21 décembre 2006

para-acetyl-amino-phenol

Le jeu d’aphonie
S’empale sur les flots
De ses sombres pensées

Malaxage
Opération
Régurgitation
Page anthropophage !
Hurlante elle s’enrage
Idiotement à
Naître d’Alfa…
Emiettage

Les trop bruyants reflets
S’emballent sur l’écho
Du feu enhardi

05 décembre 2006

Souvenir, souvenir


Hier, ou bien il y a un an, j’ai eu une anecdote. Je sais, ça ne se dit pas, mais c’était pour Planty il y a un an, 24 mois de cela. C’était même pas une histoire drôle, et puis aujourd’hui, hier, il y a un deux ans, c’est devenu, je le sais maintenant, le truc qu’elle voulait, là, une anecdote.

Donc hier, il y a un an, j’étais à Carrefour, le pays moins cher où on positive en payant en trois fois sans frais, et l’animatrice micro du magasin m’a tendu son instrument pour que je parle dedans. C’était pas ce qui était prévu, en fait pas grand chose avait été prévu, au départ juste moi et mon jeu, le jeu que je devais simplement présenter aux badauds, elle est finalement restée une heure, à tourner autour de moi avec son micro. J’ai même chanté. Je vous le jure. J'aurais aimé dire qu'il y en a qui s’en souviendront longtemps mais ce n'est sans doute pas le cas. Alors donc pendant une heure j’ai animé un jeu musical avec une surprise surprenante à la clé pour le vainqueur : le jeu de société que j'animais.

Au départ il a fallu recruter. On trouva rapidement 6 participants et leurs supporters. Le plus jeune joueur devait entamer la partie : ils étaient 3 plus jeunes. Alors comment on départage ? « Celui qu’a la plus longue» a crié un mec ; là, c’est sûr, j’allais vendre du frisson.

En cours de partie, j’ai changé les règles, truqué les questions, et j’ai fini par faire gagner mon chouchou. J’avais le pouvoir et c’est moi qui donnait le cadeau.

Pendant un court, court instant j'ai aimé entendre ma voix résonner partout dans le magasin.

Ma voix que je ne reconnaissais pas, qui disait vous aurez plus de chance au rayon poisson, qui disait vous pouvez rejouer aux hôtesses de caisse. Ca donne des putains de bonnes idées de s’entendre sur grand écran, des envies de déclarations, des offres très spéciales, des conseils utiles. Hep vous la ptite dame en vert votre moustachu plonge dans tous les décolletés qui passent : offrez-vous un Wonderbra, ils sont à moitié prix ! Des conseils inutiles : des lots de viande de boeuf se sont révélés avariés, pensez à acheter des rouleaux de papier toilette.

Pendant de longues, longues minutes j'ai détesté la starlette du bazar qui me cognait sans cesse le micro sur les dents.

Je me suis dit qu'avec un peu de chance le micro se souviendrait de mon rhume. Et je le regardais se cogner sur les dents de la blonde...

22 novembre 2006

Cogito ergo de seigle


Le jour d’après j’ai pensé que – parce que la distance entre deux neurones est très courte – je n’avais jamais le temps de penser correctement. Je réfléchis de travers souvent.
C’était donc avant-hier et tout était normal, c’est-à-dire un quotidien juste stressant avec des envies légèrement contrariées et pas mal de lessives en retard. Mais quand même, j’avalais cette pilule et je n’avais plus besoin de pleurer. Lorsqu’on ne pleure plus, on ne se mouche plus, la température baisse, le front se dégage et la nuit est moins lourde, le corps tout entier s’allège. Plus reposée que la veille, j’arrive cette fois à hier et je retrouve mon cahier sous une épaisse couche de poussière.Cette histoire de distance entre les neurones est un bon prétexte pour sortir ma loupe et m’ouvrir le crâne.Je réfléchis bancal, ça glisse sur le côté et ça finit par tomber.A chaque fois que quelque chose a foiré dans ma vie, c’est parce que je prenais trop de temps sur ce fil tendu entre mes deux neurones. Pas tout à fait engourdie dans ce hamac, jamais vraiment détendue, toujours prête à tomber, toujours en équilibre entre ce qu’il faut faire ou pas, entre ce que mon instinct me dicte ou bien ma raison. Jamais sûre de moi, pardon d’exister. Ma pauvre fille tu vas arrêter de brasser l’air de ton fromage blanc !

A force je suis restée emmêlée dans les fils, ballottée, le doigt en l’air, les deux autres sur l’anse de la tasse à café, regardant passer mes erreurs, puis ma déprime, puis mes erreurs, puis d’autres envies. Ouf !
Enfin la petite pilule glisse dans l’estomac, je me glisse hors du filet. Comme dirait ma mère les gens qui réussissent dans la vie n’ont pas le temps de s’apitoyer sur leur sort. Bref ils n’ont pas le temps de se vautrer dans le hamac tendu entre leurs deux neurones. Eux. Ma mère a une idée assez précise des gens qui réussissent.

Finalement la pensée correcte est celle que j’assumerai, peu importe la bonne réponse, il suffit qu’à un moment donné je crois détenir la vérité, aussi fugitive soit-elle, celle qui mobilise toute mon énergie, pour que je dure comme le lapin de la pub, plus longtemps, la tasse de café avalée, le filet de bave séché, la mouche recrachée. L’essentiel c’est de ne pas s’ennuyer dirait mon père. Je ne m’ennuie pas papa.

J’ai simplement envie que la chantilly de mon cerveau ne pénalise pas la business woman que je dois être aussi. Parce que je ne vous ai pas dit, j’ai la mallette de cuir comme une cartouchière, j’ai mes problèmes et mes soucis financiers au fond du cœur, je flingue l’oreille attentive à coup de CA et de complaintes économiques, nos petits collègues partent fabriquer en Chine, oui ma bonne dame nous résistons parce que nous sommes un peu naïfs moins jeunes un chouïa utopistes, un peu cons sans doute, allez reviens j’aurais voulu être une artiste, je suis en solde tous les fins de mois, alors n’aies pas peur mon bon de commande est sélectif.

Petite pilule amère ou euphorisante, je fais un nœud là, vous voyez ? Le doigt dans la chantilly. Je fais une boule de tout ça et au panier mémère !

18 novembre 2006

Bon alors donc...

Retour en fanfare, Tyrane merci.

1)Attrapez le livre le plus proche, allez à la page 18 et écrivez la 4ème ligne
:
Prendre une retraite anticipée ne me déplairait pas.

2) Sans vérifier, quelle heure est-il ?
½ heure avant d’aller à une soirée de folie

3) Vérifiez :
Ah merde non, ¼ d’heure. Ptain j’suis à la bourre.

4) Que portez-vous ?
Mon jean et mes bottes fétiches

5) Avant de répondre à ce questionnaire, que regardiez-vous ?

Ma nouvelle page word.

6) Quel bruit entendez-vous à part celui de l'ordinateur ?
Les grenouilles de mon estomac. J’espère qu’il y aura mieux que des barres chocolatées et des chips.

7) Quand êtes-vous sortie la dernière fois, qu'avez-vous fait ?

Bon alors de 7h à 12h30 j’ai dans l’ordre, monté un stand, tenu le stand et démonté le stand.

8) Avez-vous rêvé cette nuit ?
Ouais y avait une blonde qui s’appelait Chris et je n’en dirai pas plus.

9) Quand avez-vous ri la dernière fois ?

Devant Kaamelott, tout à l’heure « je m’y connais pas vraiment en chien, mais votre chien il aurait pas comme un cousinage avec un furet ? »

10) Qu'y a t'il sur les murs de la pièce où vous êtes ?

Une moquette murale toute pourrie, en même temps, je suis dans un bureau tout moisi

11) Si vous deveniez multimillionnaire dans la nuit, quelle est la première chose que vous achèteriez ?
De quoi m'organiser une nuit, la première d'une longue série de nuits de multimillionnaire : bain à remous - champagne-repas léger en compagnie de Johnny Depp – Bidou en sus (aucune raison qu’il soit écarté de la fête) – room concert de Steeve Estatof et ses dernières compositions (private joke) - matelas à eau et friandises à portée de main. Voilà et puis dodo de multimillionnaire.

12) Quel est le dernier film que vous ayez vu ?

(C’est pas un film) THE WORK OF DIRECTOR MICHEL GONDRY

13) Avez-vous vu quelque chose d'étrange aujourd'hui ?
Une vieille qui vendait des oranges dans une sorte de poussette avec une peluche sur un coin du chariot et un vrai chien au milieu des oranges. On aurait dit « Sans famille ». Le chien dans le rôle du singe.

14) Que pensez-vous de ce questionnaire ?
J’en suis qu’à la 14ème question, l’espoir fait vivre.

15) Dites-nous quelque chose de vous que ne savons pas encore
:
Je suis quelqu'un de très sympa en vrai.

16) Quel serait le prénom de votre enfant si c'était une fille ?

Contamine, biens sûr !

17) Quel serait le prénom de votre enfant si c'était un garçon ?

J’aime pas les enfants garçons, je suis contre. (Terreur, à la limite)

18) Avez-vous déjà pensé à vivre à l'étranger ?

Presque

19) Que voudriez-vous que Dieu vous dise lorsque vous franchirez les portes du paradis ?

Ouais alors on a fini par t’avoir ! (il pourrait rajouter « saaaaaalope » avec un léger accent)

20) Si vous pouviez changer quelque chose dans le monde en dehors de la culpabilité et la politique, que changeriez-vous ?

Les poils. L’éradication des poils.

21) Aimez-vous danser ?

Mon body est fait pour la danse, je suis née pour cela, tu me verrais tu comprendrais baby.

22) Georges Bush ?

Double V est plus marrant.

23) Quelle est la dernière chose que vous ayez regardée à la télévision ?

la pub.

24) Quelles sont les 4 personnes qui doivent prendre le relais sur leur blog ?

Je ne crois pas que 4 personnes ayant des blogs me connaissent. Sinon qu’elles se dénoncent et les 4 premières auront cette chance indéniable de participer à cette expérience formidable.

...................................................................................................................................
Question subsidiaire
25) Pour répondre à Ari il y a quelques mois, environ douze :
3 - Mercure de Nathalie Nothomb
2 - Da Vinci Code de Dan Brown
1 - L'alchimiste de Paulo Coelho
(non, ce ne sont pas mes livres préférés)

15 septembre 2006

Savourer l'ombre et le thé à la menthe/2

Quand les ocres se fondent dans le plomb, les nuages fleurissent dans les flaques. C’est une vérité vraie aussi vraie que l’orage nous a fait économiser quelques degrés alors la vie peut repartir, les chats s’arrêtent à toutes les portes ouvertes, passent une moustache en mendiant piteusement et lentement les vautours reprennent leurs rondes.

