Difficile après Julien Doré de donner à voir et à entendre au fond du canapé du salon. Cette année l’émission du mercredi en prime time s’enlise. Les chansons de groupe sont désastreuses, mal réglées. Mais aussi n’ai-je jamais aimé les chansons de groupe, mon côté individualiste certainement. Il y a moins de fun, moins d’inventions. Beaucoup de jeunes – pas mauvais - qui s’écoutent et se prennent beaucoup trop au sérieux. Du talent c’est vrai, j’en trouve chez une Amandine très hot dans son groove, un Benjamin qui met de la soul un peu partout. Mais surtout je le vois, cash, chez Cédric. Cash et honnête. Or être honnête paraît désuet et presque déplacé à l’heure de l’emballage bling bling. Parce qu’aujourd’hui il faut briller et puis se consumer. Vite.
Voilà un garçon respectueux, honnête donc, qui n’est pas ennuyeux pour autant. C’est un gentleman qui flirte avec un certain désespoir. Même s’il a la carrure pour verrouiller le pathos à deux balles. Il retient son côté sombre face caméra mais pas dans sa voix quand il chante. Il a le désespoir intelligent, c’est peut-être ce qu’il a de plus sexy.
Il me fait penser à l’homme au poncho, un cowboy philosophe et pragmatique. Marrant pour un marin. Peut-être que le point commun c’est le temps du voyage, la durée et le déplacement.
Cet éclairage m’est apparu comme un lampion d’arène mexicaine lors de son interprétation d’ « Emmenez-moi ». Il était une sorte de cowboy solitaire, là au milieu de la scène. Pas celui qui garde les vaches toute la journée et qui fait le tour de son ranch en soirée mais celui qui va au devant des emmerdes en toute connaissance de cause. Il y avait des accents « breliens » dans ces cris qui montaient, presque du flon-flon (le torero dans la lumière de l’arène, oui je sais je passe du cowboy au torero, sans prévenir, olééé !) et puis les accents sont devenus plus rock, plus libres, plus sauvages (le solitaire qui poursuit sa mission).
Non ce n’était pas parfait mais ce soir-là j’ai vécu une histoire assez étonnante.
Apprentissage, douleur et rédemption. Ce truc qui fait cogiter les hommes et les femmes qui veulent tenter l’aventure du bonheur, on ne peut pas l’appréhender avant un certain kilométrage. Il est pas tout jeune le Cédric, je suis bien placée pour le dire hein, j'ai le même âge. Alors il se connaît bien, c’est la contrepartie, il sait mener son cheval, il sait prendre du recul et je lui trouve une bonne dose d’auto-dérision.
Ce mec est un rocker dandy, il le reste même dans un répertoire de crooner (« I’ve got you under my skin »). Sur ce titre il a balancé un swing classe sans œillade insupportable, il est resté droit sans sur-jeu, droit dans son attitude, droit dans sa voix, si belle dans les graves. Il fait du bien dans ce programme. Mais je pense que tous ceux qui ont écouté ses morceaux sur son
Myspace ont commencé à bouillir d’impatience. A quand le rock, le vrai, le dur celui qui s’écoute avec le bas-ventre ? Celui qu’il aime et que j’aime aussi, c’est-à-dire celui qui offre une belle palette avec des guitares héroïques, des basses infernales, une batterie en folie et surtout qui donne envie de s’énerver et sauter partout.
Il a répondu trois fois à l’appel du rock – français - pour le moment. Trois univers assez similaires : du sombre. Noir désir, Bashung, Axel Bauer. Avant-hier le dandy s’est lâché sur « Eteins la lumière ». Cédric sait bouger et le fait mmmhmm bien ! Il a transpiré, il a échangé avec les musiciens, il a souri à la fin, a eu l’air content ! En un mot, il a dû se faire plaisir (autant qu’on puisse se faire plaisir dans ce genre de compétition). Je pense qu’après deux visites dans des univers un peu tenus du collier, où il s’est risqué le cuir par deux fois avec Sinatra et Aznavour, il devait se sentir plus à l’aise dans ses santiags !
Mon coeur de midinette chavire je l'avoue, quand il crie. Mais comme il crie avec un sauvagerie toute intelligente... ouf l'honneur est sauf. Hahahaha !
Bon et maintenant à quand du Led Zep ? Bon anniversaire mec.