06 janvier 2016

Moi j'dis...

Ne plus les mots s'étalent. Alors les avaler avec la journée dans son grand verre de jus d'orange.

05 janvier 2016

Bon alors quoi, merde alors, Pierrot, mon ami, il pleut dehors, ouvre moi ta porte! Promis si tu ouvres, je laisse mes chaussures dans l'entrée.

Je me perds en conjectures : ton index a ripé sur mon profil? t'as viré tout le monde? j'ai perdu à ton jeu et bim bam boum dehors? Alors quoi je ne suis qu'une greluche, toi le maitre de ces lieux, ne peux-tu pas en compter une de plus? Il faut de tout pour faire un monde, et puis quand même je suis une greluche première classe. Alors quoi, j'ai mal répondu l'aut'jour? Tu veux que je m'allonge sur le canap' pour te raconter mes blocages. Je peux pas me voir en peinture, alors en photo... Je pars en vrille quand on me dis que je suis bandante, parce que tu vois je suis une femme voilée, là à l'intérieur. Un truc verrouillé depuis l'adolescence rapport à une féminité mal digérée sans doute. Pourtant je peux parler cul pendant des heures, pourtant je me noie dans des océans de plaisir... pourtant, oui je verrouille. Et ça ne m'aide pas à me sentir mieux, mais c'est la parade que j'ai trouvée. Et je sens bien que tous ces mots là étalés vont m'assécher à coup sûr. D'ailleurs je n'ai rien à déclarer, rien de profondément universel à fixer dans le marbre, je ne sais parler que de moi et finalement assez superficiellement. Je manie mal la géopolitique, j'ai une culture pop très partielle. Quelques souvenirs d'histoire de l'art, la danse en fond sonore. Voilà pour me vendre. La fille sexy c'est pas moi, c'est l'autre. C'est pour cela que je soliloque ici sans doute. Je n'ai rien dis d'aussi personnel d'ailleurs depuis des lustres. Même si je ne suis pas complétement honnête. Derrière un écran comment l'être? Et là tu vois en enfilant ces lettres au fur et à mesure, mon côté salope se réveille, mon capitalisme primaire enroulé dans mon cervelet embourgeoisé : je rentabilise. Si je ne dois plus rien écrire pour cause de vaginisme intellectuel, autant le recopier sur mon blog comme une ode à ma misère. Je marquerai ainsi pour toujours le jour où j'ai mendié. C'était jeudi. Alors quoi, Pierrot, mon ami...
Alors quoi je pourrais te demander comment toi tu vas? C'est vrai ça comment tu vas? C'est con mais en fait c'est peut-être la seule chose que j'aurais dû t'écrire.

Aller, je dépose "des j'aime" à ta porte. Sans mot ajouté, le clic comme une sonnette. T'en fais ce que tu veux. Un bouquet champêtre.

Janvier : an 1.
Mon baromètre me dit que mon monde s'est écroulé le 23 septembre 2014. Mais le vieux monde s'est écroulé en janvier 2015. 1 an, depuis les souvenirs se sont accrochés aux actes déroulant leurs puissances dramatiques. Méthodiquement et avec la télégénie du désenchantement.

Je m'étais dis qu'ils y été allés un peu fort chez Charlie Hebdo, quand même, pour parler de la liberté de la presse... inventer un attentat, c'était too much. Sauf que c'était pas pour rire.
Et puis plus rien n'était pour rire ensuite. Le monde bricolait ses histoires à rebondissements de violences tribales, de manipulations médiatiques. Je me souviens en septembre...

Une minuscule plume est tombée. Je l'ai rattrapée et là un léger rire s'est élevé. J'ai crié au ciel que les anges faisaient mal leur boulot. S'en est suivi un chuchotement, un bruissement, puis comme un grand choc. J'ai tourné la tête en tout sens... ai-je rêvé?
Je suis triste mais préfère mille désillusions aux cauchemars très réels s'échouant à nos frontières proches.

Et puis en novembre Bibi chat est tombé malade.
Il s’est retrouvé aux urgences pédiatriques jeudi 12 novembre, perfusé et avec moult autres tentacules qui faisaient clignoter de jolis écrans à l’autre bout. Sa deuxième nuit d’hôpital à inviter une drôle de sensation dans notre intimité. C’est la colocataire de notre chambre, qui, distribuant des nouvelles de son propre fiston à son téléphone, se fige, et se tourne vers moi et m’annonce : il y a des morts à Paris, plein de morts. Je me suis dit à son ton, que ce n’était sûrement pas normal. Encore une blague à la Charlie.
J’ai compris que des entités non terriennes nous étaient tombées dessus. Les martiens avaient débarqué et dirigé leur faisceaux déglingueurs pour nous prouver qu’ils n’étaient pas de notre monde et loin de notre logique jouisseuse. Nous faisons des enfants, les incubons, les accouchons, les allaitons pour qu’ils durent un peu. Les options pour qu’ils vivent heureux sont de plus en plus minces, nous le savions dès leur premier cri, certes, mais nous avons la mémoire du monde courte et nous nous partageons une intelligence humaine bâtie sur le plaisir rapide. Les aliens s’en foutent. Ils n’ont pas besoin d’intelligence, ils n’ont pas besoin de bonheur, ils ont besoin d’espace. Toujours un peu plus d’espace.


Depuis ? Depuis nous en sommes là à compter les jours qui nous séparent du bonheur d'être des humains.
Enfin pour ma part c'est un peu faux. J'ai un petit garçon qui va bientôt avoir trois ans. Et je l'aime.