12 mai 2008

Fell On Black Days



Avant j’avais une vie marrante. Enfin j’avais la même vie mais j’étais plus jeune. C’est une constatation navrante mais qui dit néanmoins qu’ « être plus jeune » induit une différence. Et pas des moindres. Je crois que l’on écrit mieux quand on est plus jeune. Je crois que l’on chante mieux, que l’on dessine mieux. L’expérience prend le relais mais impose des barrières inconscientes. Alors peut-être que l’on compose mieux, que l’on peint mieux, mais la quintessence d’un geste, le trait, la voix sont une affaire d’irréductibilité de l’individu, son empreinte.
Ensuite en vieillissant on ne fait qu’habiller le trait ou la voix jusqu’à oublier – souvent- la substantifique moelle.
On apprend des trucs, on comprend des choses qui enlèvent un peu de fraîcheur au propos.


Tout ça pour dire que j’avais écrit une lettre d’amour à Steeve Estatof il y a 3 ans qui devait être formidable de puissance (ré-)créative.
En trois ans, j’ai perdu en créativité. Mais j’ai perdu cette lettre également, alors Steeve si tu me lis, envoies moi une copie, s’t’eup’.

(Rires)

J’aimerais bien retrouver cette fraîcheur.

En tous les cas c’est un constat. Mais c’est un constat qui n’est pas triste, puisque j’en tire les conséquences bénéfiques depuis quelques mois. Les conclusions, je les mène au cœur de ma vie professionnelle qui retrouve ainsi une saveur un peu oubliée. Quelques trois ans d’errance.

L’étape qui suit l’apprentissage, juste après l’habillage du propos, est la prise de conscience de ce qu’il faut retrouver. Récupérer ce premier jet. Je coche.

Réapprendre à dessiner pour essayer de se surprendre à nouveau. Mais le peut-on ? Sans doute que non, du moins pas en essayant de mettre les mêmes pantoufles, peut-être en retrouvant les brouillons et en exploitant les traces écartées. Je coche encore.

J’en connais un qui a l’air d’essayer… je pense à Fishturn. Attention je ne prétends pas comprendre ses intentions, mais ce qu’il trace depuis quelques jours (heures) ressemble à une réorganisation autour d’un tronc. Ce qu’il sait de lui. Une réorganisation à partir du début. Le tout à la première voix, pardon, première personne. Ça me paraît courageux et donc intéressant. Je ne prétends pas comprendre ses intentions, non, d’ailleurs je ne parle pas de ses intentions, je dis simplement que le casting qu’il plante sur ce fond noir ressemble à des solistes ayant chacun leur voix, leur voie, attendant de la tracer, en attendant de se croiser. J’attends la partition et ses méandres qui s’enroulent autour de cette colonne vertébrale en forme de je à plusieurs strates.

Tout ce qui ré-explore m’intéresse, tout ce qui semble être mouvant m’émeut, et seul ce qui s’élabore est viable.
Evidemment, mais j’aime me le rappeler.

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