31 décembre 2005

J’achète donc je suis

Ayé, Noël c’est bouclé ! Je commence à avoir suffisamment de recul à présent pour pouvoir établir quelques aperçus top délires de l’être humain consommateur alpha.

D’abord, il y a celui qui ne nous regarde pas mais fonce droit au-devant de notre stand pour demander sans lever les yeux, si on vend des maquettes. Alors on suppose qu’il a réussi a appréhender l’essence même de notre existence d’un regard diagonalisant, à la sauvette et nous a rangé dans le tiroir – correct – mais pas suffisant des vendeurs de jeux et de jouets. Non madame, pas de maquettes, nous sommes… et hop la dame n’aura pas plus de précisions, elle s’est accrochée au tourniquet des passants et disparaît dans la foule.

Nous avions gentiment structuré notre stand en deux parties : les jeux à deux d'un côté, de l'autre les jeux de communication pour jouer à plus donc. Moult formes et couleurs, moult matières et accessoires réunis dans une douce et néanmoins pétillante harmonie, parce que certains brillent d’autres pas, certains sont 80s Style d’autres fifties, avec des fiches de présentation pour chacun des jeux et leurs prix.

Un couple s’approche, un garçon et une fille, ils lisent nos fiches et affiches où nous étalons orgueilleusement notre savoir faire en tant que créateurs et éditeurs, ils s’étonnent, se renseignent sur qui nous sommes vraiment, comprenant que les jeux exposés ne sont pas connus de la masse et qu’ils ne les trouveront pas en hypermégamarchés de si tôt. Bien ! Une partie de communication s’entame, les balles se renvoient, on parle pour dire des choses plus intéressantes les unes que les autres. Haaa, oooh c’est passionnant votre métier s’extasient-ils, voulant savoir qui fait quoi, voulant connaître comment l’idée de créer des jeux nous est monté au cerveau, quelles sont les contraintes de fabrication etc etc. Venant l’heure de se pencher sur les boîtes juste sous leurs nez, et là, c’est le drame. « Mais je connais ce jeeeeu, on l’a à la maison, je l’ai eu il y a quelques mois à mon anniversairrrrre ! »
Devant l’air épouvanté du monsieur, je me suis dit, merde il a trouvé que c’était une daube ou bien il s’est blessé avec l’angle d’une carte carrée, et va nous traîner en justice parce qu’il a reçu un jeu pourri.
« Je croyais que vous n’étiez pas connus, mais en fait vous êtes vendus en boutiques ! » Damned. Euh oui, c’est à dire que pour vivre de ce job palpitant il faut vendre un peu aussi entre deux éditions. Si si. On ne fait les marchés de Noël qu’à certaines périodes bien précises de l’année, si vous voyez ce que je veux dire. Il et elle repartent indignés.

L’autre version de ce couple est inversement proportionnelle à l’intérêt qu’on nous prête : alors donc vous vendez des jeux, vous n’avez pas le Monopoly ?


Sinon il y a aussi la personne à qui on explique comment la table est organisée en deux zones et qu’on laisse fouiller, retourner les boîtes, lire les instructions puis qui finit par demander « ça se joue comme un solitaire ? parce que je recherche un jeu pour moi toute seule » … mmh voilà, oui, ça se joue comme un solitaire mais à deux, c’est comme un puzzle mais à la place vous avez des pions et des cases. Voilà voilà.

Last but not least :
« Et dans les différentes boîtes ce sont différents jeux ? »
Hahaha c’est pas con tiens, on devrait faire ça, mettre le même jeu sous différents titres et changer le décor des boîtes, non vraiment pas con comme concept ! Pourquoi je me fais chier, on se demande, HEIN ?

On rigole bien quand même.
To be continued…

22 décembre 2005

Jeux d'adultes



Mon concentré de boîte est sorti indemne de la tornade de Noël. Un peu trop tôt pour faire le bilan, juste une pause pour poser un regard : nous nous sommes donnés cette année. Physiquement démultipliés, partout sur tous les fronts dans tous les rades un peu classes, tous les jours même de pluie, à toutes les heures même le matin, MEME LE MATIN.
J’ai parlé expliqué énervé démontré joué raconté argumenté bataillé vendu nos joujoux mais pas mon âme - quoique s'il y a de la thune à faire c'était le moment, hahahahaaaaaaa ; venez les petits enfants avec le porte-monnaie de môman.
Bref, aucun enfant n'a subi de pression commerciale insoutenable et on m’a demandée, souri, écoutée, emmerdée, dérangée, appréciée… enfin pas moi, pas tout à fait moi. Mais je crois quand même que derrière nos pions, les gens nous aiment bien et des fois ça m'arrange bien aussi. Ils ont l'air amusés autant que surpris de notre taf étrange, de nos multiples casquettes, limites schizophrénisantes. Il est trop tôt pour faire le bilan, pourtant je suis déjà contente, on donne un tour de pédale, et on arrive sur un openfield de possibilités de bidules de machins de choses à tripatouiller, à roder, de trucs à corriger, on va redresser, on va re-stresser, encore, encore, ENCORE, une fois de plus, de mieux en mieux, mieux assis, plus d’idées, plus de moyens, plus sûrs de nous, plus morts de trouille.
J’appuie sur le starter, je remonte mon col et je vais voir ailleurs, plus loin, dans la friche d'à côté qui me fait de l’œil.

24 novembre 2005

Dé con pression

Tout le monde dort dans mon cerveau. Depuis quelques semaines. Tous les jours je me demande quand je vais pouvoir les réveiller pour une partouze cérébrale. L’intérêt avec les histoires mentales, c’est qu’on n’a pas besoin de cave moyenâgeuse ou de loft indus rive gauche, ça coûte pas un rond, un claquement de doigt et du Saint Nicolas de Bourgueil à la limite. Il faut que je sois chaude un peu quand même, faut que mon capitaine de lune m’offre un de ses pics. Il faudrait aussi que ces putains de périodes pré-fêtes finissent, je ramasserai mon sourire momifié, mes pions et ma patience de baby-sitter. Où sont les parents du petit Pierre ? Il a bouffé un dé à 12 faces ; pour l’instant il a l’air content, mais à son âge s’il ne pigne pas c’est qu’il est content. On va pouvoir le lancer sur le plateau de jeu, il nous annoncera les points. Désolé msieur-dame, le matériel de vente abîmé doit être compensé, on va être obligé de garder votre hippo-glouton le temps de son transit. On a l’habitude. Pardon, on a la biture. Pfiou une boîte de Mon Chéri et je décolle.

