02 mai 2008

Attention, lyrisme explicite à l’intérieur : Cédric Oheix.



Difficile après Julien Doré de donner à voir et à entendre au fond du canapé du salon. Cette année l’émission du mercredi en prime time s’enlise. Les chansons de groupe sont désastreuses, mal réglées. Mais aussi n’ai-je jamais aimé les chansons de groupe, mon côté individualiste certainement. Il y a moins de fun, moins d’inventions. Beaucoup de jeunes – pas mauvais - qui s’écoutent et se prennent beaucoup trop au sérieux. Du talent c’est vrai, j’en trouve chez une Amandine très hot dans son groove, un Benjamin qui met de la soul un peu partout. Mais surtout je le vois, cash, chez Cédric. Cash et honnête. Or être honnête paraît désuet et presque déplacé à l’heure de l’emballage bling bling. Parce qu’aujourd’hui il faut briller et puis se consumer. Vite.

Voilà un garçon respectueux, honnête donc, qui n’est pas ennuyeux pour autant. C’est un gentleman qui flirte avec un certain désespoir. Même s’il a la carrure pour verrouiller le pathos à deux balles. Il retient son côté sombre face caméra mais pas dans sa voix quand il chante. Il a le désespoir intelligent, c’est peut-être ce qu’il a de plus sexy.
Il me fait penser à l’homme au poncho, un cowboy philosophe et pragmatique. Marrant pour un marin. Peut-être que le point commun c’est le temps du voyage, la durée et le déplacement.

Cet éclairage m’est apparu comme un lampion d’arène mexicaine lors de son interprétation d’ « Emmenez-moi ». Il était une sorte de cowboy solitaire, là au milieu de la scène. Pas celui qui garde les vaches toute la journée et qui fait le tour de son ranch en soirée mais celui qui va au devant des emmerdes en toute connaissance de cause. Il y avait des accents « breliens » dans ces cris qui montaient, presque du flon-flon (le torero dans la lumière de l’arène, oui je sais je passe du cowboy au torero, sans prévenir, olééé !) et puis les accents sont devenus plus rock, plus libres, plus sauvages (le solitaire qui poursuit sa mission).
Non ce n’était pas parfait mais ce soir-là j’ai vécu une histoire assez étonnante.

Apprentissage, douleur et rédemption. Ce truc qui fait cogiter les hommes et les femmes qui veulent tenter l’aventure du bonheur, on ne peut pas l’appréhender avant un certain kilométrage. Il est pas tout jeune le Cédric, je suis bien placée pour le dire hein, j'ai le même âge. Alors il se connaît bien, c’est la contrepartie, il sait mener son cheval, il sait prendre du recul et je lui trouve une bonne dose d’auto-dérision.

Ce mec est un rocker dandy, il le reste même dans un répertoire de crooner (« I’ve got you under my skin »). Sur ce titre il a balancé un swing classe sans œillade insupportable, il est resté droit sans sur-jeu, droit dans son attitude, droit dans sa voix, si belle dans les graves. Il fait du bien dans ce programme. Mais je pense que tous ceux qui ont écouté ses morceaux sur son Myspace ont commencé à bouillir d’impatience. A quand le rock, le vrai, le dur celui qui s’écoute avec le bas-ventre ? Celui qu’il aime et que j’aime aussi, c’est-à-dire celui qui offre une belle palette avec des guitares héroïques, des basses infernales, une batterie en folie et surtout qui donne envie de s’énerver et sauter partout.

Il a répondu trois fois à l’appel du rock – français - pour le moment. Trois univers assez similaires : du sombre. Noir désir, Bashung, Axel Bauer. Avant-hier le dandy s’est lâché sur « Eteins la lumière ». Cédric sait bouger et le fait mmmhmm bien ! Il a transpiré, il a échangé avec les musiciens, il a souri à la fin, a eu l’air content ! En un mot, il a dû se faire plaisir (autant qu’on puisse se faire plaisir dans ce genre de compétition). Je pense qu’après deux visites dans des univers un peu tenus du collier, où il s’est risqué le cuir par deux fois avec Sinatra et Aznavour, il devait se sentir plus à l’aise dans ses santiags !
Mon coeur de midinette chavire je l'avoue, quand il crie. Mais comme il crie avec un sauvagerie toute intelligente... ouf l'honneur est sauf. Hahahaha !

