30 octobre 2005

Première fois, part two

23. J’ai fini de manger, tout ce que j’avalerai à présent sera liquide, de plus je suis pressée d’essayer, il est donc temps.

Je passe outre la notice, j’essaie l’engin sans autre précaution. Après tout, il ne s’agit que d’utiliser un objet qui ne sert à rien d’autre qu’à brosser, et non à construire ou à visser. Pas de risque de démolition à priori.

En fait, il faut l’avouer (j’ai fini par y jeter un œil), la notice précise quelque chose que j’ai expérimenté, affiné, résolu toute seule de façon satisfaisante mais non parfaite, encore que je ne crois pas du tout qu’on puisse atteindre la perfection en ce domaine.

Le coup du dentifrice.
Effectivement lorsqu’on allume la brosse, on ne se rend pas du tout compte de la puissance des vibrations.
J’ai donc appliqué le dentifrice sur la brosse en action. Le temps d’arriver à la bouche, il n’y avait plus de pâte blanche, mais de larges éclaboussures sur mon tee-shirt.

Bien, il suffit de mettre en marche l’appareil, après, dans la bouche, le dentifrice préalablement appliqué sur des poils inertes.

C’est plus ça, mais c’est sans compter sur l’effet inattendu des vibrations sur les gencives.

Oui c’est curieux, je l’apprends tout juste, mais je suis chatouilleuse de là ! Et pire, la première fois c’est à mourir de rire. J’en ai foutu partout, ça giclait, ça explosait, un vrai chantier. Le meilleur, ce sont les fourmillements qui se propagent à l’intérieur du crâne en empruntant la cloison nasale : comment faire pour se gratter ? Une impression très bizarre, un peu comme chez le dentiste, sauf que nous sommes le dentiste, la bouche et l’instrument. Tout ça à la fois, et sans douleur.

On doit également envisager sous un angle rationnel le phénomène du bruit, qui joue un rôle très important dans cette étrange perception et qui nous coupe du monde environnant. Le son n’est évidemment pas étouffé à l’intérieur, au contraire il est en contact direct avec nos oreilles, il ne faut donc pas être migraineux, (ça, c’est pas marqué sur le papier), ne pas être non plus au dernier stade de la fatigue, non seulement ça secoue sévèrement, mais en plus faut nettoyer le carnage, et ne pas avoir pris trop de substances décalottantes – au risque de se perdre à jamais dans notre bouche devenue tout à coup une espèce de grotte.

J’avais hâte d’être à ce matin pour reprendre le rituel, j’avais également le pressentiment que la maîtrise de cette brosse magique me révélerait quelque chose de bien plus intéressant.

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