11 mars 2007

Alors


Je me rappelle pendant ces vacances j’ai dit tiens c’est bon le soleil là c’est plein de vitamine D3, alors qu’au fond je m’en balance de cette foutue synthèse biochimique, je progresse les yeux fermés, la douceur bien accrochée sur la joue accompagnant un instant de volupté, j’espère les paupières toujours baissées éviter deux ou trois reliefs et oublier dix-sept milles journées passées. J’ai dit les yeux bien ouverts cette fois les travaux du tramway avançent les commerçants doivent reprendre confiance, alors qu’au fond je m’en fous de leur perte de clientèle de leur problème de parking et de leur moral qui flanche. Chacun son relief, ses creux ou ses pic, le pied droit pour se lever, le matin pour gagner, le pied gauche pour la merde ou le bon rythme pour avancer. Je me balade sur le chantier, je sautille à rebrousse poil, un reliquat de boulot au fond des galoches, mais bien vite je m’aperçois qu’il y a des grottes sous les rails alors je pousse très fort sur mes talons et je bondis plus haut.

Je ne partage pas mes catastrophes, alors pendant ces vacances les joues tiédies j’ai reluqué mes réussites en zigzagant sur la chaussée.
Je ne partage pas mon repos de guerrière, alors pendant ces vacances j’ai déposé les armes sans rien dire à personne, j’ai tordu le cou aux projets, à la comptable, au Maroc, à ces putains de jeux, j’ai achevé les grand-mères douloureuses, arraché les tripes de mon ordinateur, cramé les appels d’offre. Je me suis baladée dans les boyaux de la ville, j’ai parcouru son puzzle en vrac et j’ai siffloté rien à foutre devant les vitrines vidées.

Pendant ces vacances, j’ai dit d’autres choses qui me laissaient froide dedans alors que mon écorce se réchauffait. J’ai soupiré quelques poncifs au milieu de cette conversation idiote mêlant la parole automatique aux gestes mécaniques alors que mes ronrons grandissaient à l’intérieur et que je m’agitais comme une gosse après trois fois rien de plaisir. J’ai oublié la plupart de ces mots inutiles mais je me rappelle la chaleur sur mes joues et ce printemps qui naît. Et ouais le tramway avance il n’y aura bientôt plus de grottes par contre on retrouvera nos places de stationnement.