22 février 2006

Conte (deuxième partie)

Un jour, un numéro perdu dans la nuit des temps, fit entendre sa voix : et si je décidais de ne pas me reproduire ?

- Ben en fait, on a toujours eu le choix, mais je t’assure, ce choix-là n’est pas le bon, répondit un autre.

- Ah vraiment ?

- Oui, tu mourrais pour rien sinon.

- ça alors, elle est bien bonne celle-là ! Sinon quoi ? pour rien ou pour quelque chose, je mourrais, alors..!

- … alors il vaut mieux mourir pour quelque chose.

- Qui l’a dit ?

- Personne, le bon sens ! L’histoire que nous sommes en train d’écrire, le futur…

- Moi, en fait, j’en ai un autre de bon sens.

- Ah oui, lequel ?

- L’amour, la liberté, l’individualité, mon demain, mon futur, ma vie. Je veux que personne d’autre ne meure après moi.

- Tu n’y arriveras pas.

- J’y arriverai à mon échelle.

- Mais tu voudras changer d’échelle un jour.

- J’ai déjà des racines ! Je veux juste m’étaler à la surface, envahir mes possibilités.

Après des Bon !, des Bien !, des très bien !, des fort bien ! l’individualité finit par se faire une petite place dans ce corps aux milliers de têtes.

Un autre jour, ces mêmes protagonistes se recroisèrent :

- Alors t’en es où dans ton individualité ?

- Ah mais je ne dis plus je, je dis « on » ; j’ai trouvé l’amour.

- C’est vrai tu disais que le bon sens qui te guidait était : l’amour, la liberté, l’individualité, ton demain, ton futur, ta vie. Seulement, maintenant que tu as trouvé l’amour, maintenant que tu conjugues le « deux », qu’en est-il de ta liberté, de ton individualité, de ton demain et de ton futur ?

- En fait, pas grand-chose n’a changé, sauf que maintenant j’ai peur de perdre ce que j’ai.
- D’accord, rien n’a changé… je pensais que d’être deux était devenu trop petit pour toi maintenant.

- Tu sais je comprends ce que tu veux dire… je comprends même le bon sens du monde. Mais je ne désire pas m’inscrire de cette façon. Je me concentre sur ce 2 que je suis devenu, et je veux l’explorer jusqu’à la fin parce qu’il y aura une fin, même si je ne veux pas, même si j’ai peur, et je ne veux pas collectionner la peur. J’ai mêlé mes racines aux siennes et nous avons nos propres histoires à démêler, elles nous servent à grandir encore et quand nous aurons grandi, nous aurons des racines pour deux.

- Tu veux arrêter ton histoire ?

- Oui je crois que je veux arrêter mon histoire.

(NB : Ne cherchez pas la première partie, elle n'est pas ici)

18 février 2006

Ah si j'étais un homme


Aujourd’hui je sors Big Jim, j’ai brûlé Barbie.

Wake up and kleenex, Colgate, Tahiti douche, Fructis 2 en 1, Gillette mach 3, Nivéa for men, Drakar Noir, Lotus triple épaisseur, Athéna free style, Kindy socks, shaïwear, total look diesel, WUSHU SHOES, Pampril orange, weetabix, Candia, Motorola on pocket, Dirtydog on the nose, Twingo or not twingo ? Big Jim n’a pas de complexe avec les cheap tiny cars. DAEWOO AGC 7700 RDS 4X40 Watts, Shane Cough dans la fente.

Si j'étais un homme je serais une Fashion victim, surtout victime.

17 février 2006

Menu du jour

Je reviens sans avoir dit au revoir, sans avoir même refermer la porte, je me fais l’effet d’arriver sans dire bonjour avec l’espoir de me faufiler au fond à gauche pour faire comme si. Pour faire comme si je n’étais jamais sortie. Comme ça je n’aurais pas d’explication à donner, pas de mot d’excuse pour mon retard, pas de colle le mercredi.

C’est bizarre cette impression de n’être pas complètement apprivoisée à ces murs, de n’être qu’une visiteuse toujours un peu surprise et engoncée dans son manteau. Peut-être est-ce dû à mon côté intermittente de la sphère virtuelle… très intermittente ? Un manque d’habitude, de temps, de talent ?
M’enfin c’est qui le capitaine !