23 novembre 2005

Dans la famille Plouf, je demande la fille


Sur le bord du spleen les yeux collés au screen, tant que je ne sombre, les pensées volent au-dessus des ombres… hum, n’empêche que j’en voyais gamine, des ombres, dans la pièce à musique ; elles ne me faisaient pas peur et je me croyais extralucide.
Je n’avais peur de rien, trois fois rien, quelques piqûres d’infirmière et autres araignées cachées dans des pulls oranges, par contre une peur panique d’être grande et de ressembler à une autre avec des mômes qui me pousseraient dans le bain des adultes, je pensais pouvoir toujours reculer, choisir de descendre du plongeoir ou courir plus vite, sauter par-dessus la faute, oublier ou retenir chaque mot, fixer chaque note à une bonne conduite et mes trouvailles à des lignes de vie. En fait on oublie les choses qu’on voulait garder et on garde celles qu’on voudrait jeter et puis on n’a qu’une ligne, enfin d’habitude.
Je ne sais pas si ça compte, mais j’ai trois fourches dans la paume gauche, comme si moi chanceuse que je suis, je pouvais suivre d’autres parcours à partir des trois carrefours étalés dans le temps, gravés dans ma peau. Je me demande quand même s’il me faudra faire demi-tour au bout des chemins.

Je descendais pianoter chaque fois que mes parents semblaient être sûrs de savoir quoi faire pour moi. Je m’en voulais de ne pas les vénérer, je m’en voulais de ne pas vouloir ressembler à ma mère, et de ne pas vouloir me marier avec mon père. J’aurais bien aimé les avoir comme idoles, même un peu ternes, même minuscules et me fier à eux d’une manière totale. Ils n’auraient eu qu’une auréole pour deux j’aurais emballé et pesé le tout avec enthousiasme, mais j’étais une gamine sans héros et très tôt j’ai préféré me ranger du côté du concret quand il s’agissait de mes vieux.

Il m’aurait fallu des maîtres plus vigilants, qui déjouent mes faux airs tranquilles. On aurait dû m’inculquer de force la reconnaissance envers mes aïeux, me l’enfoncer à coup de privations, de sévices ou de menaces… un peu comme le dieu que j’incarne pour mon chat lorsqu’il pleut ou lorsque la nourriture apparaît dans le frigo.
Je m’en serais remise à leurs choix, sans calcul. Ils seraient tombés de leur trône quand j’aurais eu 10 ans, ils m’auraient déçue à l’adolescence mortellement, je les aurais détestés grave.
Par contre j’ai su être respectueuse, cela trompait tout le monde et souvent même cela satisfait le monde, je bluffais vachement bien.

Depuis, je porte une sorte de culpabilité sur mes épaules vieillies, mais je me suis arrangée un planning à bons points, être un peu raisonnable en leur présence, un peu gentille, un peu aimante, un peu à l’écoute, un peu disponible, je coche des croix. Comme un devoir filial mêlé d’estime, et œuvrer pour le futur, lui donner un peu d’étoffe, redorer les souvenirs… ouais, faut pas déconner je les aime quand même.

La pièce à musique et ses fantômes sombres est devenue plus grise, elle colle un air poussiéreux aux moulures du plafond, et je regarde souvent dans la bonbonnière sur le piano combien d’années sont passées depuis mon enfance : trois réglisses et deux tagada.
Il y a quelques endroits où l’on peut prendre du temps, où l’on arrête quelques pensées, on les assouplit pour qu'elles arrivent jusqu'à d’autres sans trop de plis, assez brillantes pour faire luire nos yeux, en douceur avec un poil de spleen. Je connais des pièces, des fenêtres ouvertes où l’on compte jusqu'à 10 ans et demi, dans la cour des grands, avec les baisers de nos 15 ans, inspirés, puissants et éternels. Les galoches de l’enfer !

Mes parents sont toujours mes parents et moi je ne suis toujours qu’une espèce d’enfant attardée avec une CB qui marque des croix, qui fait ses devoirs à la dernière minute pour pouvoir dormir meilleur, parler mieux, respirer bien. On ne change pas, je crois qu’on possède un potentiel de défauts ou de qualités qu’on exploite ou qu’on gâche, on ne s’invente pas. Aujourd’hui je pense ça très fort mais j’ai 17 ans, je suis ingrate, capricieuse jamais satisfaite. Papa, maman arrêtez de m’aider, je ne pourrais jamais vous le rendre, bordel de merde !!!

04 novembre 2005

Novembre, le beau mois de novembre, il est frais, il est neuf, il est pas cher !


Je suis désolée, je ne suis pas responsable, je n'arrive pas à m'en débarrasser, il revient toujours.

Je peux pas laisser ça comme ça, il faut absolument que j’arrive à franchir ce mois d’octobre avant qu’on ne passe en décembre. On va faire comme si cette note était rebondissante, on va supposer que je parle de ponts, de bilans, de temps qui s’écoule.
N’empêche tiens, ça fait un peu peur, c’est quand même très étrange, si je ne touche à rien, ici, il reste exactement à l’endroit où je l’ai laissé, mon petit temps tout rond tout beau plein de puces. Je m’en rappelle de cette fin d’octobre, j’avais des idées fourmillantes, j’avais du courage dans les poches, j’en semais sur des cahiers sous mon oreiller, j’en cultivais même sur les bords du placoplâtre, c’était presque mieux que de la mousse ou du moisi, ça poussait haut, dense, avec des gros troncs et des lianes urticantes. On aurait dit que j’étais prête à poser la tapisserie, enfin plutôt des peaux de bêtes… Ben non, tout s’est envolé avec les citrouilles du carrosse, mon chat a bouffé les carnets de bal et les flamboyants étalons.
Il doit bien y avoir quelques rats rescapés, je devrais pouvoir leur atteler un héli-flop ou une soucoupe volante.
Si ça continue il va falloir que ça cesse. Ou bien je parle de William (j’espère ne pas arriver à cette extrémité).

