18 septembre 2005

Beaucoup trop de dents (beaucoup trop dedans ?)

Ce matin je me suis encore réveillée avec la sensation que j’avais trop de dents. Ou bien trop de chair autour.
C’est bizarre que ma bouche soit l’endroit de mon corps qui me gène le plus. Un complexe de l’intérieur. Il ne s’agit pas d’être gênée par sa physionomie qui n’a rien d’extraordinaire ni en laideur, ni en beauté, ni même en handicap, mais plutôt par tout ce qu’il s’y passe à l’intérieur. Macérations, transformations enzymatiques, aspirations, expirations, entrée, sortie, tout cela m’occupe beaucoup trop certains jours. Et surtout, surtout les sons qui s'échappent et me servent de moyens de communication. Un phénomène très animal, très humain, somme toute. Oui je suis au courant.
Tous ces phonèmes et roulements roulent mal, se heurtent à mon souffle qui s’épuise sur une faille. Là non plus, rien d’anormal ne m’a jamais été rapporté, pas de défaut majeur de fabrication, un timbre banal, voire inintéressant. Dans les détails, on peut tatillonner sur un débit mal contrôlé, mais que finalement peu trouve haché. Les plus attentifs comprennent que je stresse, pourtant personne ne sait que je souffre toutes les fois que je me mets à m’écouter. La belle affaire.
En fait je n’aime pas la voix que les autres entendent, je suis bêtement triste qu’ils ne puissent appréhender celle que j’entends, celle à laquelle je suis si bien habituée, qui ne me dérange pas et me plait plutôt.
Cette voix copine et fluide est la voix de tous mes fantasmes et sans doute de mon narcissisme, du reflet que personne ne verra jamais. Je ne suis qu’une fille et pas une femme. Une projection qui malheureusement se heurte aux vrais miroirs et aux traces vidéo. Je vieillis.
Cette voix que j’aime, est celle qui articule des mots que je ne couche presque jamais, des pensées qui vont trop vite pour le stylo ou pour l’air de mes poumons, des idées qui superposent tous les sens en une seule pellicule, complexe, structurée, reliée aux fils d’un canevas fugitif : comment le dire en un souffle ?
Comment dire tous les mots qui nous traversent, lorsque nous ne sommes pas encore apprivoisés à d’autres regards, comment expliquer la gène qui entrave, la fatigue de notre pauvre cigare, l’effort musculaire pour se faire entendre.
Suis-je fainéante à ce point de ne souffrir le moindre effort pour expulser le moindre mot ?
Heureusement je m’apprivoise à ceux qui m’intéressent, heureusement j’oublie la voix qu’ils entendent, heureusement j’oublie l’effort à fournir, heureusement avec mes proches j’ai le diaphragme détendu.
Je suis un courant, une colonne, un placement d’air, une interface avec l’extérieur et l'intérieur, un être grégaire, social. Il faudrait donc que je me soigne, que j’aille voir un dentiste pour la tête ? Un orthophoniste pour les yeux ?

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Planty
Echo t’aidant pose ta voie ; et côté dent, pause ta voix.

Abalem a dit…

Planty > C'est beau...

Stef, respire. Simplement. Respire ! Les yeux fermés...

Unknown a dit…
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
Unknown a dit…

Abalem>Je vais faire enlever mon vieil appareil dentaire et porter des lunettes quand il fera trop soleil. Le bon jour à toi !

Sinon c'est vrai, la Plante nous fait pousser de jolis sons dans son pot à mots.

(oups fausse manoeuvre)

Unknown a dit…

Pas de panique ce n'est que mon message que j'ai effacé plus haut.