31 août 2007

Passage

Je est rentrée sans désordre
Et au cœur de mon antre revenue

Ai bordel retrouvé. Silencieusement

En un mot, commence en
Ce soupir, un écart ténu
Entre rage et ordre

… Sage.

29 août 2007

Sortie nature

Balade en forêt. J’ai ramené un zèbre ou bien un autre truc mort qui avait plein de pattes. J’en ferai une descente de lit.
Heureusement je suis entraînée au parcours du combattant, j’avance toujours les yeux rivés au trottoir, pour éviter d’éventuelles merdes canines ; en forêt c’est plus dangereux parce qu’on peut niquer ses Nike free trail à tout instant, mais j’ai une garantie, elles sont conçues pour les terrains difficiles, c’est écrit sur la boîte.
J’avais programmé ma sortie dans les bois comme un rite pour renouer avec mes vraies forces vitales, parce qu’il est temps de faire comprendre à mes pieds qui est le boss.
Pour se faire j’avais cherché le mot forêt sur une carte, et je m’étais rendue dans un village avec un bistrot. Je me suis arrêtée dans le café pour m’enquérir de possibles recommandation d’usage, c’est là que les autochtones m’ont indiqué le parking et comment je devais laisser ma bétaillère toute seule sans surveillance à l’orée du bois. Les boules. Ils m’ont précisé qu’il n’y avait pas d’horodateur. Heureusement sinon je chercherais encore.
La forêt c’est gratuit mais ça se mérite. Tu t’en rends compte dès que tu ouvres les portières. Il n’y a pas de bande blanche au sol, on ne sait vraiment pas de quel côté marcher, déjà il faut marcher, ça, c’est mal foutu, la voiture ne peut de toute façon pas avancer plus loin. La forêt c’est pas comme le mac drive on peut pas rester à son volant, faut transpirer.
Je me suis donc mise en route. Arbres après arbres j’ai maintes fois failli faire demi-tour et remettre ma ballade à d’autres lustres. Mais non. J’ai risqué ma vie, j’en ai bien conscience et pourtant je ne regrette rien.
Même après m’être battue avec quelques insectes énormes et suceurs de sang qui essayaient de me faire lâcher mon APN en me bombardant. J’ai dû les assommer avec un gourdin taillé dans un chêne. Le sol a tremblé, j’ai gagné. Une chose étrange m’a déchiré mon levi’s, une espèce de rosier mal taillé sans fleur, et le sol était mou avec une sorte de moquette verte fluo pleine de vermines,
On ne sait pas trop pourquoi mais c’est fléché par endroit, alors je me suis dit que je devais arriver quelque part en suivant les flèches, Je pensais à un office du tourisme où j’aurais pu acheter des dépliants ou bien piquer quelques guides des festivités locales, et je me suis inquiétée lorsque je n’ai plus entendu les voitures, d’un seul coup, la route qui m’avait guidée jusqu’au parking, avait totalement disparu, j’étais au moins à 50 m au milieu des branches sur un sentier pédestre comme ils disent, sale et non goudronné (je pense que les autochtones n’en n’ont rien à foutre de bousiller leur Asics) avec des feuilles glissantes partout, ça sentait bizarre, un peu le champignon de Paris mais sans ail, il n’y avait pas de pigeons mais des oiseaux noirs qui tournaient dans le ciel plombé, et puis des bouts d’arbres sortaient du sol en faisant des anneaux comme des serpents de bois. Je suis arrivée à un panneau qui disait « étang sombre du manoir aux fées (15ème siècle), 0,8 km ». Ouais bof, un manoir tout vieux tout moisi, un étang apparemment pas très propre et pis des fées si tant est qu’elles vivent toujours, doivent assez décaties. Ouais bof, et puis 800 mètres dans cette direction forcément ça m’éloignait encore.

J’ai retrouvé avec plus de délice encore, ma Stefmobile et j’ai fait chauffer mes cd afin de fêter dignement mon retour vers ma cité lumineuse (parce qu’au bout d’une heure y en a marre des piafs excités et de leur pays merveilleux). Donc je ramène quelques souvenirs, mais mes Nike sont mouillées, j’ai fait des photos de divers éléments sauvages dans leur milieu naturel pour fournir une preuve à mes amis de mon audacieuse excursion. Et puis sur cette photo vous pouvez voir comment j’ai abattu un arbre et comment je me fonds parfaitement dans la nature, telle une femme des bois en osmose avec les forces telluriques.

18 août 2007

Douze

Après sa bouche, elle lui tendit sa nuque. Et puis tout le reste qui se dégrafa, dégagea de son léger bouclier de tissus. Il oublia les vers, le Littré et le subjonctif. Le sang qui battait dans ses veines prenait un virage death metal. Au milieu de cette fureur s’élevait un orage d’adrénaline. Tout relevait du rythme et de l’ivresse. Il avait tant intellectualisé le sexe, qu’il en avait perdu l’instinct, la mémoire du chaos, des sécrétions violentes qui sortent des ventres, et l’envie foudroyante. Il baisait hygiénique quelques fois, à de bonnes adresses, mais le plus souvent il jouissait dans ses mains seul devant sa glace. Il avait oublié la rencontre et l’inattendu, cette mécanique de précision du désir grâce au travail des phéromones et au bon boulot des glandes apocrines, grâce aux emphét’ naturelles qui submergent le cerveau, et qui d’autres fois – sournoisement - oeuvrent pour la survie de l’espèce lorsque ces salopes d’endorphines ont fini par cimenter une femelle à son mâle ou inversement. Or il avait toujours eu peur de s’accrocher et de rencontrer celle qui s’accrocherait. Il avait peur de l’envie de l’autre.


Ses tempes dardaient sous les échanges hormonaux, il retournait ses souvenirs avec sa langue où s’entrechoquaient bruyamment ses classiques, sa science et sa culture.
Et donc l’Origine du monde, empreinte d’un tableau hyper civilisé, ode quasi clinique d’un mec en érection psychologique le renvoyait à d’autres créations vieilles comme la nuit des temps et débarrassées de toute urbanité. Là, la matrice brûlante qu’il tenait sous la main le tenait au bord du précipice de l’avant qui plonge dans l’après.

«Le désir est un processus d’échanges chimiques » Ce mantra cognait dans son slip. Putain l’odeur de cette meuf jolie avec qui il avait échangé des propos intelligents attisait des braises, ce pouvait-il qu’il la morde, il hurlait de faim ! Ce pouvait-il qu’il la goûte seulement et qu’il s’arrête juste après ? Il grondait, vociférait intérieurement. Il voulait tout prendre, tout fouiller, tout lécher. Peut-être voudra-t-il la revoir, peut-être. La conscience longeait encore le bord du précipice, il avait pourtant déjà envie de la connaître. Oui, peut-être la reverrait-il pour tout apprendre d’elle. Il se disait encore dans un sursaut qu’il était sans doute foutu, mais la seconde qui suivit avala ses questionnements en souriant.