21 juillet 2016

Pan !


Au début c'était simple, c'était rien, et puis un soubresaut du rien vacille, un rien de soubresaut puis le reste qui s'amoncèle, s'annule, se cherche et se sépare, se rassemble et tâtonne, touillant dans le hasard. Rien que du hasard s'organisant à tâtons dans le pourquoi pas. Cela tiendra ou pas, cela fera ou ne fera pas. Rien que du rien avec du moins rien. Au début c'était simple nous étions à peine plus que du rien avec ce moins rien. Pas d'intelligence organisatrice préalable. Nada, un peu comme la nôtre actuellement, l'intelligence n'étant rien d'autre qu'une succession de données qui s’additionnent dont on extrait une possibilité. Nous étions donc déjà potentiellement là, avec nos cils vibratoires, nos cornes ou nos tentacules élégants, ici ou ailleurs. Alors on voudrait vraiment comprendre ce soubresaut qui n'était qu'à peine un rien, plus un petit moins de rien, ou, un petit plus… va comprendre ? A quoi bon ?

Nous ? C’est quoi ce Nous dont nous nous rappelons du haut de notre première amibe, ce fameux presque rien. Ce nous qui s'est construit des contes sur sa genèse scatologique. Et, brillamment au cours de cette phase anale, nous avons imaginé que nous participions à l'organisation du monde. Ce Rien que nous sommes, souvenirs cumulés de toutes ces accumulations rapides ou lentes, assemblés en données de plus en plus complexes, nous autres petits êtres pochés à la casserole du rien, voulons retrouver maman.

Le rien ne peut se penser avec du rien, l'intelligence ne peut se penser avec l'intelligence, le beau ne peut se comparer au beau. Il faut être laid pour le reconnaître, il faut être idiot pour saisir la clairvoyance. La compréhension ne peut se saisir qu'à travers le prisme de la différence. J’ai trouvé un jour qui me ressemblait, j’ai trouvé à qui m’assembler, mais fusionner n’est pas comprendre, c’est simplement magique or la magie n’a que faire de la réalité, des autres et de la politique. La métaphysique n’est pas un écrou, ni même la serrure par laquelle nous observerions le vrai monde. C’est la psyché sans l’estomac. Je le sais j’ai testé : j’ai bouffé mon amulette un 15 février, depuis je galère à recracher des miettes qui ne s’assimilent pas ou plus. Comprendre, c'est combler une latence et donc rentrer dans le dur. Accepter une différente partition entre soi et l'autre et faire un effort. L’autre est un putain d’effort.

Je crois que c'est ce qui déconne en ce moment, on veut trouver le pourquoi à tout, et comprendre l'autre facilement. Alors on prend des raccourcis et l'on suppose qu'on se comprend tous. Et on oublie ce que signifie le mot "effort". L'effort se révèle douloureux, induit une assimilation peut-être regrettable car sur ce plan-ci n’a rien de métaphysique. D'autre ont résolu le problème : Rien n'est à comprendre, pas d'effort à fournir de leur côté, nous sommes différents et si ça finit par gêner, il suffit de tirer. Pan!
Au bout du compte, je suis rassurée, on ne se comprendra jamais.

Aucun commentaire: