22 août 2006

Le blog comme une cocotte en papier

Ceci dit je tourne toujours autour du pot, il s’agit de mots, de sujets, plus que de tristesse (je ne suis pas du tout triste, à peine morbide, juste légèrement dépressive), il s’agit de matières virtuelles à remplir de bouts de vides qui ont de la mémoire. Le vrai sujet de la tambouille qui s’étale sur ce blog c’est le blog lui-même qui se nourrit de ces bouts de vides et aussi la tétanie intrinsèque qui m’agite comme une petite vieille atteinte de Parkinson dès que je me logue. Parce que je garde cette peur au ventre de donner du sens au magma qui m’habite. Magma, vide, c’est du pareil au même, j’ai la conscience aigue d’avoir l’étalage dérisoire - en trop léger, embrouillé ou trop lourd - mais fatalement dérisoire. Enfin tout me paraîtra dérisoire à un moment où à un autre. Je lutte donc contre moi-même et certaines lourdeurs que je n’assume pas si bien. Alors entre deux conneries pour rire je me bagarre dans l’arène luttant contre mes sujets lourds et opaques et mon code de l’autodérision. Comment doser les deux, comment les faire cohabiter ?

Alors pour répondre à Mafalda, peut-être que le combat est plus intéressant que l’issue de la bataille.
Peut-être qu’on ne peut véritablement pas tricher avec ce que l’on est dans la vraie vie, je me bats au quotidien alors je livre bataille entre ces plates bandes de placoplâtre. Peut-être qu’on continue à écrire pour chercher la formule magique avec sa dose de frustration et de plaisir, de léger et de lourd chaque fois renouvelé. Un combat pour dire du sérieux sans se prendre au sérieux.

C’est de plus le seul moyen que j’ai trouvé pour classer et étaler des pensées en dents de scie, avec l’idée que rendre public des idées, des formulations permettraient de m’en détacher pour y voir plus clair. Plus qu’avec une oreille amie où je déverserais mes sinistroses et qui finiraient par me dégoûter de moi-même ou bien par me rendre insupportable à autrui. Ici si j’insupporte on me zappe, l’ego à peine éraflé. Point barre et je m’en retourne à ma vie laissant l’escargot à ses hélices en carton.

Une psychanalyse ? Non merci je n’ai aucun problème grave à part mon goût pour Praxis et la peur de perdre mon index droit dès que je passe la main à travers la vitre baissée d’une voiture en marche.
A vrai dire mes problèmes sont une source intarissable de surprises pour luter contre l’ennui.

Visiblement avec un peu plus de 89 laborieux posts, ce n’est pas non plus une cour que je recherche c’est plutôt des rencontres sans contrainte et puis surtout de la lecture en mouvement. Un plaisir facile qui me pousse à me connecter dès que j’ai un iota de temps, l’esprit libre et lorsque la température ne m’attire pas à l’extérieur. Peut-être que dans formidable excès narcissique je rassemblerai tout ça pour l'imprimer et en faire une super cocotte en papier.
Une question cependant : Est-ce que l’écriture d’un blog développerait à long terme un rapport incestueux avec sa petite personne, moi et moi pour le meilleur et pour le pire se lustrant le poil dans le bon sens, ou dans le mauvais selon le menu masochiste du jour, ou bien encore entretiendrait une schizophrénie lénifiante, un moyen de se décalquer la tête à peu de frais et sans ordonnance, flirtant ainsi toujours sur le fil de la réalité ? Peut-être. Alors une horde de bloggers rempliront les cabinets de psy.

Je demande un truc tout simple en fait.
Me rafraîchir la tête avec de l’air et des mots qui ne sont plus vraiment à moi puisqu’ils ne restent pas dans mon calepin. Le premier ou la première qui me propose un ventilateur ou un climatiseur, je m’invite chez lui ou elle, avec mon chat et mon homme.

Sinon, moi j’dis, la dépression se combat avec un bon anti-cyclone. (Merde je viens de louper l’occasion de faire mon 91ème billet).

4 commentaires:

Tyrane a dit…

Nom d'un chien, je frissonne !
Elle est là l'astuce : ta cocotte en papier est un climatiseur capable d'hérisser les poils sur ma peau. S'il te plait, continue à façonner tes mots pour en faire d'autres origamis si tu veux ! Moi j'en demande encore !

Anonyme a dit…

je n'ai pas zappé. J'ai même relu. Le doute, l'interrogation, la peur du vide. C'est un terreau fertile ! Je ne te souhaite même pas d'en sortir, je n'ai jamais douté personnellement que le bonheur ce soit celà plus autre chose.

Anonyme a dit…

C'est juste stupéfiant de justesse.

Même plus besoin de me demander pourquoi je blogue.

Unknown a dit…

Revenue !
Et là d'un seul coup j'ai chaud.
45°C localisés au niveau des joues, terrible, autant qu'au Maroc, merci les gars les filles, Ari...