29 juillet 2006

Happy Days


5 jours de repos forcés aident à voir le monde différemment. 5 jours où j’aurais pu lire de vrais livres, terminer l’Existentialisme est un humanisme. Oui mais non. Où j’aurais pu alimenter mon blog, coucher deux ou trois conneries sur mon cahier à spirales sponsorisé par Auchan. Oui mais non. Dessiner sur mon carnet « Fée Clochette » sponsorisé par Walt Disney. Oui mais non. 5 jours décisifs pour appréhender le monde et plutôt le mien à travers la lucarne du salon. Uniquement. Ca oui.

Et là, tout de suite, en mettant le contact sur Blogger, je bouillonnais d’idées. Cinq jours d’effervescence télévisuelle ça fout la pression forcément.

En vrai, j’ai hésité à écrire cette note sur les maisons de vieillards impotents et ma grand-mère maternelle qui bave depuis son AVC, qui pleure quand on la surprend dans un couloir parce qu’elle a cette émotion joyeuse de retrouver des gens qu’elle aime mais aussi des gens qui l’écoutent et qui lui parlent, elle qu’on ne regarde que trop peu. Tellement peu qu’elle pleure de honte parce que la deuxième chose qu’elle nous mâchonne après un si on allait bien, c’est « est-ce qu’une jeune fille peut m’emmener au cabinet, j’ai envie depuis une heure ». J’aurais pu raconter comment je roule ma mamie en larmes à travers les couloirs, comment je roule à toute allure à la recherche d’une jeune fille, parce qu’elle pleure, parce qu’elle bave, parce qu’elle n’a plus de mouchoir. Et pendant que je la pousse, me viennent des envies de fric, de réussites, soudain la nécessité d’avoir les moyens se fait urgente, d’avoir le bras long, la carrure, les solutions, l’envie de la sortir d’ici, aussi, mais pour où, l’urgence d’avoir beaucoup de fric pour échapper à ça. Pas comme ça. Que mes parents ne vivent pas ça. Lui et moi, non plus.

Oui mais non. J’ai hésité à écrire cette note sur les hôpitaux qui ont un effet bénéfique sur mon transit dès que j’y mets les pieds en ce moment. C’est bien simple un panneau H me fait autant d’effet qu’un bol d’All Bran.
Oui mais non.

Alors donc, j’ai mieux, j’ai appris pendant ces cinq derniers jours de retraite que la télé me parlait ! Si ! Il suffit que je l’ouvre pour qu’elle m’envoie un signe, sur ma vie, sur mes projets. Tiens c’est bien simple, j’apprends que Malcolm et moi sommes tous les deux existentialistes, c’est bon à savoir parce que je ne compte pas terminer l’essai de Sartre dans les prochaines heures. Francis connaît pour la première fois depuis des centaines d’épisodes un coup de chance extraordinaire, il tombe sur des gens formidables qui ne le mènent pas en bateau. Pour ma part, j’ai la sensation que ça vient, si si ça vient.
Toutes les émissions Planète-J’irai-Dormir-Chez-Vous-Nicolas-Mulot se passent au Maroc, tous les films se tournent à Ouarzazate, tous les patineurs sur glace sans glace d’un show présenté par un animateur ex-comique qui ricane nerveusement à chaque applaudissement du public sont les sosies officiels du groupe de jeunes venu jouer chez nous hier. J’en avais la mâchoire qui tombait. Oui oui il y avait la même danseuse musaraigne aux cheveux rouges, le boulanger charcutier dans son marcel improbable et le ptit gars tout droit sorti d’Happy Days. Je m’attendais à tout instant à ce qu’ils se lancent dans une salsa déchaînée, un rock acrobatique par dessus les tables, mais non, ils ont joué sagement puis sont partis après avoir acheté 17000 boîtes de jeux (enfin presque). Evidemment si vous ne regardez pas cette extra-ordinaire émission sponsorisée par Pascal Sevran et Notre Temps vous ne pouvez pas comprendre pourquoi j'avais l'impression qu'il y avait des boules à facettes accrochées dans notre show room et un jury derrière la vitrine.

