26 novembre 2015

Egrégore2

Animal transcendantal je suis.
Alors plus fort je bouffe du décibel, plus profond je baise, plus rempli je bois. Je me fonds dans mes égaux, et parce que j'ai la chance de vivre une ville enjolivée d'histoires anciennes, je me répands sur les terrasses proprettes, à rire et à chanter la vie pour l'oublier ou la refaire. Je me fonds dans mes congénères, choisis, recrutés selon affinité et les clique sur "Partager" pour oublier la vie ou la refaire. Et parce que j'ai la chance de pouvoir payer mon clic je peux me permettre de maudire cette vie qui nous offre ces clics, son toc et ces claques.

Cette vie qui nous attache aux autres transcendés et bourgeonnants, comme moi, d'excroissances extra-naturelles, a l'insolence d'exister aussi dans l'isolement des bois, dans le silence et la paix. Nous nous y abreuvons à l'occasion, voire nous nous y shootons, trouvons là encore une autre forme de transcendance.

Nous espérons parfois vouloir faire croître d'autres bourgeons débarrassés de néons, d'écrans et qui nous appellent parents de toutes leurs forces. Une spirale de vie, ou bien un moment qui passe? Nous y plongeons avec délice, humant leur crâne innocent, faisant briller nos larmes retenues dans leur miroir lisse. Cela ne dure qu'un instant car nous devons nous lever pour remplir nos frigos et continuer à cliquer, abandonnant l'illusion de l'éternité sereine et apprenons que les plaisirs simples ne sont pas des cadeaux mais des options à gagner.