29 avril 2006

La vie c’est comme les voitures, elle passe… elle change ses modèles.


Comment rendre une tournée commerciale agréable ? En emmenant son ou sa chéri(e) dans les valises.
C’est donc ce que nous fîmes ces deux derniers jours. J’étais bien pliée en quatre entre la boussole et la chemise. Pas de cravate, non, nous ne visitons pas nos amis clients en cravate ; dans notre monde ça fait trop représentant belge la cravate, surtout accompagnée de la grosse mallette à roulettes et du bidon naissant à cause de cette foutue cigarette qu’on a arrêtée. Et c’est dans une tenue chic mais néanmoins décontractée que nous avons lancé l’assaut à la Bretagne voisine.
Parmi les règles du couple greffé, il y a celle-ci : « tu feras tout ce que fait l’autre, parce que sinon c’est pas juste ». Heureusement toute règle est aménageable mais alors il ne faut surtout pas oublier de toujours négocier le qui-fait-quoi surtout surtout avant de monter dans LE nouveau pousse-croupion pour vieux (terrrrrrible, nous avons troqué la Twingo contre une Scénic, bien plus moche, bien plus confortable, bien plus familiale. J’aurai ainsi tout le loisir de pondre un ou deux poussins à l’arrière – il faut penser à tout- ce sont mes parents qui le disent, tout à fait rassurés sur notre choix de voiture), sous peine de se retrouver à prospecter dans les rues de Rennes les poches remplies de catalogues et de cartes de visites. Pas très agréable quand on pensait rester à la place du co-pilote, et occuper les fonctions de DJ préparateur de commande (le stock est dans le coffre) responsable des bouteilles d’eau, écrivaillon rêveur du temps à perdre, une oreille à peine tendue sur Praxis, un œil recroquevillé sur son petit cahier et surveillant les distributeurs de papillons de l’autre.
Mais j’avais bien négocié, je suis restée sagement assise protégeant la voiture et son contenu, la déplaçant quand il le fallait, la rapprochant amoureusement de mon meilleur vendeur du mois.
Après, c’est après, le travail étant terminé : direction Vannes puis Carnac. Nous avions envie de mer et de pierres.

Vannes est la ville de nos vacances d’enfants celle des glaces et des crêpes sur le port, la ville refuge lorsqu’il pleuvait sur l’île. Nous étions chaque été les prisonniers consentants d’une île jetée à 50 m du continent. Une crotte de terre de rochers et de pins dont il suffisait pour y échapper, de nager un peu de prendre la barque ou d’attendre que la mer se retire. Souvent nous n’attendions pas assez et nous mouillions le bas du pantalon ou le bas des pneus de la R16 rouge intérieur skaï noir. Mes parents ont eu du cuir mais beaucoup plus tard avec leurs R20 quand ils sont devenus notables de province.

Alors quand je retourne à Vannes à bord de ma propre Titine je me sens aussi affranchie qu’un zeste accablée.

21 avril 2006

Tic et tac, bourre et bourre et ra-ta-tam


Maintenant que l’on s’est serré si fort, va-t-on s’aimer tout court ? Est-ce cela que l’on cherche jusqu’à la fin de nos jours ? Moi je. J’ai. Je veux. J’ai juste envie d’être greffée encore, continuer cette mutation binomiale jusqu’à la symbiose totale, mais vais-je y laisser ma peau trop petite dans cette jouissante et douloureuse vie de chair et d’attentes ? Chacun nos pulls, savons, chacun nos pensées, nos goûts, nos vertèbres.