La télé est merveilleuse, je regarde le loto ce soir et j’évite les hôpitaux. D’une pierre deux coups.

19 juillet 2006

Moi j'dis, that is the question

Est-ce qu'on peut tomber accro à son bain de bouche ?

Crise d'ado


Au coin de ma rue il y a une belle maison abandonnée, pour le moment uniquement squattée par la bande de mon chat. Cela fait trois ans que je l’observe se dégrader. Des travaux avaient commencé quelques années plus tôt, le toit entièrement retapé est magnifique, les solives apparentes superbes, puis tout s’est arrêté. Beaucoup de gens intéressés se sont succédés devant ses murs, le cadastre indique que les propriétaires ont déménagé à l’étranger, personne ne sait rien de plus. Le chantier interdit au public reste en suspension avec des bâches qui traînent et quelques sacs de ciments éventrés que l’on aperçoit par le trou béant des ouvertures. Pas de fenêtre, une porte d’entrée qui moisit. Cette belle maison pleine de vent et de pluie commence à se lézarder, elle se fendille le long des encadrements, elle prend des rides dans la gueule, et depuis hier un ado lui confie son désarroi à la bombe rouge. Il a dû se payer son premier shoot de lucidité.
Ils ne sont pas tellement rebelles les ados du quartier. Faut dire qu’ici une maison vide se craquelle, là-bas des maisons remplies s’écroulent sous les bombes. Ah ça non, pas trop rebelles, justes en début de dépression.

11 juillet 2006

Moi j'dis (re)...


L'ombilical mot a frappé son sens contre le mur de ma raison. Ouhla, ben va pas falloir que tous les mots de la phrase suivent le même chemin. Ouïch !

Attendre Septembre


A l’heure où les gens se relayent pour partir en vacances je n’ai jamais autant de travail. Les lieux d’expositions suivent la pérégrination humaine et mes jeux se remballent et se déballent au fil du vent et presque au bord de mes caprices. Ici trop de monde, là fait trop chaud. Je pense, nous pensons entre deux jets d'ancre à nos nouvelles envies, pensons à penser à arrêter notre nomadisme estival, mettre une fois pour toute les mains dans la sciure, compter nos cases et nos pions, dessiner de nouvelles règles, esquisser la bonne enluminure. Je pose des notions abstraites sur des projets moins évanescents. Et puis, à ce point d'encrage, penser à poser nos propres vacances, celles qu’on a regardées en juin filer sans nous, à cause de.
Préparer le voyage, cette fois ne pas se laisser déborder par l’inattendu. Foncer et tenir bon.
Je sens bien que nous sommes plus sereins.
Je savoure ce qui s’accomplit, je ne compte pas ce qu’il manque, je creuse le sable pour enfouir mes racines bien profond. Bien profond parce qu’il y a des relents de violences qui balayent mes humeurs, des batailles ratées qui hantent, des signes qui grêlent les peaux les plus coriaces. Elle n’est pas si dure ma coquille.
Elle n’est pas si fragile non plus. J’ai des rages positives qui me secouent et des pensées sauvages qui bricolent. Pour un peu mes sens s’alertent et mes naseaux frémissent. Pour un peu je casserais tout pour repartir ailleurs. Pour un peu je laisserais tout en vrac pour me sauver tout de suite, longer le Drâa, roupiller à l’ombre d’une Casbah. Aller, tenir jusque là, et nos idées, nos envies, et nos nerfs.

05 juillet 2006

Moi j'dis...


Y a des fourmis qui sucent des chenilles hallucinogènes à s’en faire péter la ruche, moi je vomis mon cerveau il est même pas 20h30, à cause d’un seul mauvais verre de gin. Hip ! Y a pas de justice.
(Et puis même si ce verre était une distinguée chope de 50 cl, certes, ça reste du mauvais gin).

01 juillet 2006

Poker menteur et bottes de cuir


Ce matin quand tu t’es levée tu t’es dit que la vie était aussi excitante qu’une partie de poker, et plus exactement de Texas Hold’em. Assise à une table de dix joueurs tu crois toujours que fatalement tu vas avoir le droit toi aussi à une bonne combinaison, soit parce que tu as coché toutes les cases devant la liste à faire soit parce que tu as rayé de la liste ce que tu ne devais plus faire, et puis aussi parce que tu es une brave fille et qu’il n’y a pas de raison. Pourquoi pas toi ?

Ce matin donc, tu crois que la chance va se concentrer grâce au pouvoir reconnu des cierges magiques que tu as allumés sur l’autel dédié à Pierre Soulages, Caravage et Jim Delarge. Tu as bouffé monochrome, le samedi c’est le vert, de la crème pistache avec du melon d’eau en passant par le dentifrice Colgate aux plantes. Tu as gagné à la première partie de Spider solitaire niveau difficile, le voisin gras a desserré sa ceinture en rentrant dans sa caisse. Bref les oracles étaient bons et les rituels accomplis.

Alors tu décoches ton demi sourire au donneur et tu joues les blinds. En face Lili-La-Tigresse, à gauche Thomas-The-Ripper, à ta droite Mat92. Que du beau monde, ça vaut le coup de rentrer dans la danse, tes jetons valsent au milieu de la table, la journée offre tout son potentiel, il fait bon. Une journée comme les autres sans tellement plus de pression, tu fais juste ce que tu as à faire, tu t’alignes sur les autres et tu bêles dans la Grande Bergerie. Tu attends tes cartes.

La journée à peine entamée tu te dis qu’il est temps de ressentir les rouages de la difficulté, il ne suffit pas de se lever le matin. Ouf tu récupères un deux de trèfle et un sept de pic. Voilà qui ressemble déjà plus à une journée normale, ton estomac digère mal, il broie du vert, transforme l’espoir en ramasse-miettes. La vie est aussi désolante qu’une mauvaise main à court de jetons. Et Lili renifle l’agneau à plein museau.

Bien, maintenant il s’agit de se battre, et dans la vie, au Poker ou dans la bergerie, c’est souvent une question d’ego. Un sursaut incontrôlable qui éradique toute raison.
Tu sais que tu devrais passer, qu’il y a des années que t’aurais du jeter l’éponge, mais au point où t’en es tu préfères t’écrouler crânement. Tu fais semblant de croire que les jetons sont remplaçables autant que les minutes qui se fracassent.

Tu relances, tu relances. Le Flop arrive et quel Flop, rien de bon pour ta pomme, le Tournant te donnes des aigreurs mais tu t’accroches. Tu relances jusqu’à la Rivière sans une parole, les dents serrées durant la traversée du désert. Tu écrases même sous les talons quelques craintifs plus raisonnables ou moins courageux ou avec moins d’ego. C’est beau comme il t’en faut peu pour te redonner espoir, une dernière carte se retourne ; tes grigri, tes cases cochées et une stupidité orgueilleuse t’offrent un deux de carreau. Tu sacrifierais père et mère pour cette misérable paire. Tu les as déjà sacrifiés aux sourires carnassiers de Tom et Lili. La journée va se terminer et chacun piaffe le bec ouvert.

Je suis transparente d’attente, de besoin, d’espoir et de désespoirs confondus. Nous allons tous retourner nos cartes et je ne veux pas savoir, je ne veux rien voir ni entendre… mais…

Je me lève, je me sens plus légère. Je tourne les talons, le jour décline et m’éloigne de la table. Je me suis battue, un zeste de fatigue, il s’agit de bien rouler des hanches à présent, je sens les regards, à l’occasion sur mon cul, je sers les fesses, je rentre le ventre et je redresse les épaules. Tous apprécieront le rythme maîtrisé de mes nouvelles bottes glissées sous mon jean fétiche qui claquent le marbre veiné. Ouais ça valait le coup, je crois entendre des applaudissements, demain j’irai à nouveau saisir ma chance dans la Grande Bergerie.