Un peu de pluie tiède et tout s’ébranle sous nos godasses, les pierres d’oxyde de fer et de cuivre roulent avec leurs pigments, c’est Hassan l’artiste du désert qui les colle sur sa toile. Il peint des ancêtres dévoués au Ouali et à 300 ans d’autarcie que l’on dérange en deux jours. Même les nomades contournent leur minuscule oasis.
Le calme et les gamins des rues roses ont enveloppé leur pain de vache qui rit. Je ne m’étonne pas. C’est l’heure du goûter et nous goûtons aussi, de l’huile et de la confiture de figue, on mange en silence et en sourires. Nous ne disons plus rien, je déguste ce plaisir de toucher du doigt et des yeux d’exotiques clichés. Comme dans un roman ou sur un écran, chacun prend la pose et suit les maigres lignes de ce scénario que je fixe dans mon crâne. Les murs de terre s’élargissent au fil des naissances, des pièces poussent du sol lui-même, on trace un carré de jardin où s’élèveront quelques palmiers.


Les nomades contournent l’oasis mais pas Internet, mon cliché s’en prend plein la gueule, et avec de la vache qui rit sur les doigts, je sors enfin de ma torpeur lyrique, H. me donne sa carte et son e-mail et je lui promets d’envoyer les photos.

11 septembre 2006

Deux journées ont suivi. Nous nous sommes confrontés à l'administration locale. Assez marrant, le responsable du centre régional d'investissement le dit lui-même : ils vivent à l'heure d'été...
Pas de photos faites, pourtant de belles installations ultra modernes et zen, cadres aux murs, couloirs aéré, patios, des machines à café, des salles d'attente vides et des bureaux déserts. Nos projets dans les poches cherchent Monsieur A.
Changement de décors.

Là, nous sommes certain que nos vies s'affolent, nous devons visiter LE village, rencontrer H. Ici pas de visites touristiques prévues, nous prenons les taxis de Ouarzazate à la gare routière. Les "grands" taxis Mercedes, d'un âge respectable rafistolés avec de la pauvre ficelle. Ils ne partent que lorsqu'ils sont bourrés. Deux sur le siège passager, quatre à l'arrière, nous attendons la mama avec son panier remplis de sacs plastiques bleus, du poulet au fond, je pense. Chéri est coincé à l'avant contre la portière qui ne ferme pas vraiment. J'ai évidemment le droit au même confort à l'arrière. Je m'accroche à la poignée pour ne pas écraser la vieille dame, même si elle de son côté m'écrase sans vergogne, de toute façon au bout de trente minutes de trajet, la sueur des uns humidifie les vêtements des autres et le contact des cuisses inconnues deviennent sans importance tant on se concentre sur les virages et les portières branlantes.
Arrivés dans un chaos de poussière, au bord d'une route bordée de cafés déglingués et de bouteilles de flotte vides, nous attendons H. Nous transferrons nos sacs dans une 4 L blanche et empruntons la piste. H. est très beau, la peau presque noire, très mince comme tous les berbères que nous avons cotoyés jusqu'à maintenant. Je crois qu'il sait qu'il est beau. Il n'ose pas encore me regarder mais il me draguera avec beaucoup de délicatesse quelques heures plus tard !
Au milieu de nulle part, le village surgit au bout de la piste. Le désert sous un ciel d'orage et quelques palmiers se découpent dans le plomb et l'ocre rouge. Huit famille vivent là, dont celle d'H.
E. met sur pied avec l'aide de H. un programme de restauration du village et de developpement de l'artisanat local. Une ferme devrait voir le jour, des ateliers de fers forgés fonctionnent déjà bien, d'autres sont en préparation... et mon coeur palpite. Pierres après pierres, maisons après maisons, Nous sentons que tout colle. Tout m'imprègne, il y a quelque chose à faire, il y a de l'avenir à construire en pisé en roseau en tuya. Nous ne savons pas comment exactement, ce n'est pas le moment de réfléchir pour de vrai, mais les sourires que nous échangeons en silence confirment que nous sommes d'accord.
Nous avons été reçus chez tous ses cousins et amis, nous avons partagé le thé trois fois et j'ai fait la bise à son neveu. H. était déçu que nous ne puissions pas rester dormir chez lui, il nous a semblé presqu' indécent de dire que nous étions pressés. Mais avec E., H. me confie en fait, qu'ils sont habitués, les français sont toujours pressés. Je repars avec du khôl neuf qu'il a marchandé à sa soeur, il m'a montré comme l'appliquer, nous lui avons laissé l'un de nos jeux.
De retour à l'hotel nous savons déjà que nous reviendrons, au moins pour rencontrer E. qui était malheureusement coincé à Essaouira pendant tout notre séjour. Nous confions à H. le soin d'être notre ambassadeur. Entremetteur et nouvel ami, nous nous sommes embrassés et serrés les mains. Le courant est passé, nous nous sommes compris.

Savourer l'ombre et le thé à la menthe






Une journée marathon avec nos amis et leurs enfants. Au programme : la route des 1000 Casbah, la vallée des roses et les gorges du Dadès. Du désert, des lauriers roses, des ballades à pieds pour les grands, en mule pour les petits, des tagines, des figues et le luxe de faire semblant de croire que nous sommes les six premiers touristes dans ce village où le linge sèche sur les pêchers sauvages. Notre guide est adorable, il explique à la petite Andréa que "non la mule n'est pas fatiguée, elle était en vacances depuis une semaine, elle est contente de reprendre son travail de mule". Plein les sens, plein les pupilles, tant que j'en ai même souvent oublié de photographier et puis d'autres fois je me sentais comme un rapace, toute à la fois fautive voyeuse et victime de cette beauté que j'avais du mal à saisir. Maladroite. Mais heureuse.

Le retour s'est fait dans une fatigue sereine, le 4X4 climatisé nous renvoyait dans notre bel hôtel feutré entouré de datiers, ficus et fontaines. La mule devait dormir maintenant et Andréa sombrait dans les bras de son père.

Le lendemain notre travail allait également être à l'ordre du jour.

22 août 2006

Le blog comme une cocotte en papier

Ceci dit je tourne toujours autour du pot, il s’agit de mots, de sujets, plus que de tristesse (je ne suis pas du tout triste, à peine morbide, juste légèrement dépressive), il s’agit de matières virtuelles à remplir de bouts de vides qui ont de la mémoire. Le vrai sujet de la tambouille qui s’étale sur ce blog c’est le blog lui-même qui se nourrit de ces bouts de vides et aussi la tétanie intrinsèque qui m’agite comme une petite vieille atteinte de Parkinson dès que je me logue. Parce que je garde cette peur au ventre de donner du sens au magma qui m’habite. Magma, vide, c’est du pareil au même, j’ai la conscience aigue d’avoir l’étalage dérisoire - en trop léger, embrouillé ou trop lourd - mais fatalement dérisoire. Enfin tout me paraîtra dérisoire à un moment où à un autre. Je lutte donc contre moi-même et certaines lourdeurs que je n’assume pas si bien. Alors entre deux conneries pour rire je me bagarre dans l’arène luttant contre mes sujets lourds et opaques et mon code de l’autodérision. Comment doser les deux, comment les faire cohabiter ?

Alors pour répondre à Mafalda, peut-être que le combat est plus intéressant que l’issue de la bataille.
Peut-être qu’on ne peut véritablement pas tricher avec ce que l’on est dans la vraie vie, je me bats au quotidien alors je livre bataille entre ces plates bandes de placoplâtre. Peut-être qu’on continue à écrire pour chercher la formule magique avec sa dose de frustration et de plaisir, de léger et de lourd chaque fois renouvelé. Un combat pour dire du sérieux sans se prendre au sérieux.

C’est de plus le seul moyen que j’ai trouvé pour classer et étaler des pensées en dents de scie, avec l’idée que rendre public des idées, des formulations permettraient de m’en détacher pour y voir plus clair. Plus qu’avec une oreille amie où je déverserais mes sinistroses et qui finiraient par me dégoûter de moi-même ou bien par me rendre insupportable à autrui. Ici si j’insupporte on me zappe, l’ego à peine éraflé. Point barre et je m’en retourne à ma vie laissant l’escargot à ses hélices en carton.

Une psychanalyse ? Non merci je n’ai aucun problème grave à part mon goût pour Praxis et la peur de perdre mon index droit dès que je passe la main à travers la vitre baissée d’une voiture en marche.
A vrai dire mes problèmes sont une source intarissable de surprises pour luter contre l’ennui.

Visiblement avec un peu plus de 89 laborieux posts, ce n’est pas non plus une cour que je recherche c’est plutôt des rencontres sans contrainte et puis surtout de la lecture en mouvement. Un plaisir facile qui me pousse à me connecter dès que j’ai un iota de temps, l’esprit libre et lorsque la température ne m’attire pas à l’extérieur. Peut-être que dans formidable excès narcissique je rassemblerai tout ça pour l'imprimer et en faire une super cocotte en papier.
Une question cependant : Est-ce que l’écriture d’un blog développerait à long terme un rapport incestueux avec sa petite personne, moi et moi pour le meilleur et pour le pire se lustrant le poil dans le bon sens, ou dans le mauvais selon le menu masochiste du jour, ou bien encore entretiendrait une schizophrénie lénifiante, un moyen de se décalquer la tête à peu de frais et sans ordonnance, flirtant ainsi toujours sur le fil de la réalité ? Peut-être. Alors une horde de bloggers rempliront les cabinets de psy.

Je demande un truc tout simple en fait.
Me rafraîchir la tête avec de l’air et des mots qui ne sont plus vraiment à moi puisqu’ils ne restent pas dans mon calepin. Le premier ou la première qui me propose un ventilateur ou un climatiseur, je m’invite chez lui ou elle, avec mon chat et mon homme.

Sinon, moi j’dis, la dépression se combat avec un bon anti-cyclone. (Merde je viens de louper l’occasion de faire mon 91ème billet).