31 octobre 2005

Quatrième. End


4. Il y a donc une chute. Parce que c’est très violent, la révélation ne se révèle que dans la violence.

D’abord il me faut juger du résultat : impeccable, les dents sont lisses et paraissent plus blanches, le tartre lui-même semble reculer. L’engin peut s’apprivoiser relativement vite pourvu que l’on soit motivé, c’est une bonne nouvelle, il y a une sorte de permis à passer, et ça me semble normal. J’envisage même de me procurer bientôt un modèle supérieur, un plus gros calibre, une cylindrée plus onéreuse qui passerait les 10 euros, mais certainement mieux adaptée à des mains qui vont devenir rapidement expertes dans le maniement.

Lorsqu’on arrive à limiter les projections à l’extérieur, lorsqu’on arrive à atteindre La dent du fond, lorsque les guili-guili sont ravalés au niveau d’un sourire intérieur, l’illumination se fait.D’un seul coup un monde s’ouvre : celui de l’effort minimum, de la soumission à la facilité, à l’abandon dans le plaisir tout fait. Lorsque les gestes deviennent mécaniques il suffit de se laisser faire, parce que cela a été étudié par d’autres, il faut faire confiance dans le confort que l’on nous crée. Vive la direction assistée, vive les escalators et les mini-hachoirs Seb « c’est bien ».Il suffit d’acheter ce qu’on nous propose, de regarder la bonne pub à la télé, et de foncer au bon rayon.

Se laisser bercer dans un fucking chair.

30 octobre 2005

La révélation, part three

Zéro. Il est étrange qu’aucun des utilisateurs de brosses à dent électriques n’ait jamais décrit ce qu'il peut arriver avec l’usage de cet instrument. Comme si le secret devait rester bien gardé.

Peu, peut-être sont parvenus à la révélation que j’ai touchée des doigts, et si j’ai certes hésité, à la tenir au chaud, je ne pouvais pas résister à me faire ce petit plaisir d’un billet facile et gratuit. Je sens bien maintenant qu’il va falloir que j’accouche. La troisième partie donne généralement la clé. Ce n’est pas le cas ici.

Première fois, part two

23. J’ai fini de manger, tout ce que j’avalerai à présent sera liquide, de plus je suis pressée d’essayer, il est donc temps.

Je passe outre la notice, j’essaie l’engin sans autre précaution. Après tout, il ne s’agit que d’utiliser un objet qui ne sert à rien d’autre qu’à brosser, et non à construire ou à visser. Pas de risque de démolition à priori.

En fait, il faut l’avouer (j’ai fini par y jeter un œil), la notice précise quelque chose que j’ai expérimenté, affiné, résolu toute seule de façon satisfaisante mais non parfaite, encore que je ne crois pas du tout qu’on puisse atteindre la perfection en ce domaine.

Le coup du dentifrice.
Effectivement lorsqu’on allume la brosse, on ne se rend pas du tout compte de la puissance des vibrations.
J’ai donc appliqué le dentifrice sur la brosse en action. Le temps d’arriver à la bouche, il n’y avait plus de pâte blanche, mais de larges éclaboussures sur mon tee-shirt.

Bien, il suffit de mettre en marche l’appareil, après, dans la bouche, le dentifrice préalablement appliqué sur des poils inertes.

C’est plus ça, mais c’est sans compter sur l’effet inattendu des vibrations sur les gencives.

Oui c’est curieux, je l’apprends tout juste, mais je suis chatouilleuse de là ! Et pire, la première fois c’est à mourir de rire. J’en ai foutu partout, ça giclait, ça explosait, un vrai chantier. Le meilleur, ce sont les fourmillements qui se propagent à l’intérieur du crâne en empruntant la cloison nasale : comment faire pour se gratter ? Une impression très bizarre, un peu comme chez le dentiste, sauf que nous sommes le dentiste, la bouche et l’instrument. Tout ça à la fois, et sans douleur.

On doit également envisager sous un angle rationnel le phénomène du bruit, qui joue un rôle très important dans cette étrange perception et qui nous coupe du monde environnant. Le son n’est évidemment pas étouffé à l’intérieur, au contraire il est en contact direct avec nos oreilles, il ne faut donc pas être migraineux, (ça, c’est pas marqué sur le papier), ne pas être non plus au dernier stade de la fatigue, non seulement ça secoue sévèrement, mais en plus faut nettoyer le carnage, et ne pas avoir pris trop de substances décalottantes – au risque de se perdre à jamais dans notre bouche devenue tout à coup une espèce de grotte.

J’avais hâte d’être à ce matin pour reprendre le rituel, j’avais également le pressentiment que la maîtrise de cette brosse magique me révélerait quelque chose de bien plus intéressant.

Mon Graal, part one.

7,90. Hier je me suis achetée une brosse à dents électrique. Elle trône, fière, debout sur la tablette de la salle d’eau. Forcément une brosse à dent qui tient toute seule c’est un appel au mystère, d’emblée son érectile nature fomente l’étrange et le merveilleux, l’aventure est au bout de la langue. Il y a des sabres lasers là-dessous, des enlèvements extra-terrestres et des séances de torture infligées par des ennemis géants, blonds à la mâchoire carrée.

J’ai toujours été attirée par les gadgets qui font du bruit, qui clignotent et à deux balles. Quand j’ai eu 12 ans j’ai craqué pour un chapelet en plastique qui brillait dans le noir, une superbe lueur verdâtre qui faisait l’attraction de mes pyjama party. C’est d’ailleurs, avec les prises de bec au sujet de Marie-Madeleine qui m’opposaient sempiternellement à soeur Christiane, les seuls souvenirs tangibles qui se sont extirpés de mes communions, première et solennelle. Non, en fait, pas tout à fait, il y a eu le patin de Laurent Papin lors de mes trois jours de retraite spirituelle. De quoi nourrir jusqu’à la fin de ma vie mon béguin pour la machination et le côté obscur. Je suis revenue de cette retraite avec mon chapelet dans une main et mon athéisme dans l’autre.

Mais là, ce truc-là, rapporté d’Auchan me promet quoi à part une nouvelle expérience ? Un petit orgasme ? Mieux, une révélation !