En fait si, je vais le dire. La vie de l’autre côté du miroir est envahissante et j’adore ça me perdre dans l’efficace et le coup de rein. Et puis ici, sur cette surface brillante où je ne vois que mon nez, flou et démesuré, je me demande vraiment si c’est une question de foi ou bien de discipline, la productivité blogesque.
Il n’y a pas 36 formes de blogsn enfin si mais il y a quand même des grandes familles repérables : le cahier intime qui cartographie l’humeur de son propriétaire ; l’analytique du genre "magazine" pro qui dissèque en journaliste, rassemble des données, réfléchit, thématise, se rassemble en collectif ; l’artiste qui expose, cherche, livre, donne à voir, à lire et à penser ; celui qui clignote, qui fait bouger de l'image ou bien l’audioblog qui pimente ses galettes d’un commentaire salé et/ou documenté ; et enfin le professionnel du divertissement qui ne veut rien moins que de se faire plaisir avant tout pour faire plaisir ensuite.*
Evidemment ces grandes tendances peuvent loucher sur les catégories voisines et les genres se mélangent, mais il me semble que coincée dans la seule chose que je sais faire, parler de moi, j’épuise forcément le genre très rapidement. Parce qu’en plus je n’ai pas choisi de parler régulièrement de mes vicissitudes quotidiennes. Certains le font avec goût.

Alors j’hésite, je finirai sûrement dans un avenir proche par poster des onomatopées, des grognements accompagnés - tout de même ! - de téléchargements à durées limitées ou bien le menu de mes repas. Le gâtisme à la sauce égotique ne me ratera pas, je le sens. Le pire, que ce soit une question de foi ou de discipline, je ne veux pas lâcher l’affaire ! Je ne suis pas fervente, je ne suis pas très disciplinée, en plus je ne suis pas gentille, à la limite, pas sympathique non plus dans le sens où je ne sais pas faire l’animation (comment ça, ça s’est vu ?)

Le faux journal intime qu’est mon blog, suivra donc sa seule ligne éditoriale capable de s’auto-alimenter sans organisation : le linéaire de mes envies opportunistes. Forcément, il me révèle déjà mes propres limites, pour l’instant je me retiens d’écrire du pire, du non construit (à peu près), si je m’accroche donc, je cours vers l’hermétisme le plus total. Je verrai, je trouverai peut-être enfin une orientation ? D’ailleurs je ne sais même pas trop ce que je cherche.
C’est marrant comme on s’est tous posé cette question à un moment ou à un autre dans notre activité bloguesque. Ce n’est donc forcément pas quelque chose de naturel ou d’anodin.

* Bon alors le blog d'Alain Juppé c'est quoi ?

03 février 2006

Remis à neuf

Souvenir d'un désordre passager.

J'ai donc refermé les capuchons, nettoyé les stylos qui fuyaient et enlevé le goudron des plumes. Je me rends compte que je commence àaccumuler une sacrée ménagerie dans mon pc, dans mes tiroirs, ça grouille de partout, j'avais même dessiné des moules pour un jeu qui ne sortira jamais. Si si, regardez bien sous la couche vaseuse. (en même temps un jeu avec des moules dans les premiers rôles...)

Le placo retrouve toute sa splendeur, prêt à être de nouveau recouvert par d'autres énervements.
Et puisque le ménage se fait en musique, musique donc ! (spéciale dédicace à Planty, très énervée elle aussi)

Shane Cough, l'Aiguille (album "Delight in Desire")


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Recyclages 2 des mots des sensations des images d'une histoire idiote

Demain je nettoie les murs, demain c'est presque samedi, ce soir c'est friday night fever. Et j'entends un écho qui me vient d'hier.

J’ai pris du temps, j’lai acheté à côté, sur le chemin au bout du couloir, ensemencé de doutes, comme mes cons de frères, au bout du rouleau de leurs idéaux, j’ai même parié du vent. J’ai perdu quelques soupirs d'envies, me suis réveillée plombée, le cerveau à l’envers deux ou trois mois par an. On se croirait à Noël devant le ventre de la dinde, au-devant des mots alignés en face de nos familles chéries - le cœur de nos vies - solidaires dans l’oubli de quelques heures, peut-être un peu plus et puis on va se coucher, les enfants ont grandi, ils n’ont plus de jouets mais des chèques gagne temps, des zéros surprises. Il faut faire semblant quelques jours par an, peut-être un poil plus. Ce n'est pas de la triche, juste de la tenue et du respect.