Le sexe est un loisir envahissant. On s’emporte vite, on s’use si vite. Dix sept milles jours dix sept milles nuits, trente-six minutes trente-six secondes de tics et de tacs contre nos ventres, d’horloges qui s’égarent sous les draps, d’aiguilles qui remontent ses seins son torse et leurs bras.Trop étreints, trop long, trop court, trop rapide, trop souvent, trop vus, trop sentis, trop goûtés. Pas assez.
Comment allons nous prendre notre temps, comment allons-nous le tuer. Comment allons-nous mettre nos vêtements de grands. On va casser, dis, les montres et arrêter de pourrir ?
Le sexe est un loisir envahissant, un radar plus ou moins bien huilé, un incident graveleux, un pente sensible, quelques paramètres complexes, une confusion extrême, dans une cabine à sou, ou celle d’un routier long courrier. Le radar plus ou moins bien huilé de nos vies multiples, un acte de bravoure, inavouable, attendu dans une robe blanche, de soumission sous anesthésies ou des raideurs avalées en comprimés bleus.
C’est surtout un peu de temps bouffé lorsque dans ses pupilles se dilate la bouillie d’hier et de demain. Cet instant où l’on se cherche autant que l’on s’égare comme des gros cons d’humains qui placent leur bonheur juste là le doigt sur ces instantanés, en gros plans contre plongés où l’on fourre profond son œil jusqu’à l’âme et qui ne délivrent pas même de tout le mal que l’on se fait. Que l’on continuera à se faire.
Et si ce n’est pas du temps qu’on gagne c’est ce plaisir qu’on ne veut pas perdre. Avec lui.

18 avril 2006

On the radio

Je crois avoir réussi un tour de force : mettre une radio ici, à droite, en haut, avec de la musique à moi que j'aime pas mal, beaucoup, passionnément, qui se lance, normalement, quand vous double cliquez sur le titre. Tout ça, après avoir lu quelques explications ici et là surtout , puis compris, puis installé le pack, musiques comprises en moins de trois heures... huhuhu. Tout ça en fermant les yeux de mon coeur sur la gravité de la chose parce que ce ne serait pas "très" légal. Enfin mon coeur me dit que ça ne l'est pas trop - pas trop c'est moins grave que pas - et comme chacun sait le coeur a ses raisons que la raison ne connaît pas... A l'instar de centaines de milliers de propriétaires de blogs je suis donc décidément peu informée et totalement inconsciente.
Sinon voyons les choses sous un angle plus agréable, je vous invite chez moi, voulez-vous ? J'ai donc acheté tous ces disques
- ce qui est strictement la vérité - que vous admirez déjà et nous prenons un verre la soirée démarrant sagement. Maintenant que vous êtes chauds je veux vous faire partager ces quelques pépites... que vous vous empresserez d'acheter en toute connaissance de cause, désormais et grâce à moi, achat d'autant plus justifié puisque vous évitez soigneusement de me demander de vous les copier. Délicats que vous êtes. Si si.
Et puis d'abord ici, (oublions les canapés de mon loft) vous ne pouvez pas les enregistrer ! Non non. Regardez moi dans les yeux. Non, vous ne pouvez pas.
Parenthèse fermée.

A présent que dire sur le contenu, vous avez du bruit qui hurle et d'autres plus soyeux qui susurrent, dès fois c'est très drôle (écowar de Tagada Jones), funky pour bouger joyeusement, dès fois c’est impossible tout du moins en public, il y a et aura des titres très connus (la mouche) des fois non et, logiquement, ce programme devrait évoluer, étant assez impitoyable et intransigeante vis-à-vis de mes amours musicaux. Certains m'ont foudroyée cependant. Il s'agit d'un noyau irréductible : Praxis, Led Zep et Faith No More/Mr Bungle.
Pour le moment, ne cherchez ni Praxis ni le zeppelin sur la playlist de ce soir, je suis bizarre je sais, mais curieusement je ne les ai pas mis dans cette première fournée. Ne vous réjouissez pas longtemps, surtout pour le premier cité, vous n'allez pas y échapper. Vous aurez mal, c'est certain, mais je crois que l'on peut zapper... D'ores et déjà, bon courage.

15 avril 2006

Bêta-physique


Je suis assise sur une grosse pomme, gentiment visitée par trois muses girondes qui ne cessent de taquiner l’univers tout autour.

D’une je tiens ma hauteur, elle m’étire, m’accroche à quelques cellules qui s’organisent dans l’amplitude qui me referme. C’est dans toute ma largeur, que cet univers croît, rien ne serait sans l’espace qui m’habite et qui joue des coudes avec mon bordel sans limite.

D’une autre j'attrape ma gravité, elle m’attache au sol, et sculpte la dimension dans laquelle je laisse une trace. Sans elle je ne serais qu’images, quelques pixels évanescents sans aucune preuve tangible de mon existence. A cet instant je comprends que le poids de ma vie est égal à celle d’une éponge.

De la dernière je choppe ma conscience, elle me jette au monde et me donne des balises et des marées. Sans le chronomètre qui tic-taque, je ne pourrais étaler la moindre des pensées, et du chaos ne surnageraient que des souvenirs jamais nés semblables à des rêves instantanés dépourvus de réveil.

Et peut être peut être, que mes rêveries diurnes ne valent pas mieux que celles de millions d’anémones et de lichen marins.

Sur ma grosse pomme, je me suis bien installée, j’ai allongé les pieds, puis j’attends maintenant qu’on vienne me parler d’art.

10 avril 2006

Echelle Féline : 8

Hahaha, un billet sur mon chat. Le voilà donc.

Parmi les critères qui décrètent qu’un blog est captivant ou pas, le chat est l’échelle la plus puissante.
Par exemple une photo rigolote d’un matou coincé dans une machine à laver vaut 5 en tant que sujet inintéressant, mais l’histoire qui rapporte les aventures d’un chat un peu con ça vaut un bon 8 surtout quand ledit chat parle dedans – et, il faut bien le dire – on tombe à ce moment dans les bas-fond les plus désespérants de l’amateurisme sans idée ; pire, ça sent la province triste, le blog terroir avec une salle des fêtes coincée derrière les chiottes de l’église, celui qui n’a ni boîtes de jazz, ni rues un peu chaudes où se presseraient les people.

Alors sans rire, 8 ou 1 sur l’échelle du chat, au final, peu importe, cette histoire avec un chat dedans, elle est vachement grave, et il en va de mon équilibre mental et de mon intégrité physique.

Encore plus vrai que ce foutu chat, il y a aussi un foutu piaf qui me réveille maintenant depuis presque un mois.
Il a d'abord commencé à 6 h et des brouettes, et tous les jours il décale de quelques minutes. Ce matin donc à 5h50 il sortait le clairon. Pendant une heure ça vrille des notes suraiguës, ça lance des éclairs blancs dans ma tête, j’vous jure ! Une heure… je ne sais pas pourquoi il s’égosille pendant une heure pré-ci-sé-ment. Peut-être qu’il rappelle tous les retardataires sortis à une rave champêtre, genre grouillez vous les gars et les filles il va faire jour et vous avez tout salopé. Je favoriserais plutôt l’hypothèse d’une parade amoureuse destinée à une oiselle très sourdingue qui habite encore chez ses parents à quelques 500 mètres de là. Très sourdingue et longue à la comprenette. Ou pas intéressée.

Une heure quand même !
Forcément le félin de la maison qui surveille de sa fenêtre son toit et le jardin d’à côté, n’en peut plus. Alors en plus des cuicuipiipii stridents à damner Céline Dion, il y a les kainkainkain plaintifs du chat aux proies aux plus douloureuses des épreuves : la patience et l’appel de la nature. Ses babines s’agitent dans des rictus dévoilant des canines bien entretenues, les moustaches électrifiées et la queue qui voumvoumvoum balaie nerveusement, le tout se concentrant en une machine à tuer sous pression qui tente l’Unagi contre cette putain de fenêtre fermée ! Mais il n’y a que Dieu qui peut l’ouvrir cette fenêtre, et Dieu c’est Naninounette.

