09 septembre 2010

Chambres lointaines


Nous laissons aux hôtels nos empreintes fulgurantes. Comment inscrit-on nos vies en deux jours et quelques ? Quel songe creuser, quel acte réciter ? Quel plis de drap s’est-il noué, ou dénoué ou tombé ? A nos pieds, dénudés dans les hautes glaces étrangères, nos corps presque inconnus glissent sur les parquets déjà foulés, frôlés par d’autres corps glissés. Sur nos corps retrouvés se jouent les sommeils nouveaux, sur les corps échoués les limites se retroussent. Vite ! Le temps des hôtels nous pressent et nous invitent à nourrir plus fort nos amours, nos haines, nos angoisses, nos espoirs.

17 avril 2010

Mamie

Dimanche dernier la famille vint la voir dans sa chambre.
Comme à chaque temps forts où les traditions religieuses donnent également aux familles non pratiquantes voire athées une occasion de se réunir et de perpétuer des gestes ludiques débarrassés de sens liturgique. Alors, après la chasse aux oeufs, nous lui avons apporté quelques uns de nos butins et elle semblait apprécier les petites bouchées de chocolat que maman lui faisait avaler.
Le 13 avril 2010 Giselle ferme la bouche et décide de la fermer jusqu'à épuisement total de son corps.
Aujourd'hui elle refuse toujours de s'alimenter et les tuyaux qui la branchent l'empêchent juste de souffrir. Papa, maman, elle, nous tous attendons.

Depuis trois ans elle attend dans son lit où on la couche à 15 heures et depuis quatre jours c'est la première fois qu'elle décide enfin quelque chose pour elle.
Elle est forte mamizelle.