15 septembre 2006

Savourer l'ombre et le thé à la menthe/2

Quand les ocres se fondent dans le plomb, les nuages fleurissent dans les flaques. C’est une vérité vraie aussi vraie que l’orage nous a fait économiser quelques degrés alors la vie peut repartir, les chats s’arrêtent à toutes les portes ouvertes, passent une moustache en mendiant piteusement et lentement les vautours reprennent leurs rondes.

Un peu de pluie tiède et tout s’ébranle sous nos godasses, les pierres d’oxyde de fer et de cuivre roulent avec leurs pigments, c’est Hassan l’artiste du désert qui les colle sur sa toile. Il peint des ancêtres dévoués au Ouali et à 300 ans d’autarcie que l’on dérange en deux jours. Même les nomades contournent leur minuscule oasis.
Le calme et les gamins des rues roses ont enveloppé leur pain de vache qui rit. Je ne m’étonne pas. C’est l’heure du goûter et nous goûtons aussi, de l’huile et de la confiture de figue, on mange en silence et en sourires. Nous ne disons plus rien, je déguste ce plaisir de toucher du doigt et des yeux d’exotiques clichés. Comme dans un roman ou sur un écran, chacun prend la pose et suit les maigres lignes de ce scénario que je fixe dans mon crâne. Les murs de terre s’élargissent au fil des naissances, des pièces poussent du sol lui-même, on trace un carré de jardin où s’élèveront quelques palmiers.


Les nomades contournent l’oasis mais pas Internet, mon cliché s’en prend plein la gueule, et avec de la vache qui rit sur les doigts, je sors enfin de ma torpeur lyrique, H. me donne sa carte et son e-mail et je lui promets d’envoyer les photos.

2 commentaires:

Tyrane a dit…

Ouais ouais, mais bon ! Un internet ocre ou oranger avec plein de grains de sable, j'crache pas dessus !
(De bien belles images en tout cas... on voit même pas les fils de téléphone, dis donc !)

Anonyme a dit…

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