Happy Days
Et là, tout de suite, en mettant le contact sur Blogger, je bouillonnais d’idées. Cinq jours d’effervescence télévisuelle ça fout la pression forcément.
En vrai, j’ai hésité à écrire cette note sur les maisons de vieillards impotents et ma grand-mère maternelle qui bave depuis son AVC, qui pleure quand on la surprend dans un couloir parce qu’elle a cette émotion joyeuse de retrouver des gens qu’elle aime mais aussi des gens qui l’écoutent et qui lui parlent, elle qu’on ne regarde que trop peu. Tellement peu qu’elle pleure de honte parce que la deuxième chose qu’elle nous mâchonne après un si on allait bien, c’est « est-ce qu’une jeune fille peut m’emmener au cabinet, j’ai envie depuis une heure ». J’aurais pu raconter comment je roule ma mamie en larmes à travers les couloirs, comment je roule à toute allure à la recherche d’une jeune fille, parce qu’elle pleure, parce qu’elle bave, parce qu’elle n’a plus de mouchoir. Et pendant que je la pousse, me viennent des envies de fric, de réussites, soudain la nécessité d’avoir les moyens se fait urgente, d’avoir le bras long, la carrure, les solutions, l’envie de la sortir d’ici, aussi, mais pour où, l’urgence d’avoir beaucoup de fric pour échapper à ça. Pas comme ça. Que mes parents ne vivent pas ça. Lui et moi, non plus.
Oui mais non. J’ai hésité à écrire cette note sur les hôpitaux qui ont un effet bénéfique sur mon transit dès que j’y mets les pieds en ce moment. C’est bien simple un panneau H me fait autant d’effet qu’un bol d’All Bran.
Oui mais non.
Alors donc, j’ai mieux, j’ai appris pendant ces cinq derniers jours de retraite que la télé me parlait ! Si ! Il suffit que je l’ouvre pour qu’elle m’envoie un signe, sur ma vie, sur mes projets. Tiens c’est bien simple, j’apprends que Malcolm et moi sommes tous les deux existentialistes, c’est bon à savoir parce que je ne compte pas terminer l’essai de Sartre dans les prochaines heures. Francis connaît pour la première fois depuis des centaines d’épisodes un coup de chance extraordinaire, il tombe sur des gens formidables qui ne le mènent pas en bateau. Pour ma part, j’ai la sensation que ça vient, si si ça vient.
Toutes les émissions Planète-J’irai-Dormir-Chez-Vous-Nicolas-Mulot se passent au Maroc, tous les films se tournent à Ouarzazate, tous les patineurs sur glace sans glace d’un show présenté par un animateur ex-comique qui ricane nerveusement à chaque applaudissement du public sont les sosies officiels du groupe de jeunes venu jouer chez nous hier. J’en avais la mâchoire qui tombait. Oui oui il y avait la même danseuse musaraigne aux cheveux rouges, le boulanger charcutier dans son marcel improbable et le ptit gars tout droit sorti d’Happy Days. Je m’attendais à tout instant à ce qu’ils se lancent dans une salsa déchaînée, un rock acrobatique par dessus les tables, mais non, ils ont joué sagement puis sont partis après avoir acheté 17000 boîtes de jeux (enfin presque). Evidemment si vous ne regardez pas cette extra-ordinaire émission sponsorisée par Pascal Sevran et Notre Temps vous ne pouvez pas comprendre pourquoi j'avais l'impression qu'il y avait des boules à facettes accrochées dans notre show room et un jury derrière la vitrine.
La télé est merveilleuse, je regarde le loto ce soir et j’évite les hôpitaux. D’une pierre deux coups.