(Source de l'image http://www.absolutearts.com/portfolio3)

25 octobre 2005

Alerte !


31. Octobre. La mort.

Inutile de parler de la mort avec des termes généraux et vachement nombreux, la mort n’existe pas de toute façon. Oumf ! Par contre il y a des morts, des mortes, j’en connais plein.
Ok ma contribution sur le sujet s’arrête-là.
Soumission à l’ambiance, c’est Halloween. A Paques je ferai une note sur la résurrection, Superman et Buffy. Là je sens que pourrais céder très facilement à ma propre inclinaison, infin inclination, parce que je tartinerais bien, les doigts dans le nez, cent cinquantes lignes sur le sujet, je finirais par me tendre un fouet et je terminerais sur « la mort peut être drôle également » en faisant mine de me décoincer le balai que j’ai dans le cul. Tant que je n’aurais pas sorti mamzelle Hyde de son secrétaire anglais (le meuble), rien ne volera, ni guéridon, ni tapis, ni balai. Pour le moment il est au chaud, et si l’on veut de l’assumé, de l’intelligence dans la dérision et de la tendresse pas mièvre, il faut faire un tour chez Vinvin, puis passer chez Ari et enfin repasser tout de même par chez moi, pour voir si ma virgule s’est déplacée.

Alors en ce qui concerne la mort, je dis carton jaune, je m’apprête justement à dégainer une charte afin de m’empêcher d’écrire des trucs avec trop de lignes, entre autre. Donc non, je ne parlerai pas de la mort.

21 octobre 2005

Rouge Cochenille


38,5 c’est pas beaucoup. 38,5 en tous les cas c’est idéal pour être de mauvaise foi, répondre mal et grogner sur les clients. Elle ne s’appelle pas Delphine me dit le monsieur. C’est très étrange - je le signale - sur mon listing de l’année dernière j’ai bien noté Delphine Machin, et comme je ne me trompe presque jamais, c’est qu’elle a sans doute changé de prénom. Tout le bureau (deux autres personnes à part moi) est resté interloqué et le mec au bout du fil aussi. Mais bon j’ai le droit de dire n’importe quoi jusqu’à ce que je ne sois plus malade, et comme en plus je me suis payée un petit choc anaphylactique d’occase, j’aurai le droit d’être une délicieuse teigne pendant quelques autres jours.
Ils sont sympas quand même ces pharmaciens à qui l’on précise qu’on est allergique à l’aspirine parce que - d’un, on le sait, déjà c’est bien, ça fait un truc important à dire entre deux quintes de toux lourdes et bien ronflantes, de deux, on est pas folle, pas la peine de risquer un œdème de Quinck, un nez patatoïdal c’est suffisamment flatteur comme ça.
A leur décharge, il est vrai que le 4ème point dans les mises en garde spéciales est écrit en tout petit, il stipule : « en raison de la présence de rouge cochenille A, ce médicament peut provoquer des réactions allergiques, voire de l’asthme, en particulier chez les personnes allergiques à l’aspirine ». Ce n’était donc pas obligatoire ! tout s’explique.
Sinon peut être aurais-je dû dire que je luttais très certainement contre la grippe aviaire depuis 15 jours, je serais passée à la télé, en tant que premier humain « souche », et puis j’aurais eu les médoc gratos.
Donc, depuis hier j’ai arrêté les comprimés, maintenant je fume du thym et je bois de l’eucalyptus. Tout va bien.

11 octobre 2005

Pleure ma fille, tu pisseras moins

Lara vue par Richard Jordan (en même temps c'est plutôt ses choes que j'aime chez elle)

Alors fait chier, je sais je sais ce que je veux, je l’ai dit plus haut. Du temps ! Je veux dérouler des journées comme des tapis, chaque rouleaux devant moi, couper les ficelles, découvrir les franges, suivre la naissance d’une arabesque, parcourir un motif qui s’ancre en bordure, dépoussiérer peu à peu, m’asseoir, ordonner l’envol, laisser la journée derrière moi toute petite, menue, classée. Le reste je l’ai, j’ai la prétention de le croire.
J’ai tout ! Il suffit de mettre la bonne signification au creux du mot employé. Et comme je ne parle que pour moi, j’ai forcément raison, inutile de préciser.
Seulement… si je laisse passer quelques secondes accrochées à mes pensées, je regrette déjà cette imprécation pleine d’exclamation.
Quand je me relis, je me dis qu’il me manque beaucoup. La légèreté, l’intelligence de la simplicité, l’humour et le manque de distance. Là encore j’ai raison, j’ai toujours raison.
Je me rappelle l’auto-dérision, le pétillant, les situations absurdes, l’audace, la petite marrante. Où est-ce que j’ai planqué tout ça ?
Je suis masochiste très certainement, je ne suis jamais obligée d’écrire ce que j’écris, alors pourquoi. Pourquoi me foutre sous le nez mes remugles de nana chiante, étriquée et triste.
Je ne suis que moi mais je me fais croire que je peux devenir meilleure, plus brillante, je me fais croire que le temps arrange, qu’il me suffit d’en disposer comme d’un loisir… mais l’urgence ? Il n’y a de vérité que dans l’instant, et le mot retourné dans tous les sens, qui se déploie sur des jours entiers, ne se débarrassera jamais de sa lourdeur. Il ne satisfera jamais d’une belle idée.
Ben ouais je le sais aussi, je suis meilleure dans l’urgence, j’ai ma fainéantise qui œuvre pour moi : ouf ! J’ai donc tout pour réussir, mais je ne suis qu’à moitié convaincue. Je n’y arrive même pas ! J’ai toujours été une mauvaise commerciale, je ne crois pas assez mes produits et quand j’y crois je leur prête une force autonome. Si c’est bien, ça se sait ; une bonne fée arrive, nous prend sous son aile et tous nos souhaits se réalisent. Même pas vrai, il n’y a que la hargne qui paye, le couteau entre les dents.
Il me faut quand même cocher sur la liste cette dernière chose à vérifier : même si ma journée ne me donne pas de temps pour dessiner ou écrire, je dois être sûre une bonne fois pour toute, que ce ne sont pas des heures supposées manquées qui m’empêchent de passer à l’acte.
Maintenant comment vais-je procéder ? Tomber enceinte ? Et puis si j’y arrive, (non pas enceinte –très très, mais alors, très mauvaise option, Alien c’est bien qu’à la télé) combien de temps me faudra-t-il pour me dé-scléroser ?

Quoiqu’il en soit je sens que ça va chier ! Je vais commencer par m’interdire de publier ce genre de post.

09 octobre 2005

Bienvenue chez moi !

Corinne-Ari-Raphaël, tu es une étrange adition et je t’aime sereinement même si le jeu qui me mène m’apporte des pointes d’excès stylistiques, des moments où je lâche des délires de pixels ou autres envies de croisements. Tu es un personnage désormais assis dans ma tête, installé dans ses multiples studios dans lesquels je change l’eau des fleurs. Chaque facette de toi est un ami véritable de chair et d’os, trois amis chers dispersés dans des temps de la réalité, propres à chacun.
Chaque mouvement de meubles déplacés me raconte une histoire, une nostalgie, un avenir. J’ouvre tes fenêtres, j’aère, je mets de la musique et quelques tableaux, uniquement ce que j’aime, parce que je ne me fais pas d’illusion, là où t’es, tu es un peu moi mêlé à d’autres superpositions qui doivent être un peu toi. Trois fenêtres ouvertes avec le bruit du macadam people au nord, le rire de deux enfants à l’est et au sud les grillons du soir.
Le temps irréel - enfin l’est-il - te flashe en amoureuse dingue, en chasseuse de trolls, en nouveau père, en ancien cosmonaute, en gonzo funky guitar-hero, en-adulte-responsable-mon-cul.
Je te visite plus souvent que je ne vois tes homologues de sang, tu me suffis souvent, parce que tu es rodé à mon temps capricieux, tu es ma nostalgie sans douleur et tu es mon fil noué aux autres de mes fils.
Tu vieillis avec moi sans souffrir du décalage horaire.
Alors la réalité ? La réalité n'est pas moins agréable, elle est juste moins pratique.

Du temps

Il était une fois la première chose animée de la planète. Cette première chose n’avait ni yeux, ni bouche, ni oreille, ni même aucun membre, pas de cœur, pas d’estomac, pas de cerveau, rien d’organique à part une enveloppe qui permettait de retenir en un ensemble le peu de ce qu’elle était.

Et la suite n’est qu’une compilation, une accumulation. Une sommes des autres, et si je n’ai pas la patience de sonder ma famille, j’en ressens certaines implications, j’en extirpe des traits, mais mon père et ma mère, le sandwich que je suis ne m’apprennent rien sur ce que je sais faire.
Le temps lié d’hier à demain ne m’aide dans aucun bilan. Si je pose un point là maintenant, et que je compte, j’aurai des actions étalées, des souvenirs, des rencontres et quelques mots, pas un seul regret, malgré des douleurs, mais non plus aucune sûreté. Tous les choix menés jusque là professionnels et personnels ont ce point commun qu’ils ne m’apportent que du passionnel, du fantasme et du subjectif. Pas de maîtres pas de patrons pas de salaires mensuels, du risque et de la peau toujours exposés, des essais plus commerciaux ont même capotés, c’est dire l’incapacité de faire le choix du confort. Mais vais-je m’essouffler, va-t-on s’aigrir à vouloir rester libres et adolescents ?
Il me faudrait plus de temps.

07 octobre 2005

brouillon


Terreur et Contamine - Essai # 1 " le rêve de Terreur "

Déballage

Parce que toute mon histoire me mène et me ramène à lui. De lui, je connais tous les recoins, et j’aime quand il masque les creux tendres au-dehors et j’ai fusionné à ses bosses, je suis sur son front.
Parce qu’il est fort, je suis démunie quand il craque. Il est l’ellipse et le périmètre. Il est ma pierre gravée, mon triomphe, il m’a vaincue, m’a voulue, il me regagne toujours. Je dois mériter ce mec austère, mon héros le loup de mer aux pieds secs. Je sais pas trop comment, je fais mal exprès. Parce que c’est un bloc, il me laisse l’entailler. Et s’il n’est qu’un bloc de loin, il reste intègre de près. J’appréhendais ses départs, on a fini par se greffer de partout sans même réfléchir. Convaincue, je m’accroche à ses humeurs et il me donne sans cesse. Je voudrais être lui. Je voudrais inverser les corps, emmêler nos âmes, il saurait quoi faire de moi-même, je l’emporterais dans mes bras, je le sauverais des dragons, je saurais quoi faire de lui-même. On hurle nos malheurs, on rebondit avec nos bonheurs, on déprime de concert, on s’écoute trop fort, on emmerde les sarcasmes. On croit l’amour mort dès que le désir faiblit, mais son cul dans son jean… et puis nos jeux à la con, nos cons de jeux, ses larmes de poète, nos fous rires en cuisine, nos coussins qui n’ont plus de forme, les léthargies au salon. J’ai tout pris même l’avenir.

04 octobre 2005

Pour en finir avec

...Praxis.

Juste pour dire qu’en plus d’être une expérience sonore mal identifiée mais qui me plait mais qui me plait mais qui me plait, ce sont aussi de capiteux univers qui emballent le tout. Je le répète l’emballage doit me cueillir aussi, je suis une vaine snobinarde, je ne vois pas qu’avec le cœur, ça doit faire boum à la rétine, avoir une gueule, allumer mon intérêt. Ce n’est pas une question de beauté, ça doit juste m’allumer. Et puis non mon beau n’a rien à voir avec la beauté de toute façon.
Les collages de James Koehnline, je dis que c’est bô. Alors évidemment vous aurez reconnu un peu de la Porte des Enfers.

Je dis que la pochette « Sacrifist » est une église païenne, y a mes démons qui se dorent la pilule sur l’autel, ils croustillent, ils ont cette cuisse qui se déguste avec les doigts.
Je dis que c’est rond tout ce bric à brac minéral et de bronze encré, cette houille brillante. Jolie palette de volumes. Chauds et lascifs, il y a des serpents de pierre qui ne sont pas figés. Tout plein de faux anges ne va pas tarder à desserrer la fesse et une tripotée de bergers a lâché son mouton.
Je dis t’es plutôt bien servi Abraxas.

En fait on dirait le fond d’un verre de sangria après une omelette psylo-ciboulette.

