19 juillet 2006

Crise d'ado


Au coin de ma rue il y a une belle maison abandonnée, pour le moment uniquement squattée par la bande de mon chat. Cela fait trois ans que je l’observe se dégrader. Des travaux avaient commencé quelques années plus tôt, le toit entièrement retapé est magnifique, les solives apparentes superbes, puis tout s’est arrêté. Beaucoup de gens intéressés se sont succédés devant ses murs, le cadastre indique que les propriétaires ont déménagé à l’étranger, personne ne sait rien de plus. Le chantier interdit au public reste en suspension avec des bâches qui traînent et quelques sacs de ciments éventrés que l’on aperçoit par le trou béant des ouvertures. Pas de fenêtre, une porte d’entrée qui moisit. Cette belle maison pleine de vent et de pluie commence à se lézarder, elle se fendille le long des encadrements, elle prend des rides dans la gueule, et depuis hier un ado lui confie son désarroi à la bombe rouge. Il a dû se payer son premier shoot de lucidité.
Ils ne sont pas tellement rebelles les ados du quartier. Faut dire qu’ici une maison vide se craquelle, là-bas des maisons remplies s’écroulent sous les bombes. Ah ça non, pas trop rebelles, justes en début de dépression.

11 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est un ado qui a cette belle écriture ? Le "v" et le "i" sont bien liés, l'écriture est admirablement droite. Certes, un accent semble incorrect, et des trois "i", le premier a une belle auréole, le deuxième se contente d'un point, le troisième va tête nue.
Quant à l'affirmation, elle est claire et enlevée. Elle ne nécessite nulle réponse. Simplement, juste comme un écho lointain : "l'inquiétude, c'est la vie...".

Unknown a dit…

Un ado, une ado, une grand mère... A vrai dire je ne sais pas, je mène l'enquête ; mais tu as raison, quelle que soit la personne, cette phrase sur ce mur et ces lettres liées claquent "calmement", curieusement. Je me demande combien de passants ont été saisis.

Anonyme a dit…

L'hypothése de la grand-mère est intéressante. Offre lui de faire un post, si tu la trouves !

Unknown a dit…

Delest, Delest, qui es-tu toi qui n'as pas d'adresse ? Il plane au-dessus de toi un aura de mystère, n'as-tu pas une maison, un appart', un loft ou un cottage... bref un endroit où tu étends et tes pieds et tes mots ?

:-)

Anonyme a dit…

Au fond,là, tu me demandes si j'existe ? Je te promets de réfléchir à la question. La réponse est sans doute que je m'efforce, avec plus ou moins de bonheur, d'y parvenir. Et tu as raison, la simple vue de mes pieds est une aide puissante. :-)

Tyrane a dit…

Sans vouloir troubler votre conciliabule...

Le petit rond futile du "i" de la vie est-il un brin puéril ou juste une bulle qui voudrait s'envoler ?

Unknown a dit…

Arf ! Ici c'est le club des graphologues fous.

Mais je t'en prie Tyrane viens donc, plus qu'on est de fous, plus qu'on est de fous.

Delest doit apparemment avoir de grands pieds. En plus.

Anonyme a dit…

>tyrane
Autre hypothése : il s'agit de la trace des lèvres de Marylin Monroe. Elle faisait sans doute le guet.
Si notre hotesse arrive à la faire poster, cette histoire l'occupera pendant un certain temps.
Elle ne fera plus d'hypothèses oiseuses à propos des pieds des autres ...

Unknown a dit…

(Je note : Delest a le pied susceptible).

Alors tu supputes que cette trace ronde serait celle laissée par une dépressive peroxydée accro aux barbituriques mariée à 16 ans à son voisin de bungalow par une mère fréquentant les hôpitaux psychiatriques qui sera la maîtresse (elle, pas sa mère) de tout le clan mâle Kennedy avant de terminer sa carrière sur le plus célèbre des happy birthday ?

Donc, donc, donc, Marilyn viendrait tagger mon quartier en compagnie du King entre 1h et 6h30 du mat ?

On avance, on avance...

Anonyme a dit…

Je ressens chez notre hôtesse une tendance au sarcasme légèrement au dessus de la moyenne. Instruisons la :
"En effet une curiosité du point, c'est lorsque ... il est un petit cercle . Immobile et précis d'une rondeur parfaite et généralement jointoyé . Il ralentit le rythme de l'écriture , car il faut du temps pour le faire. Immédiatement, on peut croire que chez cette personne la vitesse importe moins que la beauté des choses."
Oui, oui. Un de tes voisins risque peut être la prison pour la "beauté des choses".
Stef, la susceptibilité de mes pieds (réelle, je te l'accorde) est une petite chose par rapport au vaste monde qui nous entoure...

Unknown a dit…

Delest : moi, sarcastique ?... qui aime bien chatie bien (d'accord, un peu fastoche, gniarf, mais quand même)