01 février 2006

Recyclages 1 des mots des sensations des images de l’histoire


Je suis aveugle et sourde, je ne parle plus la raison.
Et quand bien même je devrais m’anéantir sur le ciel qui nous tombe sur la terre et la mer qui déborde sur la terre et la terre qui s’entrechoque sur son sol et les déserts qui vomissent des virgules d’êtres qui perdent le peu d’eux-mêmes contre des frontières dressées. Et puis aussi les silences mortels des campagnes et puis aussi les fureurs des villes. Et quand bien même je devrais, j’ai les idées envahies, je n’entends plus, je ne vois plus vraiment. Je suis une héroïne nouvelle, je sauve l’enfant malade avec des ours en peluche, je parraine une vie pour un euro, j’embrasse le journaliste qui ne s’est pas tu, qui est mort parfois, je regarde les gens marcher du fond de mon canapé, les banderoles énervées, je me secoue parce qu’on m’appelle, parce que j’ai des cases à cocher, des numéros d’urgence, de l’argent à envoyer, je n’ai pas à comprendre, je souffre à 20 heures, j’oublie à 21, je n’ai pas à juger plus de 1200 secondes par jour, j’ai les idées pré mâchées, je n’ai plus qu’à signer.
Oui, mais non, un hoquet, un éclair, j’ouvre la gueule, la pupille avec, et la bave dépensée est ma ligne de cœur palpitante chaude et fragile qui s’enroule sur quelques icebergs rescapés. Parce que.
Parce qu’on me donne quelques prétextes pour agir, la dopamine dans les veines, agit. Je me roule le nez humide, le poil brillant dans ma décharge d’actions quotidiennes, l’injustice en étendard, le doigt prêt à dégainer sur les numéros verts enregistrés. Ou bien je signe.
Donnez-moi l’illusion que j’appartiens bien au monde.
Donnez-moi le monde que je le sauve à l’autre bout de mon M16, pour ma liberté paraît-il, pour la justice qu’on m’impose, pour la colère borgne qui m’ébranle. Parce qu’on me dit que je peux tuer la peur, parce qu’on me souffle que je peux être cette héroïne.
Oui, mais non, pas celle-la. Je sursaute encore, je me demande qui sont les vrais héros.
Des ouvriers qui quittent leur usine de bombes "drôlement" intelligentes, les gens qui cherchent des réponses à côté des réponses qu'on leur donne, ceux qui n’oublient pas, ceux qui l'ouvrent.
J’ai le courage dicté, la philanthropie programmée, je le sais, ils me l’ont dit. Je la regarderai à la télé, je la lirai dans Ouest France, et peut-être même qu’elle clignotera sur libépointcom.

En attendant de sauver vraiment le monde, cliquez

    • Aucun commentaire: