18 août 2007

Douze

Après sa bouche, elle lui tendit sa nuque. Et puis tout le reste qui se dégrafa, dégagea de son léger bouclier de tissus. Il oublia les vers, le Littré et le subjonctif. Le sang qui battait dans ses veines prenait un virage death metal. Au milieu de cette fureur s’élevait un orage d’adrénaline. Tout relevait du rythme et de l’ivresse. Il avait tant intellectualisé le sexe, qu’il en avait perdu l’instinct, la mémoire du chaos, des sécrétions violentes qui sortent des ventres, et l’envie foudroyante. Il baisait hygiénique quelques fois, à de bonnes adresses, mais le plus souvent il jouissait dans ses mains seul devant sa glace. Il avait oublié la rencontre et l’inattendu, cette mécanique de précision du désir grâce au travail des phéromones et au bon boulot des glandes apocrines, grâce aux emphét’ naturelles qui submergent le cerveau, et qui d’autres fois – sournoisement - oeuvrent pour la survie de l’espèce lorsque ces salopes d’endorphines ont fini par cimenter une femelle à son mâle ou inversement. Or il avait toujours eu peur de s’accrocher et de rencontrer celle qui s’accrocherait. Il avait peur de l’envie de l’autre.


Ses tempes dardaient sous les échanges hormonaux, il retournait ses souvenirs avec sa langue où s’entrechoquaient bruyamment ses classiques, sa science et sa culture.
Et donc l’Origine du monde, empreinte d’un tableau hyper civilisé, ode quasi clinique d’un mec en érection psychologique le renvoyait à d’autres créations vieilles comme la nuit des temps et débarrassées de toute urbanité. Là, la matrice brûlante qu’il tenait sous la main le tenait au bord du précipice de l’avant qui plonge dans l’après.

«Le désir est un processus d’échanges chimiques » Ce mantra cognait dans son slip. Putain l’odeur de cette meuf jolie avec qui il avait échangé des propos intelligents attisait des braises, ce pouvait-il qu’il la morde, il hurlait de faim ! Ce pouvait-il qu’il la goûte seulement et qu’il s’arrête juste après ? Il grondait, vociférait intérieurement. Il voulait tout prendre, tout fouiller, tout lécher. Peut-être voudra-t-il la revoir, peut-être. La conscience longeait encore le bord du précipice, il avait pourtant déjà envie de la connaître. Oui, peut-être la reverrait-il pour tout apprendre d’elle. Il se disait encore dans un sursaut qu’il était sans doute foutu, mais la seconde qui suivit avala ses questionnements en souriant.

2 commentaires:

Tyrane a dit…

13. Cimenter un mâle à sa femelle.

Welcome back ! Ca frétille sous les yeux, miam !

Des biz et des pensées, tout plein !

Unknown a dit…

14. Mmh tu veux en parler (de ce mâle)?