Je l’entends, il me supplie bientôt : « je fais l’Unagi sur la poignée et ça ne fonctionne pas, je fais l’Unagi sur cet enfoiré qui piaille mais il ne pipe que dalle, Dieu, aide moi ! Je vais le buter ce ptit con. J’te jure Dieu, il a dû attraper le CPE, y a pas moyen, faut qu’il arrête de gueuler, c’est pour son bien ». William est très informé, on croit qu’il dort pendant le journal télé, mais pas du tout, et il a très peur que tous les oiseaux du coin chopent le CPE. Un monde sans oiseau ce serait un peu un monde sans jardins d’à côté, sans toits, sans voitures qui se garent le long des trottoirs, là il y en une, ah ici c’est celle de Dieu, oh une nouvelle, et là aussi, celle-ci je la connais et là aussi, et encore là…

Alors je descends, j’emprunte hagard et auréolée de brume ce même escalier qu’a emprunté mon cher et tendre il y a quelques semaines pour les mêmes raisons et qui a failli se tuer à cause d’un pas mal assuré mêlé à la contrariété d’une nuit écourtée. Et je tombe. Tout pareil. Là je produis les même sortes de bruits Kung-Fu que William émet lors de ses rencontres open avec des concurrents de gouttières mitoyennes. En général les adversaires sont front contre front, et bougent très lentement, moi je bougeais très lentement aussi, mais mon front embrassait les barreaux.

Le pire, c’est qu’après s’est joué le remake de Sauver Willy.
Le colibri n’était pas malade finalement, et plutôt en forme, c’était une sorte de ptérodactyle obèse gros comme ça paraît il, élevé au maïs transgénique et fluorescent dans la lueur fragile du matin blême.
Maintenant matou est rentré de sa chasse aux mouches, il essaie de dormir dans le canapé, mais tiens qu'il imagine seulement pouvoir… hahahahahaha….

Là !





Transformée en framboise.
Non en fait, en glace fraise/pistache.

02 avril 2006

Des noeuds



Sur la terrasse de ma grand-mère presque centenaire, quelques plantes opportunistes se sont mêlées au souvenir d'un arbre deux fois plus vieux.

01 avril 2006

Hello Dolly Prane

J’ai vu des autochtones qui traînaient de pauvres gamins à l’école.

Je veux pas me reproduire. C’est pour la bonne cause. Je collectionne le sperme de mon chéri dans des petits sacs en plastique.

J’ai vu d’anciens dinosaures lâcher leurs fientes nucléaires sur les bancs publics.

J’aime pas les oiseaux, ceux-là sont toujours au sol à fouiller dans la merde, sont même plus foutus d’attraper les insectes en vol.

J’ai fait le plein de couples qui ne se parlaient pas. Les yeux rivés sur du meilleur. Overdose de silences qui ne veulent même plus rien dire.

J’aime pas les gens qui restent par lâcheté.

J’aime bien cataloguer quand je suis d’une humeur exécrable, j’aime bien être injuste, tiens j'aime bien me sentir si malheureuse.

J’étais pourtant très jolie.

Pourtant le pire n’était pas arrivé, c’est quand je me suis prise la porte de mon bureau que j’ai regretté les pigeons, les gens moches et les pleurs des nains.

Game over ? Shoot again ?

Je suis le monde qui attend de nouveau. Je vais attendre quelques chose qui tombe de je ne sais où, je ne vais pas courir, je ne vais pas mettre d’échelles sous des fenêtres. Je vais attendre qu’on vienne me chercher. Je suis assez sereine.

Et même si l’attente c’est donner trop de pouvoir au temps qui efface, arrange, dérange, donne des points aveuglément, je vais lui faire confiance et m’asseoir.

Je suis curieuse de voir si je vais me lasser au bout du point à la ligne. Je vais juste reprendre des protéines, ça peut servir encore.