17 février 2006

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Je reviens sans avoir dit au revoir, sans avoir même refermer la porte, je me fais l’effet d’arriver sans dire bonjour avec l’espoir de me faufiler au fond à gauche pour faire comme si. Pour faire comme si je n’étais jamais sortie. Comme ça je n’aurais pas d’explication à donner, pas de mot d’excuse pour mon retard, pas de colle le mercredi.

C’est bizarre cette impression de n’être pas complètement apprivoisée à ces murs, de n’être qu’une visiteuse toujours un peu surprise et engoncée dans son manteau. Peut-être est-ce dû à mon côté intermittente de la sphère virtuelle… très intermittente ? Un manque d’habitude, de temps, de talent ?
M’enfin c’est qui le capitaine !

En fait si, je vais le dire. La vie de l’autre côté du miroir est envahissante et j’adore ça me perdre dans l’efficace et le coup de rein. Et puis ici, sur cette surface brillante où je ne vois que mon nez, flou et démesuré, je me demande vraiment si c’est une question de foi ou bien de discipline, la productivité blogesque.
Il n’y a pas 36 formes de blogsn enfin si mais il y a quand même des grandes familles repérables : le cahier intime qui cartographie l’humeur de son propriétaire ; l’analytique du genre "magazine" pro qui dissèque en journaliste, rassemble des données, réfléchit, thématise, se rassemble en collectif ; l’artiste qui expose, cherche, livre, donne à voir, à lire et à penser ; celui qui clignote, qui fait bouger de l'image ou bien l’audioblog qui pimente ses galettes d’un commentaire salé et/ou documenté ; et enfin le professionnel du divertissement qui ne veut rien moins que de se faire plaisir avant tout pour faire plaisir ensuite.*
Evidemment ces grandes tendances peuvent loucher sur les catégories voisines et les genres se mélangent, mais il me semble que coincée dans la seule chose que je sais faire, parler de moi, j’épuise forcément le genre très rapidement. Parce qu’en plus je n’ai pas choisi de parler régulièrement de mes vicissitudes quotidiennes. Certains le font avec goût.

Alors j’hésite, je finirai sûrement dans un avenir proche par poster des onomatopées, des grognements accompagnés - tout de même ! - de téléchargements à durées limitées ou bien le menu de mes repas. Le gâtisme à la sauce égotique ne me ratera pas, je le sens. Le pire, que ce soit une question de foi ou de discipline, je ne veux pas lâcher l’affaire ! Je ne suis pas fervente, je ne suis pas très disciplinée, en plus je ne suis pas gentille, à la limite, pas sympathique non plus dans le sens où je ne sais pas faire l’animation (comment ça, ça s’est vu ?)

Le faux journal intime qu’est mon blog, suivra donc sa seule ligne éditoriale capable de s’auto-alimenter sans organisation : le linéaire de mes envies opportunistes. Forcément, il me révèle déjà mes propres limites, pour l’instant je me retiens d’écrire du pire, du non construit (à peu près), si je m’accroche donc, je cours vers l’hermétisme le plus total. Je verrai, je trouverai peut-être enfin une orientation ? D’ailleurs je ne sais même pas trop ce que je cherche.
C’est marrant comme on s’est tous posé cette question à un moment ou à un autre dans notre activité bloguesque. Ce n’est donc forcément pas quelque chose de naturel ou d’anodin.

* Bon alors le blog d'Alain Juppé c'est quoi ?

3 commentaires:

Myriam a dit…

Hello Stef,

Oui, je suppose qu'on s'est tous posé la question un jour ou un autre. Pour ma part, je n'ai pas encore trouvé de réponse satisfaisante, je ne sais pas pourquoi le blog me correspond si bien, pourquoi gribouiller au su et au vu de tous (enfin, de mes trois lecteurs et demi) m'apparaît plus constructif que l'écriture en tiroir, est-ce de l'exhibitionnisme peut-être?, je ne sais pas trop pourquoi je me demande pourquoi, de toute façon je me demande toujours trop. Bon. Je tiens un blog parce que ça me fait plaisir. Ni foi ni discipline. J'écris quand j'en ai envie. C'est chouette. Un peu court comme analyse? Bah, c'est comme pour les bouquins ou le cinéma. J'arrive rarement à dire autre chose que j'aime ou j'aime pas. Tout se résume à ça, d'ailleurs. Après, si on est logorrhéique, on enrobe avec du discours. Donc là, j'aime. Donc je blogue.

Unknown a dit…

Chouette, Mafalda, ici !

C’est vrai, le plaisir est sûrement le but ultime au fait que l’on blogue. Après les raisons profondes doivent être aussi diverses que les bloggeurs eux-mêmes. En tous les cas s’il y a un truc que je sais, c’est que je ne le fais pas pour être aimée, j’ai plus l’impression d’être un pêcheur qui lance une ligne et qui attend une touche. Si je peux toucher quelqu’un, lorsqu’un commentaire est laissé ;) j’ai la sensation d’avoir gagné au loto. Tu vois, comme un cadeau surprise au bout. Le côté aléatoire aussi.

Myriam a dit…

Oui, je vois. Et je suis absolument d'accord. Je ressens la même chose.