21 août 2006

Dimanche DT





Il falloir que je fasse quelque chose pour mon odeur corporelle. Pour ou contre ? Je ne sais pas trop, j'aime bien mon odeur en fait. Raf et Isa sont partis depuis déjà quelques jours nous relivrant à nos habitudes du dimanche : la marinade oisive et bienheureuse. Un peu de musk pour se rappeler à notre intimité. Glamour zéro mais beaucoup d'amour dans ces vieilles guenilles trouées et caleçons sans élastique. Trop froid pour se doucher ou bien partir au sud. Trop d'effort à fournir ou bien regarder par la fenêtre le menton posé au creux des paumes. Raf est parti avec un bout de nos vies et nous bouchons ce dimanche avec quelques pansements sous nos pull over d'été. Raf est revenu avec des morceaux d'hier, cette aventure que nous avons commencé à trois lorsqu'on nous avons signé ce prêt d'honneur et déposé les statuts.
Nous la poursuivons à deux depuis six ans une éternité, la prolongeons plus loin pour mieux rebondir et je pense qu'il faut se fixer une dernière chance, le saut ultime, prendre l'élan et revenir enfin grands, remplis de certitudes sur ce que nous faisons. Parce que cette fois je n'irai pas au-delà et il sera définitivement inutile de s'acharner. Ici je certifie et jure sur ma tête, si je mens je meurs. En tous les cas je ne veux plus ni me mentir ni me tromper. *
*Il est 17h et je viens de changer la fin. Aujourd'hui je me sens plus sereine que les mots inspirés de la veille. Ca ne se voit pas forcément mais je suis positivement déterminée à réussir. Et si tout doit s'arrêter, je saurai le reconnaître.

19 août 2006

Ile était une fois (wouah le titre naze)

Cette année je ne suis pas allée voir ma crotte de terre posée dans le golfe du Morbihan. Il y a quelques années je n’aurais pas hésité une seconde à faire 700 bornes dans la journée pour aller sur mon île. En faire le tour en une heure puis repartir.
Mais je crois bien que ce n’est plus mon île.

A la fin des années 70 j’ai découvert que les enfants poussaient dans des cocons à géométrie variable. Un jour les parents les posaient dans un club poussin, une autre année les enfants rejoignaient le club ado. J’avais à peu près 5 ans et des moniteurs Hippies. Ils nous apprenaient à soulager les brûlures de l’Ortie en cueillant du Plantin, à manger des fleurs en faisant parler les Gueules de Loup. Suis pas sûre que de nos jours on laisse les enfants manger des Coucous dans les fossés. Suis pas sûre qu’aujourd’hui les enfants jouent encore aux fleurs. Ma mère posait en bikini à ficelles pour des photos qui allaient jaunir et mamie relevait sa jupe pour fouler la mer.

Enfin bref, je laisse à mes souvenirs le soin de retourner à leurs songes. Mélangeant au fond de leur tiroir, les âges et les styles vestimentaires évoluant imperceptiblement vers les bandanas fluos puis les conneries insolentes de mes 15 ans. Ebouriffée, dubitative, mi figue mi raisin, je sortirai encore au petit matin de la chambre de l’animateur kayak, ou planche à voile mais pas musique. Finalement il ne me plaisait pas tant que ça celui-ci. On piquera encore et encore les bouteilles de vin et de cidre des salles à manger et on picolera dans le sable en fumant tout ce qui peut se fumer.

A la fin des années 90 j’avais décidé de ne plus y revenir et de m’affranchir une fois pour toute de ces vacances dégoulinantes de bonheur familial vaguement écœurantes et vaguement ennuyeuses sur la fin. Je m’étais parjurée quelques fois depuis, traînant ma vie de… de… enfin de femme dans mon sac du week end. Chéri, boulot, voiture bien roulés comme un beau diplôme. Espérant entraîner dans mes vieilles traces mes nouvelles empreintes, mais je ne supporte plus de voir les enfants tout neufs des vieux amis qui n'en sont plus ou bien de retrouver un parent de copain qui a fripé comme s’il n’avait jamais quitté ce coin de plage et racorni sur place.
L’île et moi, ça ne fonctionne plus vraiment. Ce n’est pas si grave. Je vais peut-être trouver ce que je cherche au Maroc.

Moi j'dis... j'ai rencontré mon ADN


Ben vu d'ici ça ressemble à rien.
Et je ne vous dirai pas quelle partie de mon corps j'ai passé au mixer.

Raaaahlala, quand je pense qu'on s'emmerde avec des teintures et des régimes et qu'au final, enfin plutôt à la base, on ressemble tous à ça ! A un espèce de lichen pourri.

01 août 2006

Potion vaudou

Temps de préparation : 30 mn à 1 h 30 selon votre dextérité. Niveau requis : débutant ceinture pissenlit.

Ingrédients :
Une banane, ou une tomate ou même du foie (à vous de choisir l’élément qui va morfler)
Sel de table
Mixeur
Tube à essai ou gobelet en verre ou en plastique
Entonnoir (pour ne pas tout saloper, mais vous pouvez faire sans, évidemment)
Carafe
Filtre à café
Liquide vaisselle
Alcool à 90 ° (non ça ne fonctionne pas avec de l'éther ni avec du chloroforme)
Eau (Inutile de récupérer la rosée d'un soir de pleine lune, celle du robinet suffit).

Mode opératoire :
Découpez, écrasez grossièrement la banane ou la tomate ou le foie (choisissez ! il ne s’agit pas d'un cocktail) dans un bol et recouvrez d'eau. Ajoutez une pincée de sel ainsi que le liquide vaisselle (une cuillère à soupe). Mixez (vous pouvez mâcher le tout aussi et recracher) et filtrez grâce au filtre à café, puis récupérez le jus dans une carafe. Faites couler quelques millilitres d'alcool le long de la paroi du tube ou du verre incliné. Il ne faut surtout pas que l’alcool perce la surface de l’eau, il doit rester au-dessus.
Attendre quelques minutes. Si tout se passe bien, des filaments blanchâtres vont apparaître dans l'alcool.

Mais Koitesse ?
C'est l'ADN du truc que vous avez broyé !
Magique non ?

Explication (si vous ne croyez pas en la magie) : La phase de mixage permet de séparer les cellules. Le sel perfore la membrane cellulaire et les fait éclater. Le liquide vaisselle dissout les graisses car la paroi cellulaire et celle du noyau sont composées de lipides. La filtration permet de se débarrasser des gros débris et des grosses protéines. L'alcool va ainsi précipiter l'ADN et le rendre visible à l'œil nu.
Merci la télé.

Ok, je me lance et je vous fais part de ma propre expérimentation. Je me souhaite bonne chance.

29 juillet 2006

Happy Days


5 jours de repos forcés aident à voir le monde différemment. 5 jours où j’aurais pu lire de vrais livres, terminer l’Existentialisme est un humanisme. Oui mais non. Où j’aurais pu alimenter mon blog, coucher deux ou trois conneries sur mon cahier à spirales sponsorisé par Auchan. Oui mais non. Dessiner sur mon carnet « Fée Clochette » sponsorisé par Walt Disney. Oui mais non. 5 jours décisifs pour appréhender le monde et plutôt le mien à travers la lucarne du salon. Uniquement. Ca oui.

Et là, tout de suite, en mettant le contact sur Blogger, je bouillonnais d’idées. Cinq jours d’effervescence télévisuelle ça fout la pression forcément.

En vrai, j’ai hésité à écrire cette note sur les maisons de vieillards impotents et ma grand-mère maternelle qui bave depuis son AVC, qui pleure quand on la surprend dans un couloir parce qu’elle a cette émotion joyeuse de retrouver des gens qu’elle aime mais aussi des gens qui l’écoutent et qui lui parlent, elle qu’on ne regarde que trop peu. Tellement peu qu’elle pleure de honte parce que la deuxième chose qu’elle nous mâchonne après un si on allait bien, c’est « est-ce qu’une jeune fille peut m’emmener au cabinet, j’ai envie depuis une heure ». J’aurais pu raconter comment je roule ma mamie en larmes à travers les couloirs, comment je roule à toute allure à la recherche d’une jeune fille, parce qu’elle pleure, parce qu’elle bave, parce qu’elle n’a plus de mouchoir. Et pendant que je la pousse, me viennent des envies de fric, de réussites, soudain la nécessité d’avoir les moyens se fait urgente, d’avoir le bras long, la carrure, les solutions, l’envie de la sortir d’ici, aussi, mais pour où, l’urgence d’avoir beaucoup de fric pour échapper à ça. Pas comme ça. Que mes parents ne vivent pas ça. Lui et moi, non plus.

Oui mais non. J’ai hésité à écrire cette note sur les hôpitaux qui ont un effet bénéfique sur mon transit dès que j’y mets les pieds en ce moment. C’est bien simple un panneau H me fait autant d’effet qu’un bol d’All Bran.
Oui mais non.

Alors donc, j’ai mieux, j’ai appris pendant ces cinq derniers jours de retraite que la télé me parlait ! Si ! Il suffit que je l’ouvre pour qu’elle m’envoie un signe, sur ma vie, sur mes projets. Tiens c’est bien simple, j’apprends que Malcolm et moi sommes tous les deux existentialistes, c’est bon à savoir parce que je ne compte pas terminer l’essai de Sartre dans les prochaines heures. Francis connaît pour la première fois depuis des centaines d’épisodes un coup de chance extraordinaire, il tombe sur des gens formidables qui ne le mènent pas en bateau. Pour ma part, j’ai la sensation que ça vient, si si ça vient.
Toutes les émissions Planète-J’irai-Dormir-Chez-Vous-Nicolas-Mulot se passent au Maroc, tous les films se tournent à Ouarzazate, tous les patineurs sur glace sans glace d’un show présenté par un animateur ex-comique qui ricane nerveusement à chaque applaudissement du public sont les sosies officiels du groupe de jeunes venu jouer chez nous hier. J’en avais la mâchoire qui tombait. Oui oui il y avait la même danseuse musaraigne aux cheveux rouges, le boulanger charcutier dans son marcel improbable et le ptit gars tout droit sorti d’Happy Days. Je m’attendais à tout instant à ce qu’ils se lancent dans une salsa déchaînée, un rock acrobatique par dessus les tables, mais non, ils ont joué sagement puis sont partis après avoir acheté 17000 boîtes de jeux (enfin presque). Evidemment si vous ne regardez pas cette extra-ordinaire émission sponsorisée par Pascal Sevran et Notre Temps vous ne pouvez pas comprendre pourquoi j'avais l'impression qu'il y avait des boules à facettes accrochées dans notre show room et un jury derrière la vitrine.

La télé est merveilleuse, je regarde le loto ce soir et j’évite les hôpitaux. D’une pierre deux coups.

19 juillet 2006

Moi j'dis, that is the question

Est-ce qu'on peut tomber accro à son bain de bouche ?

Crise d'ado


Au coin de ma rue il y a une belle maison abandonnée, pour le moment uniquement squattée par la bande de mon chat. Cela fait trois ans que je l’observe se dégrader. Des travaux avaient commencé quelques années plus tôt, le toit entièrement retapé est magnifique, les solives apparentes superbes, puis tout s’est arrêté. Beaucoup de gens intéressés se sont succédés devant ses murs, le cadastre indique que les propriétaires ont déménagé à l’étranger, personne ne sait rien de plus. Le chantier interdit au public reste en suspension avec des bâches qui traînent et quelques sacs de ciments éventrés que l’on aperçoit par le trou béant des ouvertures. Pas de fenêtre, une porte d’entrée qui moisit. Cette belle maison pleine de vent et de pluie commence à se lézarder, elle se fendille le long des encadrements, elle prend des rides dans la gueule, et depuis hier un ado lui confie son désarroi à la bombe rouge. Il a dû se payer son premier shoot de lucidité.
Ils ne sont pas tellement rebelles les ados du quartier. Faut dire qu’ici une maison vide se craquelle, là-bas des maisons remplies s’écroulent sous les bombes. Ah ça non, pas trop rebelles, justes en début de dépression.

11 juillet 2006

Moi j'dis (re)...


L'ombilical mot a frappé son sens contre le mur de ma raison. Ouhla, ben va pas falloir que tous les mots de la phrase suivent le même chemin. Ouïch !

Attendre Septembre


A l’heure où les gens se relayent pour partir en vacances je n’ai jamais autant de travail. Les lieux d’expositions suivent la pérégrination humaine et mes jeux se remballent et se déballent au fil du vent et presque au bord de mes caprices. Ici trop de monde, là fait trop chaud. Je pense, nous pensons entre deux jets d'ancre à nos nouvelles envies, pensons à penser à arrêter notre nomadisme estival, mettre une fois pour toute les mains dans la sciure, compter nos cases et nos pions, dessiner de nouvelles règles, esquisser la bonne enluminure. Je pose des notions abstraites sur des projets moins évanescents. Et puis, à ce point d'encrage, penser à poser nos propres vacances, celles qu’on a regardées en juin filer sans nous, à cause de.
Préparer le voyage, cette fois ne pas se laisser déborder par l’inattendu. Foncer et tenir bon.
Je sens bien que nous sommes plus sereins.
Je savoure ce qui s’accomplit, je ne compte pas ce qu’il manque, je creuse le sable pour enfouir mes racines bien profond. Bien profond parce qu’il y a des relents de violences qui balayent mes humeurs, des batailles ratées qui hantent, des signes qui grêlent les peaux les plus coriaces. Elle n’est pas si dure ma coquille.
Elle n’est pas si fragile non plus. J’ai des rages positives qui me secouent et des pensées sauvages qui bricolent. Pour un peu mes sens s’alertent et mes naseaux frémissent. Pour un peu je casserais tout pour repartir ailleurs. Pour un peu je laisserais tout en vrac pour me sauver tout de suite, longer le Drâa, roupiller à l’ombre d’une Casbah. Aller, tenir jusque là, et nos idées, nos envies, et nos nerfs.

05 juillet 2006

Moi j'dis...


Y a des fourmis qui sucent des chenilles hallucinogènes à s’en faire péter la ruche, moi je vomis mon cerveau il est même pas 20h30, à cause d’un seul mauvais verre de gin. Hip ! Y a pas de justice.
(Et puis même si ce verre était une distinguée chope de 50 cl, certes, ça reste du mauvais gin).

01 juillet 2006

Poker menteur et bottes de cuir


Ce matin quand tu t’es levée tu t’es dit que la vie était aussi excitante qu’une partie de poker, et plus exactement de Texas Hold’em. Assise à une table de dix joueurs tu crois toujours que fatalement tu vas avoir le droit toi aussi à une bonne combinaison, soit parce que tu as coché toutes les cases devant la liste à faire soit parce que tu as rayé de la liste ce que tu ne devais plus faire, et puis aussi parce que tu es une brave fille et qu’il n’y a pas de raison. Pourquoi pas toi ?

Ce matin donc, tu crois que la chance va se concentrer grâce au pouvoir reconnu des cierges magiques que tu as allumés sur l’autel dédié à Pierre Soulages, Caravage et Jim Delarge. Tu as bouffé monochrome, le samedi c’est le vert, de la crème pistache avec du melon d’eau en passant par le dentifrice Colgate aux plantes. Tu as gagné à la première partie de Spider solitaire niveau difficile, le voisin gras a desserré sa ceinture en rentrant dans sa caisse. Bref les oracles étaient bons et les rituels accomplis.

Alors tu décoches ton demi sourire au donneur et tu joues les blinds. En face Lili-La-Tigresse, à gauche Thomas-The-Ripper, à ta droite Mat92. Que du beau monde, ça vaut le coup de rentrer dans la danse, tes jetons valsent au milieu de la table, la journée offre tout son potentiel, il fait bon. Une journée comme les autres sans tellement plus de pression, tu fais juste ce que tu as à faire, tu t’alignes sur les autres et tu bêles dans la Grande Bergerie. Tu attends tes cartes.

La journée à peine entamée tu te dis qu’il est temps de ressentir les rouages de la difficulté, il ne suffit pas de se lever le matin. Ouf tu récupères un deux de trèfle et un sept de pic. Voilà qui ressemble déjà plus à une journée normale, ton estomac digère mal, il broie du vert, transforme l’espoir en ramasse-miettes. La vie est aussi désolante qu’une mauvaise main à court de jetons. Et Lili renifle l’agneau à plein museau.

Bien, maintenant il s’agit de se battre, et dans la vie, au Poker ou dans la bergerie, c’est souvent une question d’ego. Un sursaut incontrôlable qui éradique toute raison.
Tu sais que tu devrais passer, qu’il y a des années que t’aurais du jeter l’éponge, mais au point où t’en es tu préfères t’écrouler crânement. Tu fais semblant de croire que les jetons sont remplaçables autant que les minutes qui se fracassent.

Tu relances, tu relances. Le Flop arrive et quel Flop, rien de bon pour ta pomme, le Tournant te donnes des aigreurs mais tu t’accroches. Tu relances jusqu’à la Rivière sans une parole, les dents serrées durant la traversée du désert. Tu écrases même sous les talons quelques craintifs plus raisonnables ou moins courageux ou avec moins d’ego. C’est beau comme il t’en faut peu pour te redonner espoir, une dernière carte se retourne ; tes grigri, tes cases cochées et une stupidité orgueilleuse t’offrent un deux de carreau. Tu sacrifierais père et mère pour cette misérable paire. Tu les as déjà sacrifiés aux sourires carnassiers de Tom et Lili. La journée va se terminer et chacun piaffe le bec ouvert.

Je suis transparente d’attente, de besoin, d’espoir et de désespoirs confondus. Nous allons tous retourner nos cartes et je ne veux pas savoir, je ne veux rien voir ni entendre… mais…

Je me lève, je me sens plus légère. Je tourne les talons, le jour décline et m’éloigne de la table. Je me suis battue, un zeste de fatigue, il s’agit de bien rouler des hanches à présent, je sens les regards, à l’occasion sur mon cul, je sers les fesses, je rentre le ventre et je redresse les épaules. Tous apprécieront le rythme maîtrisé de mes nouvelles bottes glissées sous mon jean fétiche qui claquent le marbre veiné. Ouais ça valait le coup, je crois entendre des applaudissements, demain j’irai à nouveau saisir ma chance dans la Grande Bergerie.

13 juin 2006

Enfouissage avant extraction

En pleine agonie dentaire, j’attends avec impatience l’enterrement en grande pompe de mes crocs. Je fêterai ça à la DEXTRARINE PHENYLBUTAZONE en nageant dans une humeur saumâtre. Pour le moment les huit médocs quotidiens avalés sont d’enfer, j’apprécie les effets secondaires, par exemple je chante dès le matin et je poursuis avec un demi-quarantième de marathon sur mon vélo elliptique le cœur léger, léger... on m’a interdit tout coup de fil professionnel et j’ai perdu ces enfoirés de trois mille grammes choppés après quelques expériences culinaires de mon cru (mais je ne renie rien, ce serait dommage, la crème fraîche ça va avec tout). Finalement j’ai plus de temps, il y a une vie en dehors du bureau, il y a le canapé du salon, celui qui rend mou et gentil, il a deux trois bouquins anesthésiants, j’ai même le temps de classer mes souvenirs, tout ça sans sortir de chez moi, loin même du pc qui est vachement trop loin et loin des regards étrangers (parce que faut pas déconner, des chevilles jusqu’au cou, je suis devenue super canon, mais au dessus, je ressemble encore à peu près à n’importe quoi). Alors les derniers souvenirs en date sont télévisuels, inégaux et déjà nostalgiques, ici reposeront donc quelques instants de félicités servis sur plateaux repas : je vais les emmurer entre deux placoplâtres et une trappe pour l’urne funéraire. Allez hop le caveau à réacteurs fait 200 pixels sur 100, en marbre noir avec clignotants et rétroviseurs, poussez donc les manettes à fond, il peut servir aux barmitzva et aux soirées de mariages. (J'ai du mal avec les enchaînements, j'ai pas encore mon diplôme de DJ, d'abord une chanson)



01 juin 2006

Monologue du vagien

Si je devais exhumer un billet ce serait celui-ci : beaucoup trop de dents.
C’est pas peu dire que j’ai dégusté hier, avant-hier et avant avant-hier, j’ai morflé, j’en ai bavé (en vrai j’ai bavé), j’ai presque pleuré, j’étais mal embouchée, fiévreuse et boursouflée, un croisement malheureux du genre humain que David Lynch n’aurait pas renié, la fille de Joseph Merrick (Elephant Man) et de la drôle de ballerine dans Eraserhead, celle aux gênes de hamster.
Saloperies de dents de sagesse, saloperie de bouche trop petite pour des saloperies de dents inutiles. Mon cycle dentaire s’est affolé, ce n’est pas une dent qui s’est prise d’envie de sortir de ses chairs, mais deux. Poussées anarchiques du côté gauche, haut et bas, une douleur calquée sur celle de mon utérus : crampes et le besoin d’envoyer tout chier. C’est donc bien lié. Y a-t-il un psy dans la salle ? La bouche expulse des injures, le vagin des douleurs mal contrôlées. Oui il y a beaucoup de plaisirs avalés aussi. Jouissances ou dégoûts par tous les bouts.

Mais quand même est-ce bien raisonnable ce mot « vagin » ? (et allez gling gling je tringle Google et je me ramasse 200 points de visiteurs frustrés – forcément ici, le cul – vlan 10 points - est métaphorique voire métaphysique). Avouez que c’est moche aussi moche que « vacherin » (bing 30 points de cuisiniers frustrés).
Je sais pas moi, mais remarquez que l’on parle sans complexe de l’adorable clitoris (gling gling gling gling) et qu’on passe directement à l’utérus qui sonne scientifiquement propre en passant sous silence ce trou, cette béance que dis-je ce gouffre ! Il y a bien des moyens détournés pour cibler la zone, on nous sert des moules et autres mollusques pour évoquer ses reliefs, et on effleure le pubis avec des affectueux surnoms de petits mammifères terrestres, seulement qui de l’hérisson ou du minou osera rentrer dans le sujet. Si je suis lourde c’est que le sujet est grave ! Personne n’en parle, on sent bien que ça gène, le vagin c’est trop laid, je propose « vagien » c’est tout aussi moche mais c’est plus marrant. Ou bien un « vaginou » qu'il y ait au moins un « i » bien planté (quoi donc, que dit le psy ?) !!!

Voilà, voilà, voilà c’est tout pour aujourd’hui. Et maintenant je compte les points. Je me demande combien a fait Cyrille ?
(j'avais prévu de ponctuer ce billet avec de petites images, mais Blogger ne veut pas, l'est sans doute saturé par toutes mes conneries.)

24 mai 2006

Transit

Je reviens d’un jeûne et je demande à voir. A voir tavernier ! Du coup je lis je lis je lis le Web, depuis 3 heures, 3 jours, 3 nuits enfin presque je ne suis pas à une ou deux exagérations près ; je regarde je regarde je regarde. Les gens sont quand même beaux, non ?
C’est quand même vachement facile de ne lire que ce qui nous plait, de ne voir que ce qu’on aime. Est-ce que c’est parce que c’est « gratuit » qu’on zappe d’une adresse à l’autre, qu’on suit une diagonale et qu’au bout de la ligne on passe à un autre site en bookemarquant la pépite, pensant qu’on y reviendra ? Et la liste s’allonge. Est-ce que c’est parce que c’est free, qu’on en veut plus, toujours plus, en regardant plus vite que ses pixels. Est-ce que c’est parce qu’on se sent libre qu’on devient frénétique avec l’impression qu’on n’en fera jamais le tour. Alors j’avale. Et puis je me sens épuisée et vaine alors que je devrais me réjouir de toutes ces belles idées, je suis assommée et noyée, un asticot qui asticote sa pomme, sa citrouille, mon ciboulot plein d'air. Et moi moi moi ? A quoi bon en rajouter, que peut on recycler puisqu’on n'invente rien. J’arrive au bout du recyclage, fin de la machine, le tambour est plein je vais le vider.

Peut-être suis-je devenue anorexique, j’en arrive à compter le nombre de kilo que pèsent mes mots.
Difficile de vouloir participer au remplissage quand on a tant à lire.
Sale temps pour sortir.

09 mai 2006

Carnaac


J’ai une théorie sur les alignements mégalithiques.

Il y a 6000 ans en plein néolithique, un mec s’ennuyait ferme. Internet n’était pas très opérationnel encore, les tuyaux en écorces d’arbre ne laissaient passer que les plus grosses informations de type il va pleuvoir à la prochaine lune parce que la mousse pousse plus verte sur la partie nord du tronc. Et pas grand-chose d’autres à part une base de données assez minable sur la culture des termites et des fourmis femelles noires.

De plus, tous ses potes étaient en pleine expérimentation d’agriculture bio. Les subventions leur permettaient de s’installer en dur dans la région et les veillées au coin du feu ne parlaient que de famille à fonder et de mioches à élever. Bref, ennui mortel à l’horizon pour ce célibataire un peu paumé qui aimait s’empiffrer de girolles de toutes les couleurs, les meilleurs étant les grises avec un petit téton sur le chapeau, parfaites pour les soirées Sade Botam Sucra Peth (Sang de Boeuf Tambours sur Crânes et Percussions Thoraciques). Seulement, malheureusement, ces soirées branchées qui effrayaient un peu les vieux du campement se faisaient de plus en plus rares, les tambours étaient délaissés, les percussionnistes préféraient copuler avec le reste de la jeunesse active.

Il ne restait de ces festivités que les ronds de pierres autour des pistes de danse. Il n’avait jamais vraiment fait banquette, la caillasse n’ayant jamais été très confortable, malgré les dires des anciens, il préférait mêler son corps à la sueur acide des autres danseurs agités par les rythmes hypnotiques. Âcreté, poussières et fumées. Tristement assis désormais, la mine aussi grise que le roc, aussi désoeuvré qu’une mouette mazoutée, comme tout cela paraissait lointain, et les jolies admiratrices des Sucra Peth, encore plus loin.

C’était dommage de laisser cet endroit à l’abandon, un coin bien pénard à l’écart des fermes qui se construisaient, un terrain vague avec des peaux miteuses abandonnées et des pilons polis jusqu’à l’os, des machoires d'ours qui renvoyaient la lueur des étoiles. Il commença à balayer les lieux, jetait des breloques de quartz cassées et très tape-à-l'oeil, il nettoyait les blocs, les débarrassant de leur vieux sang, il revenait chaque soir pour peaufiner son travail. Quand il eut tout décrassé, il décida de ranger les pierres, les petites rondes d’un côté, les grosses allongées de l’autre, d’autre soir il les mélangeait soudainement, puis les reclassait.

Les voisins finirent par venir le voir, inquiets pour lui et son isolement de plus en plus prolongé. Un soir il reçut un flash sidéral venu de plus à l’ouest : il les aligna, petit cailloux devant, au milieu les moyens, au fond les grands. Les gens qui passaient criaient « O Tiist qu’est-ce que tu fous ? », ce à quoi il répondait « je groumpf pas fini, non groumpf pas fini ». Effectivement il n’en finissait pas d’aligner, de mesurer les sommets, de réajuster pour trouver la courbe ascendante parfaite.

Il mourut d’épuisement, mais pour lui rendre hommage, beaucoup de ses anciens copains prénommèrent l’aîné de leurs rejetons Tiist. A ceux-là le premier métier du monde à haut risque et sans chômage leur fut dévolu. Sur le modèle initié par Tiist, il y avait des règles très strictes à observer comme la solitude et l’incompréhension des autres : ils furent les premiers aligneurs de pierres ou plus communément appelés en néolithique récent « Aar-tiist ». Peu de temps après un deuxième métier à haut risque s’est rapidement mis en place : psychologue.

06 mai 2006

29 avril 2006

La vie c’est comme les voitures, elle passe… elle change ses modèles.


Comment rendre une tournée commerciale agréable ? En emmenant son ou sa chéri(e) dans les valises.
C’est donc ce que nous fîmes ces deux derniers jours. J’étais bien pliée en quatre entre la boussole et la chemise. Pas de cravate, non, nous ne visitons pas nos amis clients en cravate ; dans notre monde ça fait trop représentant belge la cravate, surtout accompagnée de la grosse mallette à roulettes et du bidon naissant à cause de cette foutue cigarette qu’on a arrêtée. Et c’est dans une tenue chic mais néanmoins décontractée que nous avons lancé l’assaut à la Bretagne voisine.
Parmi les règles du couple greffé, il y a celle-ci : « tu feras tout ce que fait l’autre, parce que sinon c’est pas juste ». Heureusement toute règle est aménageable mais alors il ne faut surtout pas oublier de toujours négocier le qui-fait-quoi surtout surtout avant de monter dans LE nouveau pousse-croupion pour vieux (terrrrrrible, nous avons troqué la Twingo contre une Scénic, bien plus moche, bien plus confortable, bien plus familiale. J’aurai ainsi tout le loisir de pondre un ou deux poussins à l’arrière – il faut penser à tout- ce sont mes parents qui le disent, tout à fait rassurés sur notre choix de voiture), sous peine de se retrouver à prospecter dans les rues de Rennes les poches remplies de catalogues et de cartes de visites. Pas très agréable quand on pensait rester à la place du co-pilote, et occuper les fonctions de DJ préparateur de commande (le stock est dans le coffre) responsable des bouteilles d’eau, écrivaillon rêveur du temps à perdre, une oreille à peine tendue sur Praxis, un œil recroquevillé sur son petit cahier et surveillant les distributeurs de papillons de l’autre.
Mais j’avais bien négocié, je suis restée sagement assise protégeant la voiture et son contenu, la déplaçant quand il le fallait, la rapprochant amoureusement de mon meilleur vendeur du mois.
Après, c’est après, le travail étant terminé : direction Vannes puis Carnac. Nous avions envie de mer et de pierres.

Vannes est la ville de nos vacances d’enfants celle des glaces et des crêpes sur le port, la ville refuge lorsqu’il pleuvait sur l’île. Nous étions chaque été les prisonniers consentants d’une île jetée à 50 m du continent. Une crotte de terre de rochers et de pins dont il suffisait pour y échapper, de nager un peu de prendre la barque ou d’attendre que la mer se retire. Souvent nous n’attendions pas assez et nous mouillions le bas du pantalon ou le bas des pneus de la R16 rouge intérieur skaï noir. Mes parents ont eu du cuir mais beaucoup plus tard avec leurs R20 quand ils sont devenus notables de province.

Alors quand je retourne à Vannes à bord de ma propre Titine je me sens aussi affranchie qu’un zeste accablée.

21 avril 2006

Tic et tac, bourre et bourre et ra-ta-tam


Maintenant que l’on s’est serré si fort, va-t-on s’aimer tout court ? Est-ce cela que l’on cherche jusqu’à la fin de nos jours ? Moi je. J’ai. Je veux. J’ai juste envie d’être greffée encore, continuer cette mutation binomiale jusqu’à la symbiose totale, mais vais-je y laisser ma peau trop petite dans cette jouissante et douloureuse vie de chair et d’attentes ? Chacun nos pulls, savons, chacun nos pensées, nos goûts, nos vertèbres.

Le sexe est un loisir envahissant. On s’emporte vite, on s’use si vite. Dix sept milles jours dix sept milles nuits, trente-six minutes trente-six secondes de tics et de tacs contre nos ventres, d’horloges qui s’égarent sous les draps, d’aiguilles qui remontent ses seins son torse et leurs bras.Trop étreints, trop long, trop court, trop rapide, trop souvent, trop vus, trop sentis, trop goûtés. Pas assez.
Comment allons nous prendre notre temps, comment allons-nous le tuer. Comment allons-nous mettre nos vêtements de grands. On va casser, dis, les montres et arrêter de pourrir ?
Le sexe est un loisir envahissant, un radar plus ou moins bien huilé, un incident graveleux, un pente sensible, quelques paramètres complexes, une confusion extrême, dans une cabine à sou, ou celle d’un routier long courrier. Le radar plus ou moins bien huilé de nos vies multiples, un acte de bravoure, inavouable, attendu dans une robe blanche, de soumission sous anesthésies ou des raideurs avalées en comprimés bleus.
C’est surtout un peu de temps bouffé lorsque dans ses pupilles se dilate la bouillie d’hier et de demain. Cet instant où l’on se cherche autant que l’on s’égare comme des gros cons d’humains qui placent leur bonheur juste là le doigt sur ces instantanés, en gros plans contre plongés où l’on fourre profond son œil jusqu’à l’âme et qui ne délivrent pas même de tout le mal que l’on se fait. Que l’on continuera à se faire.
Et si ce n’est pas du temps qu’on gagne c’est ce plaisir qu’on ne veut pas perdre. Avec lui.

18 avril 2006

On the radio

Je crois avoir réussi un tour de force : mettre une radio ici, à droite, en haut, avec de la musique à moi que j'aime pas mal, beaucoup, passionnément, qui se lance, normalement, quand vous double cliquez sur le titre. Tout ça, après avoir lu quelques explications ici et là surtout , puis compris, puis installé le pack, musiques comprises en moins de trois heures... huhuhu. Tout ça en fermant les yeux de mon coeur sur la gravité de la chose parce que ce ne serait pas "très" légal. Enfin mon coeur me dit que ça ne l'est pas trop - pas trop c'est moins grave que pas - et comme chacun sait le coeur a ses raisons que la raison ne connaît pas... A l'instar de centaines de milliers de propriétaires de blogs je suis donc décidément peu informée et totalement inconsciente.
Sinon voyons les choses sous un angle plus agréable, je vous invite chez moi, voulez-vous ? J'ai donc acheté tous ces disques
- ce qui est strictement la vérité - que vous admirez déjà et nous prenons un verre la soirée démarrant sagement. Maintenant que vous êtes chauds je veux vous faire partager ces quelques pépites... que vous vous empresserez d'acheter en toute connaissance de cause, désormais et grâce à moi, achat d'autant plus justifié puisque vous évitez soigneusement de me demander de vous les copier. Délicats que vous êtes. Si si.
Et puis d'abord ici, (oublions les canapés de mon loft) vous ne pouvez pas les enregistrer ! Non non. Regardez moi dans les yeux. Non, vous ne pouvez pas.
Parenthèse fermée.

A présent que dire sur le contenu, vous avez du bruit qui hurle et d'autres plus soyeux qui susurrent, dès fois c'est très drôle (écowar de Tagada Jones), funky pour bouger joyeusement, dès fois c’est impossible tout du moins en public, il y a et aura des titres très connus (la mouche) des fois non et, logiquement, ce programme devrait évoluer, étant assez impitoyable et intransigeante vis-à-vis de mes amours musicaux. Certains m'ont foudroyée cependant. Il s'agit d'un noyau irréductible : Praxis, Led Zep et Faith No More/Mr Bungle.
Pour le moment, ne cherchez ni Praxis ni le zeppelin sur la playlist de ce soir, je suis bizarre je sais, mais curieusement je ne les ai pas mis dans cette première fournée. Ne vous réjouissez pas longtemps, surtout pour le premier cité, vous n'allez pas y échapper. Vous aurez mal, c'est certain, mais je crois que l'on peut zapper... D'ores et déjà, bon courage.

15 avril 2006

Bêta-physique


Je suis assise sur une grosse pomme, gentiment visitée par trois muses girondes qui ne cessent de taquiner l’univers tout autour.

D’une je tiens ma hauteur, elle m’étire, m’accroche à quelques cellules qui s’organisent dans l’amplitude qui me referme. C’est dans toute ma largeur, que cet univers croît, rien ne serait sans l’espace qui m’habite et qui joue des coudes avec mon bordel sans limite.

D’une autre j'attrape ma gravité, elle m’attache au sol, et sculpte la dimension dans laquelle je laisse une trace. Sans elle je ne serais qu’images, quelques pixels évanescents sans aucune preuve tangible de mon existence. A cet instant je comprends que le poids de ma vie est égal à celle d’une éponge.

De la dernière je choppe ma conscience, elle me jette au monde et me donne des balises et des marées. Sans le chronomètre qui tic-taque, je ne pourrais étaler la moindre des pensées, et du chaos ne surnageraient que des souvenirs jamais nés semblables à des rêves instantanés dépourvus de réveil.

Et peut être peut être, que mes rêveries diurnes ne valent pas mieux que celles de millions d’anémones et de lichen marins.

Sur ma grosse pomme, je me suis bien installée, j’ai allongé les pieds, puis j’attends maintenant qu’on vienne me parler d’art.

10 avril 2006

Echelle Féline : 8

Hahaha, un billet sur mon chat. Le voilà donc.

Parmi les critères qui décrètent qu’un blog est captivant ou pas, le chat est l’échelle la plus puissante.
Par exemple une photo rigolote d’un matou coincé dans une machine à laver vaut 5 en tant que sujet inintéressant, mais l’histoire qui rapporte les aventures d’un chat un peu con ça vaut un bon 8 surtout quand ledit chat parle dedans – et, il faut bien le dire – on tombe à ce moment dans les bas-fond les plus désespérants de l’amateurisme sans idée ; pire, ça sent la province triste, le blog terroir avec une salle des fêtes coincée derrière les chiottes de l’église, celui qui n’a ni boîtes de jazz, ni rues un peu chaudes où se presseraient les people.

Alors sans rire, 8 ou 1 sur l’échelle du chat, au final, peu importe, cette histoire avec un chat dedans, elle est vachement grave, et il en va de mon équilibre mental et de mon intégrité physique.

Encore plus vrai que ce foutu chat, il y a aussi un foutu piaf qui me réveille maintenant depuis presque un mois.
Il a d'abord commencé à 6 h et des brouettes, et tous les jours il décale de quelques minutes. Ce matin donc à 5h50 il sortait le clairon. Pendant une heure ça vrille des notes suraiguës, ça lance des éclairs blancs dans ma tête, j’vous jure ! Une heure… je ne sais pas pourquoi il s’égosille pendant une heure pré-ci-sé-ment. Peut-être qu’il rappelle tous les retardataires sortis à une rave champêtre, genre grouillez vous les gars et les filles il va faire jour et vous avez tout salopé. Je favoriserais plutôt l’hypothèse d’une parade amoureuse destinée à une oiselle très sourdingue qui habite encore chez ses parents à quelques 500 mètres de là. Très sourdingue et longue à la comprenette. Ou pas intéressée.

Une heure quand même !
Forcément le félin de la maison qui surveille de sa fenêtre son toit et le jardin d’à côté, n’en peut plus. Alors en plus des cuicuipiipii stridents à damner Céline Dion, il y a les kainkainkain plaintifs du chat aux proies aux plus douloureuses des épreuves : la patience et l’appel de la nature. Ses babines s’agitent dans des rictus dévoilant des canines bien entretenues, les moustaches électrifiées et la queue qui voumvoumvoum balaie nerveusement, le tout se concentrant en une machine à tuer sous pression qui tente l’Unagi contre cette putain de fenêtre fermée ! Mais il n’y a que Dieu qui peut l’ouvrir cette fenêtre, et Dieu c’est Naninounette.

Je l’entends, il me supplie bientôt : « je fais l’Unagi sur la poignée et ça ne fonctionne pas, je fais l’Unagi sur cet enfoiré qui piaille mais il ne pipe que dalle, Dieu, aide moi ! Je vais le buter ce ptit con. J’te jure Dieu, il a dû attraper le CPE, y a pas moyen, faut qu’il arrête de gueuler, c’est pour son bien ». William est très informé, on croit qu’il dort pendant le journal télé, mais pas du tout, et il a très peur que tous les oiseaux du coin chopent le CPE. Un monde sans oiseau ce serait un peu un monde sans jardins d’à côté, sans toits, sans voitures qui se garent le long des trottoirs, là il y en une, ah ici c’est celle de Dieu, oh une nouvelle, et là aussi, celle-ci je la connais et là aussi, et encore là…

Alors je descends, j’emprunte hagard et auréolée de brume ce même escalier qu’a emprunté mon cher et tendre il y a quelques semaines pour les mêmes raisons et qui a failli se tuer à cause d’un pas mal assuré mêlé à la contrariété d’une nuit écourtée. Et je tombe. Tout pareil. Là je produis les même sortes de bruits Kung-Fu que William émet lors de ses rencontres open avec des concurrents de gouttières mitoyennes. En général les adversaires sont front contre front, et bougent très lentement, moi je bougeais très lentement aussi, mais mon front embrassait les barreaux.

Le pire, c’est qu’après s’est joué le remake de Sauver Willy.
Le colibri n’était pas malade finalement, et plutôt en forme, c’était une sorte de ptérodactyle obèse gros comme ça paraît il, élevé au maïs transgénique et fluorescent dans la lueur fragile du matin blême.
Maintenant matou est rentré de sa chasse aux mouches, il essaie de dormir dans le canapé, mais tiens qu'il imagine seulement pouvoir… hahahahahaha….

Là !





Transformée en framboise.
Non en fait, en glace fraise/pistache.

02 avril 2006

Des noeuds



Sur la terrasse de ma grand-mère presque centenaire, quelques plantes opportunistes se sont mêlées au souvenir d'un arbre deux fois plus vieux.

01 avril 2006

Hello Dolly Prane

J’ai vu des autochtones qui traînaient de pauvres gamins à l’école.

Je veux pas me reproduire. C’est pour la bonne cause. Je collectionne le sperme de mon chéri dans des petits sacs en plastique.