01 octobre 2005

Fantasme

On m’a dit « viens on va faire du vélo sans selle ».
Alors là je me suis dit « chouette du vélo sans selle, ben ouais je viens ! »
On m’a dit ensuite « tu vas commencer et moi pendant ce temps je fais des abdos »
Ahhh ? En fait en arrivant, j’ai compris que toute pulsion était motivée par un bel emballage.
A partir d'ici je suis obligée de préciser qu'il n'y a rien de sexuel dans la suite de ce programme...
Dans ma tête « un vélo sans selle », avait échafaudé un plan génial, il y a avait eu un truchement dans mes liaisons, un dérapage qui me baratinait, ça promettait du merveilleux ; vélo sans selle c’était comme un vélo avec une seule roue.
Et si en plus j’allais faire du sans selle sur un monocycle… ce n’était plus une envie d’assouvir une simple curiosité, ça devenait une véritable prouesse.
Je voyais déjà la piste, le chrome, et les gadins.
Abusée !
Oui vraiment, en fait de relever un défi à l’équilibre sur un objet qui n’existe pas, je me suis retrouvée à souffler mes poumons et à transpirer sur un objet de téléachat. Tu parles, ça s’appelle un vélo elliptique.
Joli mot quand même pour faire travailler les images d’un bout à l’autre du cerveau.
Allez je ne t'en veux pas.

30 septembre 2005

Cycle court

Temps de chien, tant à faire, j’ai l’enfer à créer et des fers à mes pieds.

Enfin demain, parce que là, pas le moment.

27 septembre 2005

Le message s’auto détruira dans sept jours

Evidemment des extraits ! Vous avez quelques jours avant qu’ils ne retournent au magma duquel ils sont sortis.
Un mot encore, un sourire plutôt que je pose pour une amie très spéciale qui contribue activement à mon addiction (elle ne sait pas ce qu’elle fait, j’aurais dû lui rappeler plutôt que j’étais fan de Steeve Estatof).

Praxis, excessif ?

De Praxis j’aime le x. Le x de l’excès, mais pas que…
C’est tripant de bruits terribles et denses avec cependant, des plages presque nues, quelques virgules scratchées, des irruptions sonores très tactiles. Une agression. Envahie ou bien légèrement larguée sur les bords de mon étonnement, j’aime chercher. Qu’est-ce à dire, est-ce bien raisonnable. Oui et non.
Pour bien écouter, il faut tour à tour réfléchir, puis oublier, une fois sentir l’organisation des phrases, hocher de la tête pour mettre en place les neurones, une autre fois ressentir seulement, headbager c’est possible aussi, pour déloger les neurones. Nous sommes à des carrefours musicaux protéiformes. On n’est jamais loin d’un ver, le lyrisme met son costume de loup et hurle sous un lampadaire. Voici une drôle d’architecture. Orgies, ogres et sabbats nous plantent des forêts de rouille, des troncs hachés, des scies empourprées. Des lambeaux de contes, des cauchemars suburbains peuplent des usines désaffectées pour jouer à nous faire peur. Il y a donc des histoires très sombres qu’il ne faut pas prendre au sérieux, mais il y a aussi des beats très soul très simples. Il y a des virages death metal, des incursions indus et tribales mais sous les cris hardcore, le funk se déhanche.
Voici une histoire de sang qui bat dans les veines. Ce collectif est une source d’adrénaline qui me rappelle que la musique relève de l’ivresse. Sexe, instinct, mémoire du chaos, Praxis est une matrice à références sensorielles. Bill Laswell est fou, John Zorn est fou, Bernie Worrell est fou, Bootsy Collins est fou, ils connaissent leurs classiques et jonglent avec nos souvenirs. Rock, métal, jazz ?
Allez il faut battre la mesure le doigt où ça fait bon, il faut laper les sons et les retourner sous sa langue, il faut grogner bruyamment parce que cette rencontre est brutale et ne se laisse pas forcément faire. Quand on l’a, on ne la lâche plus.
Guitare, basse, clavier, électro et drums : un voyage au pays des fous savants qui nous ont laissé quelques balises en chemin, à nous de les déchiffrer.

23 septembre 2005

Pas de hic, c'est magique !


Magnifique, poétique, ludique que des trucs en hic pas tragiques.
Si vous aimez casser des machines, bidouiller des bidules et jouer avec le bruit,


22 septembre 2005

Remplir

La vie n’est importante que parce qu’on meurt. Je me contente de l’absurde ou bien je triche, je le transforme en recherche du bonheur avec des alternances, parce que peut-être peut-on trouver une certaine jouissance dans la colère. Ouf il existe quelques très bon outils : l'amnésie, la drogue, les autres, l'autre, le sexe, la guerre, la bouffe, l'art.

21 septembre 2005

Camille, c’te fille.


J’l’aime bien parce qu’elle m’énerve. J’l’aime bien aussi parce qu’elle est pas finie.
Contrairement aux artistes chouchous des bobos trentenaires, ou des plus vieux qui pensent que parce que ça plait aux trentenaires, ça doit être bien, Camille ne plait pas à ma mère.
C’est son premier bon point. Ma mère aime Bénabar et Delerm. J’aime plutôt Bénabar, mais l’autre Vincent, je n’y arrive pas, Delerm fait semblant d’avoir trouvé un style minimaliste en faisant semblant de mal chanter et en tapant très peu de touches sur son piano. Alors il use de ce subterfuge jusqu’à la corde et suit cette ligne d’acier qui aimerait se prendre pour de la soie, trop bien ancrée, sans détour. Chiant.
Camille, donc, tâtonne, s’essaie, garde tous ses repentirs, elle ne gomme pas les traits. Elle me donne envie de l’inspecter de dedans sa tête, pour l’exercice, la récré, pour me confronter à ses mots, à ses idées sonores. Camille t’es pénible, t’es plus expressionniste que sensible, ça me va bien… elle réveille mon instinct de survie. Sur son fil, c’est elle qui tombe et pas moi. Voilà une nana interactive, je pourrais lui donner des claques pour qu’elle continue d’avancer ; en l’écoutant je pense souvent que vais terminer le boulot avec elle, combler les silences par des parties de cache-cache.
C’est son deuxième bon point. Elle ne prétend ni être parfaite, ni être laxiste, enfin c’est moi qui le dis, je la soupçonne même d’être angoissée et d’être consciencieuse. Par contre je ne doute pas qu’elle ne doute pas de son talent ; elle n’a rien à prouver, elle n’a pas de bilan à faire, pas de vie à boucler, elle prend son temps, et de fait occupe le notre. Bref, une fille à imaginer, et que j'imagine. Elle joue pour de vrai, très sérieusement.
Elle a des airs faussement frondeurs, elle pétoche ; elle a des riens à foutre très fragiles. Parce qu’elle est gonflée mais que ça n’empêche pas. Du coup, en plus d'être installée sur son fil, elle avance sur des sinusoïdes glissantes.

