Un jour, un numéro perdu dans la nuit des temps, fit entendre sa voix : et si je décidais de ne pas me reproduire ?
- Ben en fait, on a toujours eu le choix, mais je t’assure, ce choix-là n’est pas le bon, répondit un autre.
- Ah vraiment ?
- Oui, tu mourrais pour rien sinon.
- ça alors, elle est bien bonne celle-là ! Sinon quoi ? pour rien ou pour quelque chose, je mourrais, alors..!
- … alors il vaut mieux mourir pour quelque chose.
- Qui l’a dit ?
- Personne, le bon sens ! L’histoire que nous sommes en train d’écrire, le futur…
- Moi, en fait, j’en ai un autre de bon sens.
- Ah oui, lequel ?
- L’amour, la liberté, l’individualité, mon demain, mon futur, ma vie. Je veux que personne d’autre ne meure après moi.
- Tu n’y arriveras pas.
- J’y arriverai à mon échelle.
- Mais tu voudras changer d’échelle un jour.
- J’ai déjà des racines ! Je veux juste m’étaler à la surface, envahir mes possibilités.
Après des Bon !, des Bien !, des très bien !, des fort bien ! l’individualité finit par se faire une petite place dans ce corps aux milliers de têtes.
Un autre jour, ces mêmes protagonistes se recroisèrent :
- Alors t’en es où dans ton individualité ?
- Ah mais je ne dis plus je, je dis « on » ; j’ai trouvé l’amour.
- C’est vrai tu disais que le bon sens qui te guidait était : l’amour, la liberté, l’individualité, ton demain, ton futur, ta vie. Seulement, maintenant que tu as trouvé l’amour, maintenant que tu conjugues le « deux », qu’en est-il de ta liberté, de ton individualité, de ton demain et de ton futur ?
- En fait, pas grand-chose n’a changé, sauf que maintenant j’ai peur de perdre ce que j’ai.
- D’accord, rien n’a changé… je pensais que d’être deux était devenu trop petit pour toi maintenant.
- Tu sais je comprends ce que tu veux dire… je comprends même le bon sens du monde. Mais je ne désire pas m’inscrire de cette façon. Je me concentre sur ce 2 que je suis devenu, et je veux l’explorer jusqu’à la fin parce qu’il y aura une fin, même si je ne veux pas, même si j’ai peur, et je ne veux pas collectionner la peur. J’ai mêlé mes racines aux siennes et nous avons nos propres histoires à démêler, elles nous servent à grandir encore et quand nous aurons grandi, nous aurons des racines pour deux.
- Tu veux arrêter ton histoire ?
- Oui je crois que je veux arrêter mon histoire.
(NB : Ne cherchez pas la première partie, elle n'est pas ici)