19 juin 2007

Michel Gondry forever - La super science des rêves





Michel Gondry si tu passes par là sache que je te remercie pour ces bouts de ficelle que tu as rêvés. Ouais vraiment un beau cadeau que tu m’offres à moi et à mon chéri de Stéphane. Enfin presque mais puisque le rêve fait vivre…


Que je vous explique : Les héros du film La science des rêves – Stéphane et Stéphanie – je ne sais quelle muse lui a soufflé cette bonne idée, mais en voilà une qu’elle est bonne - sont jeunes, beaux, terriblement ludiques et inspirés. Voisins de paliers qui jouent à chat et à la souris dans un foutoir lunaire, le garçon a une curieuse maladie, il rêve sa vie tout en carton et est amoureux de la fille. Elle c'est une fille alors elle n'est pas très sûre d'elle.


On croirait presque Bidou et moi tombés dans une marmite remplie de dés, cartes pas'd'chance, pions et sorts en tout genres, il y a quelques années. Aujourd’hui nous courons un peu moins vite derrière nos rêves et nous sommes un peu moins beaux, les Steph ont arrêté de fumer, ont pris quelques kilos mais scotchent toujours leurs projets avec des bouts de ficelle et un zeste de galère pour le fun. Galérer, ça fait plus artiste.

Enfin bref... Le film invite à projeter nos songes, à devenir Pythie, à fouiller nos souvenirs. Un azimutage en règle, poésie sous électrochocs, concertos de bidouilles et pistons, c’est sur cette ligne de folie douce que se construit le film. Mieux : Michel a emprunté mes hélices en carton pour faire décoller toute cette machinerie bricolée. Mais si, mais si !


Nous nous agitons au centre d’une toile, peinte, arachnéenne ou virtuelle - peu importe : c’est un peu comme si les Monty Python s’installaient au banquet d’un Festin Nu, le délire tiendrait du cadavre exquis. Exquis mais pas gnangnan et Chabat est extra. Y a toujours un type ou une situation grotesque chez Gondry qui rééquilibre le lyrisme, un bon ancrage au sol pour éviter que la midinette qui sommeille en nous ne s’englue dans un chabadabada hollywoodien. Celui qui nous rappelle que nous ne sommes que des boyaux est donc Guy-Alain Chabat, formidable philosophe du quotidien et conseiller judicieux de Stéphane. Le Guy du film c’est la vie qui s’entrechoque au rêve pour devenir parfois plus burlesque que le rêve lui-même.


Voilà j’interroge les viscères de ce film et j’y vois un gosse, génial touche à tout, qui a grandi en se forgeant des armes redoutables : l’autodérision comme clé de l’univers. Si moi je crâne en faisant croire que j’ai compris un peu le film, Gondry lui a ce talent de nous donner confiance en nos propres visions, les interprétations sont sans doute nombreuses et les trouvailles visuelles proviennent souvent de références qui n’appartiennent qu’à lui mais il nous laisse une marge à côté de sa propre histoire. On en sort emmêlé et c’est un vrai plaisir.

Moi, à un mec comme ça je confierais sans soucis mes deux enfants qui n’existent pas. Michel Gondry en inspecteur Gadget d’un côté et la clé de l’univers dans la poche pour que mes chérubins Terreur et Contamine poussent un poil de travers, débordent de leur pot limbique, pour qu’ils croissent sous la flûte enchantée d’Edmond, le mien de tonton, professeur Tournesol sur les bords, pour qu’il dévalent la pente de Chaville en caisse à savon poursuivis par William mon chat à une couille. Ouais c’est presque ça. Caisse à savon à réacteur ou bien à hélices, j’en ai, des rêves, et plein les doigts.

Alors quoi, si je n’es pas été très claire là-dessus, je le dis maintenant : ce film est un trésor et au moment où l’on croit qu’on va s’ennuyer, parce que les bidules de Gondry ne sont plus tout à fait des surprises, le rythme se détend pour laisser la réflexion surgir, on est alors moins dans le spectacle et là se pose la voix de Dick Annegarn.
J’ai un regret toutefois, ce film est un peu trop court aux emmanchures et je le verrais bien en format mini-série, oui c’est une drôle d’idée, les personnages sont tellement truculents qu’ils mériteraient que Gondry les étoffe dans la durée.Ah et puis un autre truc, entendre « Stéphanie » prononcé avec l’accent de Gael Garcia Bernal (Stéphane), ça le fait…