J’ai pris du silence, j’l’ai volé derrière, dans l’ombre de mes pas, celle que je ne vois pas lorsque j’avance face au jour. Le silence derrière, les grandeurs taries, les amours déchues, ceux qui vont rester, ceux qu'on ne verra plus, on n’a plus vingt ans, on gaspille maintenant, on ne rattrape pas. Que va-t-on faire du reste ? Que va-t-on devenir sans ces mille ans de rab?

Je vais chercher la vie ce week end, éclabousser mes feuilles de rouge vif, éclater mon rire sur le mur du son, briser la ligne de cette paume pour y glisser des notes et des croches. Je vais foutre ma vieille peau un peu triste d’aujourd’hui au pressing, assembler des lambeaux de cuir sur des talons un peu hauts, et faire monter le beat. Enfin je vais brailler mon spleen sur le bord de mes nuits électriques.

Alors donc les mots d'il n'y a pas si longtemps résonnent jusqu'ici. Je ne change décidément pas*. Besoin de fureur artificielle pour me sentir superoversuperficielle.

* Ah si, quand même, j'ai arrêté de fumer, ceci expliquant sûrement cela, ici et maintenant.

02 février 2006

Et voilà

Fallait bien que ça arrive un jour, j'ai crabouillé tous mes dessins.

01 février 2006

Recyclages 1 des mots des sensations des images de l’histoire


Je suis aveugle et sourde, je ne parle plus la raison.
Et quand bien même je devrais m’anéantir sur le ciel qui nous tombe sur la terre et la mer qui déborde sur la terre et la terre qui s’entrechoque sur son sol et les déserts qui vomissent des virgules d’êtres qui perdent le peu d’eux-mêmes contre des frontières dressées. Et puis aussi les silences mortels des campagnes et puis aussi les fureurs des villes. Et quand bien même je devrais, j’ai les idées envahies, je n’entends plus, je ne vois plus vraiment. Je suis une héroïne nouvelle, je sauve l’enfant malade avec des ours en peluche, je parraine une vie pour un euro, j’embrasse le journaliste qui ne s’est pas tu, qui est mort parfois, je regarde les gens marcher du fond de mon canapé, les banderoles énervées, je me secoue parce qu’on m’appelle, parce que j’ai des cases à cocher, des numéros d’urgence, de l’argent à envoyer, je n’ai pas à comprendre, je souffre à 20 heures, j’oublie à 21, je n’ai pas à juger plus de 1200 secondes par jour, j’ai les idées pré mâchées, je n’ai plus qu’à signer.
Oui, mais non, un hoquet, un éclair, j’ouvre la gueule, la pupille avec, et la bave dépensée est ma ligne de cœur palpitante chaude et fragile qui s’enroule sur quelques icebergs rescapés. Parce que.
Parce qu’on me donne quelques prétextes pour agir, la dopamine dans les veines, agit. Je me roule le nez humide, le poil brillant dans ma décharge d’actions quotidiennes, l’injustice en étendard, le doigt prêt à dégainer sur les numéros verts enregistrés. Ou bien je signe.
Donnez-moi l’illusion que j’appartiens bien au monde.
Donnez-moi le monde que je le sauve à l’autre bout de mon M16, pour ma liberté paraît-il, pour la justice qu’on m’impose, pour la colère borgne qui m’ébranle. Parce qu’on me dit que je peux tuer la peur, parce qu’on me souffle que je peux être cette héroïne.
Oui, mais non, pas celle-la. Je sursaute encore, je me demande qui sont les vrais héros.
Des ouvriers qui quittent leur usine de bombes "drôlement" intelligentes, les gens qui cherchent des réponses à côté des réponses qu'on leur donne, ceux qui n’oublient pas, ceux qui l'ouvrent.
J’ai le courage dicté, la philanthropie programmée, je le sais, ils me l’ont dit. Je la regarderai à la télé, je la lirai dans Ouest France, et peut-être même qu’elle clignotera sur libépointcom.

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