J’aime bien les gens en gestation, qui donnent l’impression qu’ils chercheront toujours.

18 septembre 2005

Beaucoup trop de dents (beaucoup trop dedans ?)

Ce matin je me suis encore réveillée avec la sensation que j’avais trop de dents. Ou bien trop de chair autour.
C’est bizarre que ma bouche soit l’endroit de mon corps qui me gène le plus. Un complexe de l’intérieur. Il ne s’agit pas d’être gênée par sa physionomie qui n’a rien d’extraordinaire ni en laideur, ni en beauté, ni même en handicap, mais plutôt par tout ce qu’il s’y passe à l’intérieur. Macérations, transformations enzymatiques, aspirations, expirations, entrée, sortie, tout cela m’occupe beaucoup trop certains jours. Et surtout, surtout les sons qui s'échappent et me servent de moyens de communication. Un phénomène très animal, très humain, somme toute. Oui je suis au courant.
Tous ces phonèmes et roulements roulent mal, se heurtent à mon souffle qui s’épuise sur une faille. Là non plus, rien d’anormal ne m’a jamais été rapporté, pas de défaut majeur de fabrication, un timbre banal, voire inintéressant. Dans les détails, on peut tatillonner sur un débit mal contrôlé, mais que finalement peu trouve haché. Les plus attentifs comprennent que je stresse, pourtant personne ne sait que je souffre toutes les fois que je me mets à m’écouter. La belle affaire.
En fait je n’aime pas la voix que les autres entendent, je suis bêtement triste qu’ils ne puissent appréhender celle que j’entends, celle à laquelle je suis si bien habituée, qui ne me dérange pas et me plait plutôt.
Cette voix copine et fluide est la voix de tous mes fantasmes et sans doute de mon narcissisme, du reflet que personne ne verra jamais. Je ne suis qu’une fille et pas une femme. Une projection qui malheureusement se heurte aux vrais miroirs et aux traces vidéo. Je vieillis.
Cette voix que j’aime, est celle qui articule des mots que je ne couche presque jamais, des pensées qui vont trop vite pour le stylo ou pour l’air de mes poumons, des idées qui superposent tous les sens en une seule pellicule, complexe, structurée, reliée aux fils d’un canevas fugitif : comment le dire en un souffle ?
Comment dire tous les mots qui nous traversent, lorsque nous ne sommes pas encore apprivoisés à d’autres regards, comment expliquer la gène qui entrave, la fatigue de notre pauvre cigare, l’effort musculaire pour se faire entendre.
Suis-je fainéante à ce point de ne souffrir le moindre effort pour expulser le moindre mot ?
Heureusement je m’apprivoise à ceux qui m’intéressent, heureusement j’oublie la voix qu’ils entendent, heureusement j’oublie l’effort à fournir, heureusement avec mes proches j’ai le diaphragme détendu.
Je suis un courant, une colonne, un placement d’air, une interface avec l’extérieur et l'intérieur, un être grégaire, social. Il faudrait donc que je me soigne, que j’aille voir un dentiste pour la tête ? Un orthophoniste pour les yeux ?

16 septembre 2005

La vie est un combat

La vie est un combat, des tas de saloperies vous tombent sur la gueule. C’est simple comme la réalité.

Heureusement pour affronter le monstre de fin de tableau, l’une des mains de Krishna vous envoie une complaisante mouche cybercorsetée pour vous aider. Gironde et fluo dans sa robe à facettes, la demoiselle n’attend qu’une chose, que vous lui en mettiez un bon coup, que vous lui envoyiez tout ce que vous avez de jus nucléaire pour la secouer jusqu’au frémissement final. Là, elle libère des œufs magiques, ultra protéinés, doubles fluorés qui sont à gober sans restriction (enfin presque, il y a quelques subtilités que j’avais oubliées).

Entre deux balayages lasers bien ciblés et évitements des rejets mortels adverses vous devez donc vous transformer en chasseur de bulles colorées. Elles sont belles comme un poème ces bulles légères, irisées flottant dans l’air surchargé de phéromones d’insectes de tous poils. Ok vous avez attrapé une bulle orange ? attrapez les toutes : votre vaisseau s’enorgueillit d’autant de phallus à réacteur.

Muni(e) de votre double, voire, triple manche, vous sentez toute la débauche de votre puissance au milieu de ce ballet de lumières, les explosions s'entrecroisent dans un feu apocalyptique, les moustiques de l’enfer s’écrasent comme de vulgaires moustiques à citronnelle, les mites forcenées se rendent à votre raison et éclatent sous vos rayons surchauffés. Dans ce brasier plein de fureurs et de bruits votre cœur s’emballe, n’oubliez pas le but ultime : tringler la grosse bestiole ovoïde avant qu’elle ne vous nique elle-même, celle-là lâche des œufs pas cools du tout, petits, rouges et vicieux. Ca ressemble à des groseilles, mais ce ne sont pas des groseilles.

Régression, encore

Après le pop-corn au petit déjeuner, Super Mario au dîner.

Je commence à mesurer tous les dégâts de cet anniversaire.

Mes frérots cultivent avec une gaieté non refoulée mon goût pour les miettes de mon adolescence.

Thiéfaine et flippers 5ème génération avec triples rampes et monsters-multiball, sont mes maîtres à penser.
Enfin faut pas déconner, il s’agit de la meilleure des adolescences, celles d’il y a 15 ans. Et tant pis pour eux, les rebelles d’aujourd’hui ont loupé Nirvana. D’ailleurs les flippers ont quasi disparu, ils doivent tenir la grappe à Pac-man quelque part dans un cimetière clignotant.

Alors donc petit frère m’a offert une magnifique PC Engine accompagnée du plus sublime des shoot’m’up : Cyber Core.

Depuis, je livre batailles tous les soirs aux côtés de la plus sexy des mouches. Sexy aussi les cubes de pixel, le copyright dit « 1990 ».


14 septembre 2005

Visage sans volume


Traits presqu' effacés, et ombres improbables. Où suis-je ?

13 septembre 2005

Saint Trop

Des micro cercles amicaux, plus mouillants et plus intéressants les uns que les autres, des balayeurs de mot, des gens de culture. Crème de l'humanité, le cynisme comme une guerre à livrer contre les simples, l'étendard de l'intelligence supérieure noué aux verbes acides sous perfusions nocturnes. A 3 heure du mat’ c'est beau les ports aux attaches sélectives, les claques que l'on donne à ceux que l'on aime un peu passionnément, les assiettes qui volent pour des mots hystériques qui se brisent ou pas dans de faux regrets, d'une heure, d'une minute, les silences hautains pour des tromperies tapageuses, et les rideaux de velours où l’on cache ses solitudes. Les dépressions chics, les larmes taries dans les vapeurs célestes et les miasmes des amours contrariés raclés au fond des artères des belles ou des moins lustrées ne gagneront pas sur la mort. Nous mourrons plus sages ou plus fous. Toutes, abhorratrices du simple, tous, bouffés de trouille, ces adorables cultivent leurs bourgeons putrescents d’extravagance soignée dans le plus profond respect des anti-codes. J'ai déjà réservé un billet pour le Saint-Trop' de la je-me-fais-chier-attitude. Voir si on y joue encore un peu, ou si on y fait semblant. Pour y traquer les dernières envies qui se rongent.

Nous mourrons plus sages et plus fous.

10 septembre 2005

Résolution de fille mûre

Bon alors, à force de commencer si mou, je vais finir par oublier le chemin d’ici, perdre l’adresse au fond d’un vieux jean. Et c’est pas mon genre, l’ennui. Va falloir que je passe à la vitesse supérieur, c’est trop gentil de l’arrière-train tout ça, or je ne suis pas que gentille. Va falloir que je m’énerve un peu les neurones. La nonchalance ce n’est beau que sur une plage à Deauville en hiver - c’est une vérité, et je n’ai pas fini de la dire, certes - mais la nonchalance est au manque d’idée ce qu’est la langue de bois en politique : ne rien dire évite de prendre des risques.

J’ai réfléchi, établi mes priorités : dompter ce blog. Je ne peux décemment inviter mes amis ici, la poussière ne s’y étant pas encore installée, ça sent trop le neuf, pas assez de bordel et je me cogne encore aux entournures, cherchant à l’évidence le bon fauteuil dans lequel on peut s’écrouler.

J’ai des envies terribles de camoufler les murs sous de lourdes tentures. Mais mon escargot sous acide risque de ne plus retrouver sa mix-salade. Hum vais-je pouvoir faire le grand-écart entre le baroque et la techno zen ?

Mouais… vais voir comment tout ce petit monde va cohabiter, eux et moi avec mes petits doigts malhabiles pataugeant dans l’architecture virtuelle.

Une dernière chose encore : éradiquer cette timidité de débutant. Après tout ce ne sont que des mots, à moi d’en faire des forêts de méga bit étincelants ou des gerbes flasques défraîchissant sur les bords.

08 septembre 2005

Plantisaure


Dans quelques heures je vais me sentir comme une plante trop à l'étroit dans son pot : rampante, l'envie de se casser ailleurs. Demain c'est mon compteur du 9 septembre qui s'emballe, ma mère va m'appeler, mon père, ma grand-mère et qui sais-je encore - d'autres que j'aime, et qui a priori m'aiment aussi - vont être contents de me souhaiter que des trucs qui ne se réalisent pas. Sadiques ! Bienheureux ceux qui ne savent pas car je n'aurai pas à leur dire "c'était pas la peine". Quelque chose de bien cependant : Bidou va se réveiller en douce, je ferai semblant de ne pas l'entendre, il fera semblant de ne pas se souvenir et réfléchira gravement à une surprise. Des fraises Tagada ? Un milkshake au chocolat ? Des cacahouettes au porto ? Et puis aussi j'aurai le droit de ne rien branler de ménager, de puer toute la journée, de camper dans le canapé.

07 septembre 2005

20000 lieues sous les mers, revenu à terre.



Hommage à un ami, presqu'un frère. Il n'est pas mort, hein. C'est justement parce qu'il n'est pas mort que je lui rends hommage. Ne croyez pas par là, que je n'ai que très peu de critères de jugement.

06 septembre 2005

Mollement...


Déjà je ne suis plus ce que j'étais. Et merde ! Forcément, mais que ça passe avec mollesse et insouciance, please.

Je pose mes hélices ici.

Pour me présenter je dirais que je suis comme la plupart d’entre vous, j’ai l’écriture en bandoulière. J’ai la douleur facile, et la jouissance identique, je suis chiante, j’essaie de faire mieux, je suis fainéante, je besogne. Je ne fais que passer ou bien je m’arrête. J’envie, j'admire. Je suis triste ou euphorique. Parano et confiante, schizo et intègre, menteuse et honnête. Je poste pour la forme, le fond, le fun, par ennui. Pour rien, et pour d’autres choses. Salut donc, je vous pose mon bonjour. Je n'ai plus 20 ans. J’ai un métier aléatoire, une humeur changeante, une culture variable. Un complexe indéniable. Des complexes pluriels. Je suis simple, arrogante, perfectionniste, je m’enfoutiste. Je me connais. Pas assez. Je n’attends rien mais je me demande des défis – intellectuels ou potaches. Je suis ludique, organique, réfrigérante et obsédée. Lucide, obscure, brouillonne et claire. Je suis respectueuse, irrévérencieuse. Lourde et lourde. J’me prends la tête, j’me prends des portes. Je parle trop ou pas assez. Je fume trop ou pas du tout. Je bois pas ou trop. Je suis assez normale, je lutte contre, j’exagère. Allez oui, j’exagère.
PS : j’aurais voulu être un escargot.