J’ai vu d’anciens dinosaures lâcher leurs fientes nucléaires sur les bancs publics.

J’aime pas les oiseaux, ceux-là sont toujours au sol à fouiller dans la merde, sont même plus foutus d’attraper les insectes en vol.

J’ai fait le plein de couples qui ne se parlaient pas. Les yeux rivés sur du meilleur. Overdose de silences qui ne veulent même plus rien dire.

J’aime pas les gens qui restent par lâcheté.

J’aime bien cataloguer quand je suis d’une humeur exécrable, j’aime bien être injuste, tiens j'aime bien me sentir si malheureuse.

J’étais pourtant très jolie.

Pourtant le pire n’était pas arrivé, c’est quand je me suis prise la porte de mon bureau que j’ai regretté les pigeons, les gens moches et les pleurs des nains.

Game over ? Shoot again ?

Je suis le monde qui attend de nouveau. Je vais attendre quelques chose qui tombe de je ne sais où, je ne vais pas courir, je ne vais pas mettre d’échelles sous des fenêtres. Je vais attendre qu’on vienne me chercher. Je suis assez sereine.

Et même si l’attente c’est donner trop de pouvoir au temps qui efface, arrange, dérange, donne des points aveuglément, je vais lui faire confiance et m’asseoir.

Je suis curieuse de voir si je vais me lasser au bout du point à la ligne. Je vais juste reprendre des protéines, ça peut servir encore.

30 mars 2006

Oubli !

Je veux bien que des groupies hurlantes utilisent ma bannière à condition de laisser mon copyright (j'y tiens, j'étais au taquet ! je sens bien que je suis au sommet de ma sensibilité artistique là).

Sinon c'est ici qu'il faut regarder :

Pom pom girl attitude avec des coeurs


Christophe je t'aime-t'es le meilleur-tu m'as donné la patate hier soir à la Nouvelle Star et j'ai eu peur pour toi tout en haut du grand escalier-j'étais suspendue à ton groove et à ton déhanché-si tu continues comme ça tu vas réussir à me faire oublier Steeve Estatof.

Pétage de plomb en direct de mon fauteuil.

28 mars 2006

Recette


Bilan de la journée : irritabilité débonnaire, un genre nouveau. Mais je reste prudente.

Une régression perverse me titille le cerveau primitif, je vais foutre des miradors devant le bureau, histoire de préserver mon territoire, si je dois rester coller à ce siège durant les prochains jours, il faut me préparer, j’ai des chips à disposition.

Mardi donc c’est neurones de traviole. Avec une sauce aigre douce pour nourrir la bestiole. Cannibale en semoule, purée de soucis pas si grave, du fun dans les chaussettes propres de ce matin, des pensées fumées qui rôtissent sur le grill : il y a boire et à manger. Je ne bougerai pas, j’ai le début d’un frisson extatique, le mantra roulé en boule prêt à dégoupiller.

Amis du soir, bonsoir !

27 mars 2006

Le Rendez-Vous - Monstre de fin de tableau, mana -5

Ah la la, c’est quand même con un humain, suffit qu’on gratte un peu dans son cœur en porcelaine pour qu’il fasse le beau et qu’il dise oui à tout.

Par exemple. Après une « autre » réunion, on me demande si « mademoiselle, vous ne pourriez pas nous apporter une maquette du jeu pour le mois d’avril ».
Moi : Ah oui ? bon bon bon, c’est-à-dire que je ne voudrais pas pousser plus loin le graphisme avant une confirmation de l’acceptation du dossier, j’ai déjà passé pas mal d’heures (si le dossier ne passe pas je sais où je pourrais me les mettre ces 150 heures de taf)…
Lui : et votre travail est excellent, vraiment votre visuel nous plait beaucoup…
Moi : merci (150 heures quand même), je n’avais pas accès à votre charte graphique or je tenais à ce que cette présentation soit déjà à vos couleurs, plutôt que de vous servir un concept qui fonctionne mais impersonnel (là j'ai p't'et fait une boulette), j’ai donc recréé vos éléments graphiques qui paraissaient intéressants pour un jeu de société.
Lui : C’est réussi ça me convient tout à fait, mais vous savez ce n’est pas moi qui décide. Vous défendez le projet avec passion. Enfin vous verrez qu’au fur et à mesure des réunions, les désirs des uns et des autres vont venir enrichir le projet, et d’ores et déjà si vous pouviez rajouter quelques une des photos que l’on peut trouver sur notre site et faire un plateau de jeu et quelques cartes découpées avec le matériel réuni ce sera plus facile de faire passer le message au big boss (il n’a pas employé ce terme mais je préfère garder l’anonymat de notre commanditaire, en même temps ça jette, non, « commanditaire » ?), il est joueur le patron et il lui faudra des trucs dans les mains, des beaux visuels et un concept sur papier ça ne va pas suffire, il voudra manipuler c’est certain !
Mon collègue et chéri : Euhhhhh… c’est-à-dire qu’il nous faut un peu de temps pour tout ça.
Lui : Bon de toute façon le jeu ne sortira qu’en 2007 mais il faut faire une présentation au chef en avril… et puis de toute façon vous allez avoir un peu de temps, problèmes de timming, de vacances pour moi, gnagna, vacances pour les autres, enfants, gnagna, tout ça… vous nous appelez pour fixer la prochaine réunion pour la Grande Réunion d’avril.
Mon collègue et chéri : Oui bon ok, on peaufine donc, et on fait en sorte que tout soit prêt en avril (il se trouve que nous avons une vie sociale aussi trépidante que celle d’une huître… bien entendu. On va pouvoir occuper nos dimanches comme ça).
Lui : Formidable, j’ai hâte de voir tout ça.

C’est donc deux minutes après qu’on eut levé nos fesses et tourné les talons que S et moi-même nous nous regardâmes … (faut attendre que le processus de réflexion ait fait le tour du neurone) : ah ouais, 2007. Et si ça marche. Valavalavala.
Est-ce qu’on aurait pu dire non ? Est-ce qu’on aurait pu présenter une facture pour le travail déjà effectué, des moins cons que nous, enfin des plus aguerris à ce genre d’affaire, mieux organisés en tous les cas, l’auraient fait bien sûr et surtout l'auraient prévu.
Smiley qui s’auto-détruit, se lapide, se pend, se noie, se conchie, se tronçonne en deux, s’atomise, se damne sur neuf générations pour lesquelles seule une vierge née d’une mère vierge pourra lever la malédiction, s’enterre et va se coucher.

On est quel jour déjà ?

24 mars 2006

Caprices de retour


J’exige que ce fax me dégueule des commandes.
J’exige que TOUTES mes pensées se démêlent là tout de suite.
J’exige qu’elles s’impriment clairement sur l’écran de mon égotisme sans l’aide de mes doigts.
Je veux les mettre au chaud entre ses cuisses.
Je veux du soleil à cinq. UN DEUX TROIS…
Je veux que la prochaine voiture qui passe soit rouge.
Je réclame le silence. Que ce ventilateur se taise. Que cette mouche meurt.
Je réclame un sursit, que le temps qui s’écoule se gèle et tombe en morceaux. Que rien qui ne se signe dans le dos ne soit irrémédiable.
J’aimerais retrouver mes boîtes de lego, l’horizon, l’inconscience.
J’aimerais crier sur le petit vieux d’à côté qui pue le chien mouillé.
Gnagnagnagnagnagnagnagna...

18 mars 2006

Oooooooon feeeeeeeeeeerme ! Messieurs dames par ici la sortie ! 18h30 c'est du chrono bien huilé. Donc à nous la route sauvage et ses innombrables fous du volant, les djeuns en goguette, ivres de leur liberté à peine pubère, les petites mamies les bigoudis au vent dans leur machines infernales lancées à 60, les biches suicidaires à l'orée des fossés, les hérissons pour qui c'est trop tard. On va s'échouer là où les lumières des villes se feront plus flamboyantes, là où la bière coule à flot. On foulera les trottoirs en claquant fort des talons, on slalomera entre les tessons et les étrons gras, on repoussera du coude les premières victimes de l'apéro et on se dirigera au bruit. Youuuuuupi on part à l'aventure loin de ce pâté de maisons.
Peut-être qu'on ne reviendra pas, c'est le risque à prendre. Le goût de la détente, des plaisirs simples, une vraie aération depuis Noël. On ne va pas rater ça.

17 mars 2006

Chapi Chapo


Chapi Chapo 01
Vidéo envoyée par cymru
Une animation tout simplement psychédélique !
La musique de fin me mettait carrément en transe.
Et on se demande pourquoi je suis comme ça maintenant...

kaamelott - Les Nouveaux frères


kaamelott - Les Nouveaux frères
Vidéo envoyée par cymru
J'AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAADOOOOOOOOOOOOOOOORE
C'est d'ailleurs tout ce que j'ai à dire aujourd'hui (ou presque)

16 mars 2006

Tu tue je

Tu saisis ce pronom et puis tu lances des mots sur la piste. Tu espères, tu te demandes si ce « tu » est un autre. Tu cherches derrière le miroir, tu te sens pointé, l’index retourné vers cet usurpateur et le doute s’installe. Tu découvres ce voile à peine opaque, ce désir à peine voilé, il se peut que le malaise s’installe, tu prends ton ticket et tu attends.
Tu ne vas pas très bien en ce moment, tu réfléchis beaucoup, tu renifles sur ta vie. Quand la lumière est belle, tu estimes avoir de la chance. Tu relativises, tu prends de la distance, tu sais qui tu es. Tu sais ce que tu as gagné, tu sais ce que tu laisses derrière, tu sais ce qu’il te reste à faire.
Finalement tu te sens agressé, tu résistes, tu ripostes, tu n’es pas un être mêlé, amalgamé, tu n’es pas pensé, tu n’es pas dicté. Peut-être spécules-tu sur le hasard et tu scrutes de l’autre côté du rideau la main qui te semble faire un signe.
Tu t'énerves, mais enfin, cela rime à quoi ! Tu te demandes encore, s’il est des comédies plus puériles, des expériences plus inutiles, ou plus maladroites que cet échange gauche de signes. Deux grammes de grammaire amusante dans une soupe claire. Un peu de colère, un peu d’ironie teintée d’ennui, quelques questions, un fugace vertige, une parenthèse essayée. C’est pour rire, mais déjà tu comprends que le « je » n’existe que le temps de le dire ou bien de le lire, il n’est utile que lorsque le dialogue se noue, et même dans un cahier intime où je dors sur ma page et interroge mon passé, je deviens un autre pour me lire.
Le je passe le relais. Toujours. Même si les réponses ne s’affichent pas. Tu te demandes une dernière fois ce que tu peux bien répondre.