Bon et maintenant à quand du Led Zep ? Bon anniversaire mec.

4 commentaires:

Unknown a dit…

Impressions des primes ici, je ne veux pas ouvrir d'autres articles pour l'instant au sujet de la nouvelle star...
...
Prime du 15 Mai :
La nouvelle Star ressort toujours ses mêmes ficelles, ses mêmes titres recyclés tous les deux ans, il faut un sacré show-man (show-woman) pour porter tout ça. L'émission l'avait trouvé en la personne de Julien Doré. Un concept à lui tout seul ce gars là... mais un concept hyper bien étudié ! Il apportait tout : look, gestuel, auto-dérision, folie et voix ! Estatof, Willem, en leur temps ont bien donné le change également.

Alors en ce qui concerne Cédric, je suis mitigée sur sa prestation d'hier. Par contre mon opinion sur lui ne change pas, il est cash, il est sans paillette et ça fait énormément de bien aussi après toutes les minauderies pas forcément talentueuses et hors sujet avec les chansons présentées (le maniérisme baroque de Julien Doré était, lui, toujours à propos).

Non, Cédric est dans un autre registre.

Il a l'air fatigué d'être là.
Peut-être fatigué par toutes les paillettes qu'on lui demande de mettre.

Je l'ai trouvé d'abord très en distance avec ce qu'il chantait (les deux morceaux). Puis à la deuxième écoute, j'ai ressenti les choses un peu différemment.
J'ai trouvé qu'il avait mis dans bloody sunday une félure très intéressante, très poignante. Il y avait des aigûs qu'il a exploité pour justement renforcer cette fragilité.
C'est vrai néanmoins il n'a pas été au bout, il ne l'a pas complétement porté cette chanson (trop courte ?), mais il y avait une intention que j'ai appréciée et dans ses déplacements sur scène il y avait un point de rupture brutale qui était bien vu... même si pas tout à fait maîtrisé là encore. Par contre je l'imagine très bien se lacher sur scène sur ces compos ! Sans aucun problème !!!

Sur "mon manège" je l'ai trouvé pas mal également, pas génial, mais pas mal. Mais là où il est fort c'est sur le recul qu'il peut avoir sur les chansons plus légères. Il n'est jamais, premier degré, il y a toujours une espèce de malice qui passe aussi bien dans le regard, le sourire ou bien le phrasé. Il l'a fait intelligente et amusée là où d'autre l'aurait faite éperdue ou bien franchouillarde.

Unknown a dit…

Prime du 21 Mai :
Son meilleur prime à mon avis malgré les 3 jours récoltés sur la Ceinture. Même si je comprends qu’on peut être déçu de ne pas avoir réentendu la version d’Elodie Frégé qui est un bijou de légèreté sensuelle, mais l’enjeu justement est de ne pas refaire. C’est une version virilisée que nous propose Cédric, Manoukian l’a bien compris. Coquine sans tortillage de cul pour cette histoire de ceinture doucement sulfureuse... souvent l'intelligence que l'on pose sur les mots est plus torride qu'un déhanché.

La chanson de Kylie Minogue Can't get you out of my head est une superbe reprise, une nonchalance sexy qui oscille entre les graves chauds et les aigus envoûtants parfaitement maîtrisés à la Chris Isaak.
Sa meilleure prestation jusqu’à présent.

waihili a dit…

Tes commentaires sont les mots les plus justes et les mieux écrits (ce qui est bien agréable : -) que j'ai lu sur le net, concernant les prestations de Cédric! Merci à toi! Trop de petites minettes hystériques dans les blogs :-)J'adhère totalement à ton analyse et je pense, moi aussi, qu'il doit s'ennuyer (et être fatigué des commentaires d'une Lio qui ferait mieux de prendre des cours de chants; le sommet étant atteind par la réflexion d'hier "Inutile" Je trouve Cédric très "class" face à sa ça et le soutien de Virginie Effira me fait du bien pour lui!

Unknown a dit…

Merci Waihili. Bienvenue !
Par contre il y en a d'autres des avis sans hystérie sur le net, je t'assure. :-)