31 mars 2008

Moi j'dis... Tempus fugit



Il était 20 heures. C'était incrusté dans le tableau de bord de ma voiture, en chiffres verts, sauf qu'évidemment il était en réalité 21h. Voilà, ça nous est encore arrivés. Deux fois par an. Fait chier, ma voiture est une nouvelle fois périmée. Vais devoir en acheter une plus neuve. Font chier, c'est peut-être un truc qu'ils ont trouvé pour nous faire consommer. Ah oui et puis y a mon four micro onde aussi...

28 mars 2008

Tentative de réduction du domaine de la lutte

La semaine dernière je me suis trouvée dans un état proche du désespoir. Le dernier bourgeon de mon bonzaï rendait l’âme. Il n’y avait qu’une seule chose à faire : tronçonner ce squelette végétal. Le débarrasser du superflu. J’ai donc ratiboisé pour tenter de concentrer l’improbable flux vital dans un minimum d’espace. Improbable mais pas impossible. Ma mère appelait tous les jours, la factrice me témoignait de sa sollicitude, le voisin d’en face ouvrait sa fenêtre avec un air triste alors je lui criais qu’il fallait y croire. Des paroles presque magiques. Am stram gram, c’était pile ou face. Aujourd’hui c’est l’euphorie : deux pousses tendres pointent le nez sous les moignons de bras secs. Je vais mieux.
C’est bien ça : « concentrer le flux dans un minimum d’espace » ; je vais mettre à profit. Mais qu’est-ce que je vais devoir tronçonner ? La coquille sur les yeux et les oreilles. Il me restera donc à couper les antennes. Déjà, quand il fait froid j’évite de bouger pour limiter les déplacement d’air entre les doigts. Alors j’entends des voix qui me demandent ben pour quoi faire ? Pour l’énergie, m’sieur dame, pour renaître et éliminer quelques envies idiotes qui m’apparaissent sur le coup vitales mais qui se révèlent dans un fracas infernal, terriblement égoïstes, absolument destructrices et surtout qui me dispersent qui me dispersent qui me dispersent. Tentative de réduction du domaine de la lutte.
Je vais pisser autour de mon pot.

09 mars 2008

Horror Scope

Mon soleil virginal se fait croquer l’immaculé par un ascendant félin et joueur. Paraît-il. Je ne crois pas aux astres mais ma lune noire, ma petite Lilith, ma sœur de la nuit trouve refuge dans les bras d’un sorcier sans âge… alors, alors je suis curieuse et j’écoute l’histoire qui se joue presque sans moi pour rire pour du beurre pour la passion cruelle et le fantasme qui se nouent aux tripes. Le réel traîne à nos basques à chaque fois qu’on se retourne, alors j’attends le début. Comme un film en noir et blanc avec un piano qui fait monter l’angoisse, les notes accompagnent les ombres, elles ont déjà joué ailleurs à d'autres époques leur partition. Tranchante comme une lame.


C’est son savoir instinctif qui berce ma conscience de vierge sage, de vierge folle lorsqu’elle s’endort. Un jour Lilith a tracé une ligne à travers le miroir. L’envie sans cesse mêlée à la culpabilité. D’un côté le film, de l’autre un semblant de paix. Un jour Lilith est tombée alors qu’elle n’aurait pas dû, me chuchote un soleil austère.Elle a défini la faille dans mon parcours gémellaire dont le point d’orgue s’est planqué dans deux mots magiques et terrifiants. Et si. Et si je rentrais dans le film ?