13 mars 2006

Ordre et désordre


"On" m'a demandé d'envoyer un book par e-mail, alors je rassemble, je scanne, je classe, je prépare pour le web, et je suis contente, aujourd'hui.
Même si j'ai toujours l'impression de travailler au milieu d'un concerto pour marteau-piqueur parce qu’au coeur de ces 17 milliards de projets, se cachent 17 milliards de litres de concentrés de doutes qui me transpercent de 17 milliards d’épingles géantes.
Terrible cette maladie du « même si », et du « mais », je l’ai attrapée je crois bien. Ok je corrige : voici donc 17 milliards occasions d’accrocher l’espoir de ne pas travailler vainement.

Je commence par une première peinture facile, entendre décorative – dans ma bouche c’est plutôt péjoratif. Pour trashifier le rendu et saupoudrer mon billet d’ondes négatives, ouh que je suis mauvaise, je vous offre de quoi vous trépaner. Encore Shane Cough, c'est bien mangez-en.

12 mars 2006

En direct du royaume du Toboso


J’en arrive à un tel détachement avec moi-même que parfois, dans un éclair de lucidité, je me fais pitié. Si si.
Alterné avec des phases d’admirations indécentes : putain quel courage j’ai.
Enfin et de manière générale, quel courage nous avons, nous autres bidibules Don Quichotte, en équilibre les bras nerveux s’agitant comme des élytres sur notre motte de terre bien face au vent.

Bon je vais aller me faire friser le neurone sur une chaise électrique.
Ca tangue vachement par ici.
On branche, (Shane Cough, Mutation)

04 mars 2006

Syriana

Vu il y a une semaine Syriana, avec un George Clooney qui me fait penser à Jean Yanne ! Avant que les mots ne m'échappent ou que je ne revisionne le film en dvd, je jette ici quelques idées.

George Clooney est très bon donc dans un rôle à contre emploi, homme de terrain de la CIA, qui rassemble des données sur le Moyen Orient, dont personne n'en a rien à foutre, ni de ses données chiffrées, observées digérées analysées, pointues, ni de lui, simple pion dans les rouages de l'organisation. Un film très dense, pas facile à démêler, dans lequel les rapports entre les grosses industries pétrolières US, le gouvernement US, et les pays du pétrole à la botte de ces méga structures économique (CIA compris) sont vus sous plusieurs angles d'attaque. Un traitement pas du tout manichéen alors que les traitements de surfaces médiatiques les enferment facilement : deux pôles qu'il vaut mieux maintenir dans leur camp respectif, même si c'est artificiel et sous couvert de religions ou d'idéologies politiques ; les bannières s'agitent dans une sorte de tango hypocrite, d'un côté l'occident donc, de l'autre l'orient ; d'un côté la chrétienneté, de l'autre l'islam. Binarité forcée, où quelques princes arabes éclairés plutôt laïques voudraient voir leur pays évoluer, mais pas d'bol hein, le système économique n'a surtout pas besoin que ça évolue.
Comme dit Mafalda, on en ressort un peu abattu, mais avec la sensation agréable d'être pris pour un spectateur "en recherche".

02 mars 2006

Une valse

Un peu de grace





Le soleil est rare
Et le bonheur aussi
L'amour s'égare
Au long de la vie

Le soleil est rare
Et le bonheur aussi
Mais tout bouge
Au bras de Melody

Les murs d'enceinte
Du labyrinthe
S’entrouvrent sur
L'infini

22 février 2006

Conte (deuxième partie)

Un jour, un numéro perdu dans la nuit des temps, fit entendre sa voix : et si je décidais de ne pas me reproduire ?

- Ben en fait, on a toujours eu le choix, mais je t’assure, ce choix-là n’est pas le bon, répondit un autre.

- Ah vraiment ?

- Oui, tu mourrais pour rien sinon.

- ça alors, elle est bien bonne celle-là ! Sinon quoi ? pour rien ou pour quelque chose, je mourrais, alors..!

- … alors il vaut mieux mourir pour quelque chose.

- Qui l’a dit ?

- Personne, le bon sens ! L’histoire que nous sommes en train d’écrire, le futur…

- Moi, en fait, j’en ai un autre de bon sens.

- Ah oui, lequel ?

- L’amour, la liberté, l’individualité, mon demain, mon futur, ma vie. Je veux que personne d’autre ne meure après moi.

- Tu n’y arriveras pas.

- J’y arriverai à mon échelle.

- Mais tu voudras changer d’échelle un jour.

- J’ai déjà des racines ! Je veux juste m’étaler à la surface, envahir mes possibilités.

Après des Bon !, des Bien !, des très bien !, des fort bien ! l’individualité finit par se faire une petite place dans ce corps aux milliers de têtes.

Un autre jour, ces mêmes protagonistes se recroisèrent :

- Alors t’en es où dans ton individualité ?

- Ah mais je ne dis plus je, je dis « on » ; j’ai trouvé l’amour.

- C’est vrai tu disais que le bon sens qui te guidait était : l’amour, la liberté, l’individualité, ton demain, ton futur, ta vie. Seulement, maintenant que tu as trouvé l’amour, maintenant que tu conjugues le « deux », qu’en est-il de ta liberté, de ton individualité, de ton demain et de ton futur ?

- En fait, pas grand-chose n’a changé, sauf que maintenant j’ai peur de perdre ce que j’ai.
- D’accord, rien n’a changé… je pensais que d’être deux était devenu trop petit pour toi maintenant.

- Tu sais je comprends ce que tu veux dire… je comprends même le bon sens du monde. Mais je ne désire pas m’inscrire de cette façon. Je me concentre sur ce 2 que je suis devenu, et je veux l’explorer jusqu’à la fin parce qu’il y aura une fin, même si je ne veux pas, même si j’ai peur, et je ne veux pas collectionner la peur. J’ai mêlé mes racines aux siennes et nous avons nos propres histoires à démêler, elles nous servent à grandir encore et quand nous aurons grandi, nous aurons des racines pour deux.

- Tu veux arrêter ton histoire ?

- Oui je crois que je veux arrêter mon histoire.

(NB : Ne cherchez pas la première partie, elle n'est pas ici)

18 février 2006

Ah si j'étais un homme


Aujourd’hui je sors Big Jim, j’ai brûlé Barbie.

Wake up and kleenex, Colgate, Tahiti douche, Fructis 2 en 1, Gillette mach 3, Nivéa for men, Drakar Noir, Lotus triple épaisseur, Athéna free style, Kindy socks, shaïwear, total look diesel, WUSHU SHOES, Pampril orange, weetabix, Candia, Motorola on pocket, Dirtydog on the nose, Twingo or not twingo ? Big Jim n’a pas de complexe avec les cheap tiny cars. DAEWOO AGC 7700 RDS 4X40 Watts, Shane Cough dans la fente.

Si j'étais un homme je serais une Fashion victim, surtout victime.

17 février 2006

Menu du jour

Je reviens sans avoir dit au revoir, sans avoir même refermer la porte, je me fais l’effet d’arriver sans dire bonjour avec l’espoir de me faufiler au fond à gauche pour faire comme si. Pour faire comme si je n’étais jamais sortie. Comme ça je n’aurais pas d’explication à donner, pas de mot d’excuse pour mon retard, pas de colle le mercredi.

C’est bizarre cette impression de n’être pas complètement apprivoisée à ces murs, de n’être qu’une visiteuse toujours un peu surprise et engoncée dans son manteau. Peut-être est-ce dû à mon côté intermittente de la sphère virtuelle… très intermittente ? Un manque d’habitude, de temps, de talent ?
M’enfin c’est qui le capitaine !

En fait si, je vais le dire. La vie de l’autre côté du miroir est envahissante et j’adore ça me perdre dans l’efficace et le coup de rein. Et puis ici, sur cette surface brillante où je ne vois que mon nez, flou et démesuré, je me demande vraiment si c’est une question de foi ou bien de discipline, la productivité blogesque.
Il n’y a pas 36 formes de blogsn enfin si mais il y a quand même des grandes familles repérables : le cahier intime qui cartographie l’humeur de son propriétaire ; l’analytique du genre "magazine" pro qui dissèque en journaliste, rassemble des données, réfléchit, thématise, se rassemble en collectif ; l’artiste qui expose, cherche, livre, donne à voir, à lire et à penser ; celui qui clignote, qui fait bouger de l'image ou bien l’audioblog qui pimente ses galettes d’un commentaire salé et/ou documenté ; et enfin le professionnel du divertissement qui ne veut rien moins que de se faire plaisir avant tout pour faire plaisir ensuite.*
Evidemment ces grandes tendances peuvent loucher sur les catégories voisines et les genres se mélangent, mais il me semble que coincée dans la seule chose que je sais faire, parler de moi, j’épuise forcément le genre très rapidement. Parce qu’en plus je n’ai pas choisi de parler régulièrement de mes vicissitudes quotidiennes. Certains le font avec goût.

Alors j’hésite, je finirai sûrement dans un avenir proche par poster des onomatopées, des grognements accompagnés - tout de même ! - de téléchargements à durées limitées ou bien le menu de mes repas. Le gâtisme à la sauce égotique ne me ratera pas, je le sens. Le pire, que ce soit une question de foi ou de discipline, je ne veux pas lâcher l’affaire ! Je ne suis pas fervente, je ne suis pas très disciplinée, en plus je ne suis pas gentille, à la limite, pas sympathique non plus dans le sens où je ne sais pas faire l’animation (comment ça, ça s’est vu ?)

Le faux journal intime qu’est mon blog, suivra donc sa seule ligne éditoriale capable de s’auto-alimenter sans organisation : le linéaire de mes envies opportunistes. Forcément, il me révèle déjà mes propres limites, pour l’instant je me retiens d’écrire du pire, du non construit (à peu près), si je m’accroche donc, je cours vers l’hermétisme le plus total. Je verrai, je trouverai peut-être enfin une orientation ? D’ailleurs je ne sais même pas trop ce que je cherche.
C’est marrant comme on s’est tous posé cette question à un moment ou à un autre dans notre activité bloguesque. Ce n’est donc forcément pas quelque chose de naturel ou d’anodin.

* Bon alors le blog d'Alain Juppé c'est quoi ?