes pré-fêtes finissent, je ramasserai mon sourire momifié, mes pions et ma patience de baby-sitter. Où sont les parents du petit Pierre ? Il a bouffé un dé à 12 faces ; pour l’instant il a l’air content, mais à son âge s’il ne pigne pas c’est qu’il est content. On va pouvoir le lancer sur le plateau de jeu, il nous annoncera les points. Désolé msieur-dame, le matériel de vente abîmé doit être compensé, on va être obligé de garder votre hippo-glouton le temps de son transit. On a l’habitude. Pardon, on a la biture. Pfiou une boîte de Mon Chéri et je décolle.

23 novembre 2005

Dans la famille Plouf, je demande la fille


Sur le bord du spleen les yeux collés au screen, tant que je ne sombre, les pensées volent au-dessus des ombres… hum, n’empêche que j’en voyais gamine, des ombres, dans la pièce à musique ; elles ne me faisaient pas peur et je me croyais extralucide.
Je n’avais peur de rien, trois fois rien, quelques piqûres d’infirmière et autres araignées cachées dans des pulls oranges, par contre une peur panique d’être grande et de ressembler à une autre avec des mômes qui me pousseraient dans le bain des adultes, je pensais pouvoir toujours reculer, choisir de descendre du plongeoir ou courir plus vite, sauter par-dessus la faute, oublier ou retenir chaque mot, fixer chaque note à une bonne conduite et mes trouvailles à des lignes de vie. En fait on oublie les choses qu’on voulait garder et on garde celles qu’on voudrait jeter et puis on n’a qu’une ligne, enfin d’habitude.
Je ne sais pas si ça compte, mais j’ai trois fourches dans la paume gauche, comme si moi chanceuse que je suis, je pouvais suivre d’autres parcours à partir des trois carrefours étalés dans le temps, gravés dans ma peau. Je me demande quand même s’il me faudra faire demi-tour au bout des chemins.

Je descendais pianoter chaque fois que mes parents semblaient être sûrs de savoir quoi faire pour moi. Je m’en voulais de ne pas les vénérer, je m’en voulais de ne pas vouloir ressembler à ma mère, et de ne pas vouloir me marier avec mon père. J’aurais bien aimé les avoir comme idoles, même un peu ternes, même minuscules et me fier à eux d’une manière totale. Ils n’auraient eu qu’une auréole pour deux j’aurais emballé et pesé le tout avec enthousiasme, mais j’étais une gamine sans héros et très tôt j’ai préféré me ranger du côté du concret quand il s’agissait de mes vieux.

Il m’aurait fallu des maîtres plus vigilants, qui déjouent mes faux airs tranquilles. On aurait dû m’inculquer de force la reconnaissance envers mes aïeux, me l’enfoncer à coup de privations, de sévices ou de menaces… un peu comme le dieu que j’incarne pour mon chat lorsqu’il pleut ou lorsque la nourriture apparaît dans le frigo.
Je m’en serais remise à leurs choix, sans calcul. Ils seraient tombés de leur trône quand j’aurais eu 10 ans, ils m’auraient déçue à l’adolescence mortellement, je les aurais détestés grave.
Par contre j’ai su être respectueuse, cela trompait tout le monde et souvent même cela satisfait le monde, je bluffais vachement bien.

Depuis, je porte une sorte de culpabilité sur mes épaules vieillies, mais je me suis arrangée un planning à bons points, être un peu raisonnable en leur présence, un peu gentille, un peu aimante, un peu à l’écoute, un peu disponible, je coche des croix. Comme un devoir filial mêlé d’estime, et œuvrer pour le futur, lui donner un peu d’étoffe, redorer les souvenirs… ouais, faut pas déconner je les aime quand même.

La pièce à musique et ses fantômes sombres est devenue plus grise, elle colle un air poussiéreux aux moulures du plafond, et je regarde souvent dans la bonbonnière sur le piano combien d’années sont passées depuis mon enfance : trois réglisses et deux tagada.
Il y a quelques endroits où l’on peut prendre du temps, où l’on arrête quelques pensées, on les assouplit pour qu'elles arrivent jusqu'à d’autres sans trop de plis, assez brillantes pour faire luire nos yeux, en douceur avec un poil de spleen. Je connais des pièces, des fenêtres ouvertes où l’on compte jusqu'à 10 ans et demi, dans la cour des grands, avec les baisers de nos 15 ans, inspirés, puissants et éternels. Les galoches de l’enfer !

Mes parents sont toujours mes parents et moi je ne suis toujours qu’une espèce d’enfant attardée avec une CB qui marque des croix, qui fait ses devoirs à la dernière minute pour pouvoir dormir meilleur, parler mieux, respirer bien. On ne change pas, je crois qu’on possède un potentiel de défauts ou de qualités qu’on exploite ou qu’on gâche, on ne s’invente pas. Aujourd’hui je pense ça très fort mais j’ai 17 ans, je suis ingrate, capricieuse jamais satisfaite. Papa, maman arrêtez de m’aider, je ne pourrais jamais vous le rendre, bordel de merde !!!

04 novembre 2005

Novembre, le beau mois de novembre, il est frais, il est neuf, il est pas cher !


Je suis désolée, je ne suis pas responsable, je n'arrive pas à m'en débarrasser, il revient toujours.

Je peux pas laisser ça comme ça, il faut absolument que j’arrive à franchir ce mois d’octobre avant qu’on ne passe en décembre. On va faire comme si cette note était rebondissante, on va supposer que je parle de ponts, de bilans, de temps qui s’écoule.
N’empêche tiens, ça fait un peu peur, c’est quand même très étrange, si je ne touche à rien, ici, il reste exactement à l’endroit où je l’ai laissé, mon petit temps tout rond tout beau plein de puces. Je m’en rappelle de cette fin d’octobre, j’avais des idées fourmillantes, j’avais du courage dans les poches, j’en semais sur des cahiers sous mon oreiller, j’en cultivais même sur les bords du placoplâtre, c’était presque mieux que de la mousse ou du moisi, ça poussait haut, dense, avec des gros troncs et des lianes urticantes. On aurait dit que j’étais prête à poser la tapisserie, enfin plutôt des peaux de bêtes… Ben non, tout s’est envolé avec les citrouilles du carrosse, mon chat a bouffé les carnets de bal et les flamboyants étalons.
Il doit bien y avoir quelques rats rescapés, je devrais pouvoir leur atteler un héli-flop ou une soucoupe volante.
Si ça continue il va falloir que ça cesse. Ou bien je parle de William (j’espère ne pas arriver à cette extrémité).