11 octobre 2005

Pleure ma fille, tu pisseras moins

Lara vue par Richard Jordan (en même temps c'est plutôt ses choes que j'aime chez elle)

Alors fait chier, je sais je sais ce que je veux, je l’ai dit plus haut. Du temps ! Je veux dérouler des journées comme des tapis, chaque rouleaux devant moi, couper les ficelles, découvrir les franges, suivre la naissance d’une arabesque, parcourir un motif qui s’ancre en bordure, dépoussiérer peu à peu, m’asseoir, ordonner l’envol, laisser la journée derrière moi toute petite, menue, classée. Le reste je l’ai, j’ai la prétention de le croire.
J’ai tout ! Il suffit de mettre la bonne signification au creux du mot employé. Et comme je ne parle que pour moi, j’ai forcément raison, inutile de préciser.
Seulement… si je laisse passer quelques secondes accrochées à mes pensées, je regrette déjà cette imprécation pleine d’exclamation.
Quand je me relis, je me dis qu’il me manque beaucoup. La légèreté, l’intelligence de la simplicité, l’humour et le manque de distance. Là encore j’ai raison, j’ai toujours raison.
Je me rappelle l’auto-dérision, le pétillant, les situations absurdes, l’audace, la petite marrante. Où est-ce que j’ai planqué tout ça ?
Je suis masochiste très certainement, je ne suis jamais obligée d’écrire ce que j’écris, alors pourquoi. Pourquoi me foutre sous le nez mes remugles de nana chiante, étriquée et triste.
Je ne suis que moi mais je me fais croire que je peux devenir meilleure, plus brillante, je me fais croire que le temps arrange, qu’il me suffit d’en disposer comme d’un loisir… mais l’urgence ? Il n’y a de vérité que dans l’instant, et le mot retourné dans tous les sens, qui se déploie sur des jours entiers, ne se débarrassera jamais de sa lourdeur. Il ne satisfera jamais d’une belle idée.
Ben ouais je le sais aussi, je suis meilleure dans l’urgence, j’ai ma fainéantise qui œuvre pour moi : ouf ! J’ai donc tout pour réussir, mais je ne suis qu’à moitié convaincue. Je n’y arrive même pas ! J’ai toujours été une mauvaise commerciale, je ne crois pas assez mes produits et quand j’y crois je leur prête une force autonome. Si c’est bien, ça se sait ; une bonne fée arrive, nous prend sous son aile et tous nos souhaits se réalisent. Même pas vrai, il n’y a que la hargne qui paye, le couteau entre les dents.
Il me faut quand même cocher sur la liste cette dernière chose à vérifier : même si ma journée ne me donne pas de temps pour dessiner ou écrire, je dois être sûre une bonne fois pour toute, que ce ne sont pas des heures supposées manquées qui m’empêchent de passer à l’acte.
Maintenant comment vais-je procéder ? Tomber enceinte ? Et puis si j’y arrive, (non pas enceinte –très très, mais alors, très mauvaise option, Alien c’est bien qu’à la télé) combien de temps me faudra-t-il pour me dé-scléroser ?

Quoiqu’il en soit je sens que ça va chier ! Je vais commencer par m’interdire de publier ce genre de post.

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