L’animal sautille et se roule et ronronne pendant l’acte 2. Il se dort la pilule sur du satin, il aime séduire et sa cage est d’or. Il aime le baroque bruyant le monde la frénésie du superficiel quand il peut s’isoler à loisir. Mais quand la cage s’ouvre et que la nuit entre on entend les notes s’égrainer plus violemment.Tout à coup la peur envahit la pièce, nos consciences aiguisées émergent d’une mare trouble qui viennent se heurter à la membrane fine. Les pas monstrueux résonnent, il faut réagir. Des yeux blancs roulent dans leurs orbites, des mains s’élèvent crochues, armées de seringues, de scalpels et s’emparent des rêves.Des gestes qu’on ne possède plus s’abattent sur l’ogre dans un désordre éblouissant. Il s’avance on recule dans un tango de chat et de souris. Et l’odeur d’orage qui précède les cris, les non qui s’élèvent en vrille qui tournoient mélangés à la sueur dans un rapprochement de la foudre. Quand la lame forme des éclairs dans le rideau de nuit et passe entre ses doigts et accompagne lentement cette musique, les traits de lumières se fondent en saccades stroboscopiques. Des larves quittent ses poches, des serpents argentés glissent de ses oreilles et lèchent nos chevilles, s’enroulent le long de nos cuisses et le vent fétide de son souffle se mêle à notre haleine. Alors l’ogre quitte son manteau de peaux et déploie ses lambeaux d’ailes. Et puis la morsure des larmes qu’on sent naître parce que son ombre nous recouvre et que l’on découvre dans son œil une interrogation humaine, parce qu’on ne veut plus reculer parce que le mur devient plus doux que la soie, parce que l’étau est un supplice vicieux.

Tout s’arrête maintenant. L’étau est la distance non calculée, le point d’impact qui fait bander.

Le temps se fige sur l'écran.Et les milliards de vermines célèbreront l’union, goûteront dans les entrailles des secrets primitifs, elles imprimeront nos peines dans le labyrinthe tièdes des orifices. Une douleur vive parcourt le fil qui s’ouvre enfin dans la chair et le liquide chaud du sang, perle fragile, s’épanouit rapidement, éclaboussant de carmin ce film noir et blanc.On découvre alors une rupture dans la monstruosité, à moins que l’on devienne soi-même un monstre avec des embryons d’ailes qui germent pendant que nos propres seringues injectent la drogue.Des gestes qu’on ne possède plus enserrent les corps hybrides et laissent à nos ventres un peu de cendre, puis une béance plus douloureuse encore et...

déjà beaucoup de manque.

05 mars 2008

Alouette

Un jeune ami m’appelle la femme sans visage. C’est joli et c’est vrai, d’autant plus vrai que je n’ai pas un visage mais mille, je crois. Je doute ainsi de mes propres images, de celles que je pourrais coller ici et là. J’ai ce problème de ne me reconnaître dans aucune. Je laisse à ceux qui me connaissent le soin de me reconnaître. Je laisse à ceux qui ne me connaissent pas le soin d’apprivoiser mon avatar grotesque. Parce qu’il fallait un signe, alors j’ai fait un signe. Amen.

Je pourrais le retoucher, le rendre plus joli moins écoeurant, plus discret plus passe partout. Je pourrais lui substituer son double noir, plus tragiquement correct. Mais voilà, il s’étale ailleurs sans complexe, dans des plates-bandes souvent intelligentes et sombres et somptueuses comme des suaires, ou encore simples, lucides et même pétillantes comme des clémentines. Après quelques essais et questionnements, « est-ce qu’il salit derrière lui, est-ce qu’il fait peur aux petits enfants ? » je suis à présent en mesure de l’assumer pleinement. Lui, ne dit qu’une chose : je ne suis pas elle.

Alors à quoi bon s’offrir une tête ? La vérité n’est pas dans la captation d’un instant, d’une icône qu’on voudrait reconnaissables et stigmatisables mais dans l’appréhension des milles qui, idéalement, nous survivraient. Nous sommes malheureusement ( ?) à multiples facettes et organiquement fragiles. Nous sommes ces êtres tragiques qui tentent sans cesse de gommer, expliquer, clarifier et démêler avant de mourir. Nous voulons montrer notre synthèse en égrainant nos mots comme autant d’actions et nous ne nous contentons pas d’être ce que nous faisons.

Malheureusement je ne suis pas mon chat, ni même mon escargot… dommage je rêverais de trouver une maîtresse comme moi ! ^^